En Belgique, je n’ai pas la télévision. En Californie, c’est une chose qui semble complètement impensable. Il y a des écrans dans les bars et les restaurants, dans les pompes à essence et les gens ont souvent, chez eux, au moins deux télés: une géante dans le salon et une autre dans leur chambre. J’ai acheté une télé d’occasion il y a un an et demi. Probablement le plus petit écran du complexe d’appartements où je vis. Je l’allume peu: la publicité incessante me donne envie de me taper la tête contre les murs. Ca n’a rien à voir avec les coupures publicitaires de chez nous. Ici, la publicité qui interrompt le programme qu’on est en train de regarder dure quasiment aussi longtemps que le programme en lui-même. C’est à devenir fou. Reste que je l’allume de temps en temps… J’ai découvert des programmes complètement hallucinants. Des émissions de téléréalité pour la plupart qu’il est franchement difficile de ne pas binge-watcher.
My 600-Lb Life
Quand je tombe sur l’émission “My 600-Lb Life” diffusée sur TLC, je suis généralement bouche ouverte et yeux écarquillés. L’Amérique est en surpoids, l’obésité se rencontre à tous les coins de rue. Pourquoi ne pas capitaliser sur le problème au lieu d’essayer de le régler? My 600-Lb Lifesuit le parcours de personnes en obésité morbide qui décident de se reprendre en main. On ne parle pas ici de perdre 20 kilos. Les participants pèsent 300 kilos en moyenne: ils sont tellement gros qu’ils n’arrivent plus à se déplacer. Certains arrivent à l’hôpital couchés sur la banquette arrière d’une voiture, tout bonnement incapables de s’asseoir. On les glisse alors directement sur un brancard, parce qu’ils ne marchent plus. Pour se laver, ils doivent soulever leur amas graisseux et entre les plis de sa peau, une participante a même découvert des larves. Rien ne nous est épargné…
Les candidats rencontrent tous le Docteur Nowzaradan, spécialiste de la chirurgie bariatrique, pas forcément délicat ou sympathique. A lui de faire comprendre aux patients qu’une opération ne suffit pas: c’est tout un style de vie qu’il faut changer. Ca veut dire se remettre à mettre un pied devant l’autre même si c’est douloureux et arrêter de manger quatre pizzas extra larges et avec extra cheese au repas de midi. Certains se font jeter dès le premier rendez-vous: s’il n’y a rien à faire pour eux, s’ils ne montrent pas une volonté de changement, le chirurgien refuse de les prendre en charge. C’est brutal. L’émission est hypnotisante. Et une question est obsédante: comment peut-on manger autant? Qu’est-ce que ça cache?
My 600-Lb Life tente d’expliquer les raisons qui ont poussé ces gens à se réfugier dans la nourriture. L’année passée, un homme de 30 ans qui était passé dans l’émission alors qu’il pesait 294 kilos a mis fin à ses jours. Sa prise de poids incroyable faisait suite à un accident: il avait perdu sa jambe droite et ne s’en remettait pas. En participant à l’émission, il avait réussi à se délester de 180 kilos. Mais ça n’avait pas suffi à le rendre heureux. Un autre candidat, qui avait déjà atteint les 380 kilos sur la balance, est mort en novembre 2017 alors qu’il était hospitalisé au Texas. L’émission avait malgré tout été diffusée en mars. Bref, My 600-lb Life, c’est ce que l’Amérique fait de pire. C’est voyeur, sale, tragique, démoralisant et… captivant.
The Masked Singer
J’avais découvert The Voice lorsque je vivais seule en Californie il y a quelques années. J’avais trouvé ça génial. Je suis partagée sur The Masked Singer, diffusé depuis le 2 janvier sur la Fox et inspiré d’un programme de Corée du Sud. Là encore, on chante dans l’anonymat le plus complet… Douze célébrités s’affrontent en chansons. Elles sont toutes déguisées en abeille, en lion, en paon, en caniche, en ananas et on en passe: il est impossible de les reconnaître. Des indices sont cependant donnés au fur et à mesure des émissions sur leur identité… Comme d’habitude, le public vote et chaque semaine, un candidat est éliminé. Le perdant retire alors son masque et révèle son identité.
La première saison est composée de candidats qui cumulent tous ensemble 65 nominations aux Grammy Awards, 16 nominations aux Emmy, 4 titres du Super Bowl et 4 étoiles sur Hollywood Boulevard. Tori Spelling et Samira Wiley ont notamment participé. L’émission arrivera bientôt en Europe, en Espagne et au Portgual d’abord. Si la Belgique et la France pouvaient éviter, je ne serais pas mécontente. Ca a quand même un intérêt limité.
90 Day Fiancé
90 Day Fiancé est une émission qui devait faire enrager Donald Trump. “Devait” parce qu’elle vient de prendre fin, après six saisons. On suit la vie amoureuse de couples formés d’une personne ayant la nationalité américaine et d’une personne ne l’ayant pas. Ils se sont le plus souvent rencontrés sur Internet. L’Américain visite le pays de son partenaire et le fait venir aux Etats-Unis avec le visa K-1. Ils ont alors 90 jours pour se marier… ou non. En cas de mariage, l’étranger peut rester sur le territoire américain. Attention, spoiler: les Américains de 90 Day Fiancé sont souvent des gros beaufs.
J’ai ainsi vu notamment un Américain de 58 ans se moquer ouvertement des traditions de sa copine de 19 ans, originaire des Philippines. Il mangeait un plat contacté par son peut-être futur beau-père et il faisait semblant de vomir en le mangeant. La jeune fille de 19 ans était en larmes et expliquait que c’était un plat luxueux aux Philippines, que sa famille ne pouvait pas manger souvent. J’ai trouvé ça horrible. Il lui a aussi offert une voiture rouge décapotable et a précisé avoir acheté exactement la même pour son ex-femme à l’époque. L’idée du show est cependant intéressante. Pourquoi veulent-ils tous absolument s’installer aux Etats-Unis? Le pays et les gens ont-ils vraiment quelque chose de mieux à leur proposer? Comment faire? L’amour est-il sincère ou intéressé? Dans ma tête, lorsque je regarde l’émission, le débat fait rage…
Little Couple
L’Amérique adore les personnes de petites tailles. Il y a plein de téléréalités qui leur sont consacrées. J’ai suivi The Little Couple. Bill et Jen souffrent tous les deux d’une forme rare de nanisme. Ils n’ont pas réussi à avoir d’enfants malgré leurs nombreuses tentatives. Ils en ont adopté deux: Will en Chine et Zoey en Inde. On les suit dans leur quotidien. Ils sont sympa, combatifs et débordés par leurs enfants, comme n’importe quel parent. On peut d’ailleurs dire qu’ils se font mener par le bout du nez par leurs enfants. Jen est très honnête par rapport à toutes les difficultés qu’ils rencontrent dans la vie à cause de leur taille. Elle ne se lamente pas mais elle raconte les obstacles rencontrés avec franchise. Le couple trouve ses solutions: pour éviter les dangers du quotiden, ils ont démoli la cuisine existant dans la maison qu’ils avaient acheté et ils en ont fait faire une, adaptée à leur taille et à celle de leurs enfants. C’est moins dangeureux.
Il existe un autre show de télévision sur les personnes de petite taille. Ca s’appelle Little Women et c’est décliné dans plusieurs villes: Los Angeles, Atlanta et New York. Par un hasard complet, j’ai découvert que ma voisine de l’année passée à Palm Desert était une star de “Little Women: NY”. Connue sous le pseudonyme de Jordanna James, je l’ai vue danser à Broadway à la télévision et promener son grand chien dans la vraie vie. J’ai également rencontré son petit copain Anthony, à la ville comme à l’écran. On a régulièrement discuté ensemble, et Jordanna n’a jamais fait mention de sa notoriété cathodique. Vu la taille du pays, elle est en effet toute relative…
5 comments
Je suis impressionnée par ces émissions où le voyeurisme est le maître-mot ! Ce n’est à priori pas ma tasse de thé mais je suis sûre que je serais tentée de regarder aussi…
TLC est tout a fait accessible en Belgique! Du moins à Bxl et en Flandres. Toutes ces émissions sont connues ici!!
Euh… elles me laissent bouche bée aussi… je trouve en effet que ça fait très voyeuriste !
Je n’ai pas la télé… et ça me confirme dans l’idée de ne pas en avoir. De toute façon, ce genre d’émissions apparaît toujours aux États-Unis, au Japon ou en Corée du Sud et arrive ensuite en Europe de façon plus ou moins édulcorée. Mais ce qui m’interroge, c’est ce qui pousse ces personnes à participer alors qu’elles savent déjà qu’elles seront maltraitées par ce programme.
Les USA sont paraît-il le ‘phare du Monde’ (enfin ils le prétendent), je me trompe ? Sûrement plus par les caméras de leur télé :-))) et c’est valable pour bien d’autres pays. Je ne sais s’il faut rire ou pleurer…sans doute une dérive de la liberté totale qu’ils promeuvent.
Les très obèses ? J’avoue que j’ai du mal à comprendre ça ; elle n’est pas apparue d’un coup j’imagine et à ces niveaux de poids est-ce dû à des déficiences métaboliques ou mentales ?
De toute les façons, la télé (universelle) n’est pas faite pour instruire, ni pour rendre les gens plus attentifs à ce qui est bon pour eux et leur esprit (ça se saurait).
Petit à petit tout ça s’installe chez nous (merci RTL et autres…)