S’expatrier avec un enfant en bas âge, ça fait quoi? Je l’ai fait. Voici mon avis.
Avant d’avoir un enfant, j’avais des avis sur tout. J’estimais qu’untel s’y prenait mal et j’aimais penser que « ça, chez moi, jamais ! » Et puis j’ai accouché un jour de décembre ensoleillé et j’ai arrêté de la ramener.
J’ai eu une révélation : une fois mère, tu fais juste ce que tu peux, tu te découvres des forces insoupçonnées et des faiblesses inattendues. Je ne m’imaginais pas aussi patiente, par exemple.
Je déteste les gens en retard, je passe désormais mon temps à attendre un petit garçon qui a perdu son doudou, sa tétine ou sa petite voiture. J’adore mon lit, je pourrais y passer la journée, et pourtant depuis 22 mois, je me lève avec les poules mais surtout avec mon fils entre 6h et 7h du matin (presque) sans râler.
Mais à côté de ça, j’ai découvert que j’avais une peur bleue des angles morts des voitures et je presse la main de mon petit curieux sur les parkings comme si sa vie en dépendait. Parce que sa vie en dépend.
S’expatrier avec un enfant: comment on le vit
Une opportunité de boulot a un jour rencontré nos envies de nous éloigner de l’horizon belge perpétuellement obstrué, on a claqué la bise à tout le monde comme je vous l’expliquais dans le premier article de ce blog et on est parti s’installer en Californie (update: je vous ai mis tous les articles sur notre aventure californienne ici).
On nous a souvent demandé si « on n’avait pas peur » de s’expatrier avec un enfant si jeune. Honnêtement, c’était tellement naturel et on avait tellement de choses à boucler avec de partir qu’on ne se posait même pas la question. Le grand vertige nous a saisi une fois sur place.
Les inquiétudes des gens sont le reflet de leurs propres angoisses
J’avais dans l’oreille toutes les inquiétudes des gens (qui sous prétexte de bienveillance expriment en fait leurs propres angoisses, il faut le savoir) et tout à coup, je me suis demandée si s’expatrier avec un enfant si petit, à peine autonome, était une bonne idée.
Si on allait le traumatiser à vie. S’il allait aimer le lait que je lui achèterais, lui, l’accro du biberon. S’il s’adapterait au décalage horaire, à la langue, à la vie à la maison au lieu de son quotidien réglé comme du papier à musique à la crèche. Quatre mois plus tard, je me marre franchement en faisant le bilan.
On m’avait fait flipper pour le trajet en avion, 14 heures sur mes genoux : il a adoré. Lui qui ne dormait plus jamais dans mes bras a ronflé sur ma poitrine comme un bienheureux.
Il a dit bonjour à tout le monde, a dragué les hôtesses (et a découvert Petit Ours Brun sur l’iPad… on fait ce qu’on peut…) Ce n’était pas ultra confortable, personnellement je n’ai jamais réussi à dormir, mais j’étais aussi crevée que fière de lui à la sortie de l’avion.
Une fois à Palm Springs, destination de notre expatriation, on a découvert la météo impitoyable de la région. 40 degrés minimum pendant trois mois. On a sué, pesté, presque regretté notre climat européen capricieux et cherché l’ombre tout l’été.
Ezra, pendant ce temps, faisait du vélo sous la cagne, des descentes brûlantes de toboggan et buvait de l’eau fraîche avec un regard brillant d’excitation, le visage luisant de crème solaire, les cheveux collés au front et des joues rouges comme deux petites pommes.
Les enfants s’adaptent: à l’expatriation comme au reste
Les jours ont pris un nouveau rythme et notre petit garçon s’est adapté à notre changement de pays avec une facilité déconcertante. Je pensais que j’allais le perturber, c’est en fait lui qui m’a montré le chemin à suivre. Alors que j’avais encore les paupières lourdes du décalage horaire, il débordait d’énergie.
Quand je prenais soin de traduire les babillages des petits voisins américains, m’assurant qu’il pourrait s’épanouir dans sa nouvelle vie sociale, il apprenait la politesse en anglais à une vitesse épatante.
Au bout de deux semaines, il répétait des « Thank you » enjoués et des « Bye bye » enthousiastes à n’importe qui interagissant avec lui. Je rigole encore à chaque fois que je le vois faire un high five.
Qu’on parle de s’expatrier avec un enfant (ou sans), la peur des uns n’est pas celle des autres. Souvent, les gens ont la frousse de faire un pas de côté, de sortir de leur zone de confort et ont vite fait d’effrayer ceux qui osent changer de cap. Ce n’est pas forcément délibéré mais c’est souvent extrêmement maladroit.
Ils essaient de donner une justification à leurs peurs, de se convaincre tout haut qu’ils font bien de ne rien faire. Je savais qu’ils avaient tort, je viens de comprendre à quel point.
Ne vous laissez pas faire, luttez contre les habitudes bien ancrées et la routine et à ceux qui vous demandent si vous n’avez pas peur, rappelez-leur que la peur peut être un moteur formidable.
Faites-leur confiance
Après n’importe quel saut à l’élastique ou en parachute, on a souvent une montée d’adrénaline incroyable et on se sent vivre comme jamais. Après l’intensité des émotions vient l’apaisement et la sensation profonde d’avoir bien fait d’oser. On en est là.
S’expatrier avec un enfant en bas âge: on l’a fait. On vit à l’autre bout du monde avec lui et il nous démontre tous les jours qu’on n’aurait pas pu faire un meilleur choix de vie.
L’incroyable adaptation des petits est une réalité. Faites-leur confiance, ils vont vous étonner !
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