On ne peut arpenter la Californie sans penser aux films qu’on a un jour regardés, blottis au fond de son lit. Je vis dans un décor de cinéma. Ce week-end, en levant le nez sur la Salvation Mountain, j’ai revu le visage du jeune Christopher de « Into the Wild », signé Sean Penn.
Dans le film, cet étudiant brillant, promis à un bel avenir, plaque tout et décide de travers l’Amérique, en quête de liberté et d’aventure. Il découvre le Dakota, le Colorado, l’Arizona ou encore la Californie. Au cours de ce voyage introspectif et solitaire, ses pas fouleront le sable de Niland, où se dresse fièrement la Salvation Mountain.
On avait oublié nos passeports et ce n’était pas malin
Pour y arriver, depuis Palm Springs, il faut compter 1h20 et longer l’impressionnante Salton Sea pendant des miles et des miles. On s’enfonce dans le désert et plus la température de l’habitacle augmente, plus on approche du but (et de la frontière mexicaine, donc prenez vos papiers parce qu’on a eu un contrôle au retour et on a failli ne jamais pouvoir remettre le pied chez nous parce qu’on avait oublié notre passeport à la maison).
Cette montagne colorée a été érigée par Leonard Knight, qui a eu un réveil spirituel à l’âge de 36 ans. Dans plusieurs interviews, il racontait que sa passion pour Dieu s’était manifestée soudainement. Assis dans le van où il vivait, il s’est mis à répéter la Prière du Pécheur, invitant Jésus à prendre possession de son corps et de son cœur. Leonard racontait que sa vie avait changé après ça.
La première Salvation Mountain s’est effondrée
Désireux de trouver un moyen de transmettre la bonne parole à une large audience, Leonard Knight a d’abord envisagé la construction d’une immense montgolfière portant son message (« God is Love »), sans succès. En arrivant dans le sud de la Californie, il a commencé à ériger un monument en hommage à Dieu. Armé d’un seau, d’une pelle et d’un sac de ciment, il a débuté la construction de la Salvation Mountain. Sa montagne, formée également de débris trouvés dans les décharges aux alentours, s’est effondrée au bout de quatre ans.
Il a tout repris à zéro en promettant à Dieu de « faire mieux ». La Salvation Mountain telle qu’on la connaît aujourd’hui est faite de paille, d’argile et de peinture. Il y a plus de dix couches de peinture: en durcissant, elle protège la montagne. Les messages d’amour tapissent ce joli mont sur lequel on peut grimper en restant sur le sentier de couleur jaune.
Leonard est mort, son oeuvre reste
À côté de la montagne, il y a une autre construction, plus petite, dans laquelle on trouve de jolies cavernes, elles aussi décorées. Tout autour, il y a d’autres œuvres d’art: des voitures, un bateau, un scooter ont été peints. Là encore, ils sont recouverts de messages religieux. Leonard Knight est mort en 2014 et les donations permettent de garder sa création en état.
La Salvation Mountain est un petit détour dans un road trip, les gens généralement faisant Palm Springs et Joshua Tree. Mais c’est une belle découverte qu’on peut faire en une demi-journée. Le bleu du ciel est éclatant et fait ressortir les couleurs des peintures. C’est gratuit et moins fréquenté que les endroits à visiter habituels.
La Salvation Mountain nous emmène dans l’Amérique profonde
En allant jusque-là, on traverse des villages qu’on croirait abandonnés. C’est l’Amérique profonde, la Californie loin des clichés. On a fait un stop à la pompe à essence du So-Co Minimart de Niland. Un homme à pieds nus et de longues rastas sur la tête nettoyait le pare-brise d’un vieux tacot tandis qu’un cow-boy faisait grincer la porte du minuscule magasin. Rien que pour cette vision d’un autre monde, ça valait le coup de faire la route.
Préférez les baskets aux sandales: une semelle glissante rend la grimpette un peu dangereuse. Et venez tôt ou tard, idéalement. En été, le soleil au zénith peut être brûlant. Idéalement, couplez la visite avec un arrêt à Bombay Beach, le long de Salton Sea. Je vous en reparle très vite. En attendant, toutes les infos pratiques sur Salvation Mountain se trouvent ici.
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7 comments
Wah ! C’est incroyable ! C’est juste dingue ! Merci de nous faire découvrir une partie de ce décor de cinéma !
PS / J’ai adoré la petite référence à « Into the Wild »… Quel film !
A bientôt,
Charlotte.
C’est l’un des plus « beaux » endroits que j’ai eu la chance de voir. L’énergie qui s’en dégage est dingue. Je me souviens de Salton Sea, d’un train de marchandise interminable (coucou Ezra!), de la rue pour arriver à la Salvation Mountain, qu’il faisait chaud, chaud, chaud et de mes parents qui se sont certainement demandés où je les avais emmenés. Et tout ça, sans avoir vu Into the wild.
Je pense d’ailleurs que tous les bénévoles sont bienvenus pour redonner un petit coup de peinture à la montagne de Leonard. Si seulement c’était plus près, je sais où j’irais passer l’été.
Merci de faire remonter de jolis souvenirs à la surface 😉
xx
Sinon tu viens ici et tu peux aller faire du bénévolat la journée… :-))) Tu as vu Into the wild depuis? Ca te plairait je crois… On a aussi vu le train de marchandises sans fin.
Oui, deux ou trois fois depuis 😉 Et entre deux coups de peinture, je serai votre « jeune fille au pair » mouahaha
Ce lieu est toujours sur ma liste… depuis 6 ans ! Allez cette année on y va, et tu fais bien de préciser pour les passeports car sincèrement je n’y aurai pas pensé !
L’agent m’a dit que tant que tu n’étais pas citoyen américain tu devais aller partout avec ton passeport sinon ils pouvaient te rayer ton visa immédiatement et te faire rentrer dans ton pays dans la semaine. ?
Sympathique !!