J’ai mis trois jours pour annoncer la naissance de mon fils et je ne regrette rien

A notre époque, on annonce la naissance de son enfant alors qu’on se trouve encore à la maternité. Mais est-ce si mal de dire: je ne veux pas de visites à la maternité?

Personnellement, je n’ai rien dit, mais j’ai attendu trois jours avant d’annoncer la naissance de mon fils. J’avais déjà eu l’impression qu’on m’avait volé l’annonce de ma grossesse, il était hors de question qu’on me vole l’annonce de la naissance de mon premier enfant. Je ne regrette rien. Voici mon récit.

Pourquoi je ne voulais pas annoncer la naissance de mon fils à la maternité

Pas simple d’échapper aux conventions dans certaines situations. Dans tous les domaines de la vie, la pression sociale nous mène la vie dure.

Plus la naissance d’Ezra se rapprochait, plus je savais pourtant que j’allais avoir besoin de temps pour atterrir, que je n’allais pas avoir envie d’envoyer un SMS pour annoncer sa venue au monde à la moitié de mon répertoire.

La femme enceinte que j’étais encore avait déjà en horreur l’idée de voir débarquer tout le monde au même moment dans ma chambre d’hôpital.

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Dire “je ne veux pas de visites à la maternité“, je sais, ça fait partie des choses qu’on ne dit pas mais je savais qu’une fois que je serais jeune maman, je n’allais pas avoir envie de servir un mousseux tiède dans des coupes en plastique et de passer mon nouveau-né de bras en bras alors que je n’avais même pas encore vraiment eu le temps de faire sa connaissance. Le futur papa n’y trouvait rien à redire.

J’avais envie de rester dans ma bulle

Tout en ayant un peu peur de vexer les gens si je les privais d’une annonce de la naissance en direct de la maternité, je me suis dit que j’aviserais en temps voulu et que je me permettrais de suivre mes envies de jeune maman.

L’arrivée d’un bébé, c’est précieux… Après neuf mois de grossesse en parfaite fusion avec mon bébé, j’avais bien le droit de couper le cordon à ma façon, non?

Quand j’ai donné naissance à mon petit garçon, ça n’a pas manqué (comme quoi, je commence à me connaître): je n’ai eu envie de rien d’autre que de rester dans ma bulle.

Je précise que l’envie était totalement partagée par le papa, je n’ai même pas dû exposer mon point de vue: ça coulait de source. Ces premiers moments de vie, cet heureux événement, on allait les vivre à trois et rien qu’à trois. En famille.

J’ai donc pris le temps de reprendre mon souffle avant d’annoncer la naissance de mon bébé. J’ai réfléchi à ce que j’étais prête à supporter après cette épreuve physique digne d’un marathon qu’est l’accouchement et aux gens qui allaient me faire du bien.

Après l’accouchement, je ne voulais voir personne à la maternité mais j’ai quand même fait quelques concessions. Ils sont très peu à avoir été avertis de la naissance d’Ezra le jour J: nos frères, ma soeur, nos parents, des amis qui se comptent sur le doigt d’une seule main.

Ils sont les seuls à nous avoir rendu visite. Et c’était bien assez. Honnêtement, avoir le courage de limiter les visites à la maternité, c’est tout le bien que je vous souhaite.

La chouette annonce de sa naissance une fois sortis la maternité

Pour les autres, on a attendu. Il faut dire aussi qu’on avait l’occasion d’annoncer l’arrivée de notre fils de façon amusante. Ezra est né un jeudi, une semaine avant le jour de Noël. Le dimanche de cette semaine-là, on organisait un petit goûter à l’ambiance de fin d’année avec des amis.

Malgré l’accouchement imminent, on avait prévu notre petite sauterie annuelle en se disant, qu’au pire (enfin, au mieux), on annulerait en dernière minute. La future maman que j’étais était optimiste…

Je savais que je risquais d’en bousculer certains avec mon très gros ventre, étant à quelques jours du terme de ma grossesse.

Finalement, Ezra fêtait déjà ses trois jours de vie ce jour-là, le timing était parfait. J’ai pu quitter l’hôpital dimanche en fin de matinée.

A peine le temps d’arriver chez nous qu’il était déjà temps d’ouvrir la porte aux copains. Ils s’attendaient à me voir prête à accoucher, j’avais déjà mon enfant dans les bras.

Je ne regrette qu’une seule chose: ne pas avoir filmé leur visage quand ils comprenaient que le bébé que je tenais contre moi était bel et bien le mien. La surprise était réussie et ça nous fait de bien jolis souvenirs!

Même si après, pour être honnête, j’ai eu une grosse descente hormonale et j’ai pleuré toute la soirée en disant à mon mec que maintenant qu’il était là, on ne pouvait plus changer d’avis…

Ça m’a un peu donné le tournis. Comme le champagne que j’ai bu après neuf mois d’abstinence, probablement, puisque je n’allaitais pas. C’est un autre sujet.

Mon bébé n’est pas passé de bras en bras dès sa naissance

Donc voilà, on a pris la décision de ne pas accueillir nos amis à la maternité. On les a prévenus tard de la naissance, bien plus tard que le font les gens en général.

On a vécu les trois premiers jours de notre vie de famille dans le quasi secret. Et je ne regrette rien. Si on décide un jour de faire un deuxième enfant, ce dont je doute, je referais tout pareil.

On a pu dormir, comprendre un peu le fonctionnement de notre bébé, lui éviter d’être trituré par des dizaines de mains inconnues (même si je ne doutais pas de leur délicatesse), éviter les photos où on te fait croire que “ça fera des souvenirs” alors que le cadrage est tellement pourri qu’on ne voit même pas le visage de ton enfant mais bien ton ventre flasque et c’est juste déprimant.

On était sur notre petit nuage, on ne s’est forcé de rien, on a mangé des sushis en buvant du champagne, on s’est levé la nuit en se disant qu’on pourrait récupérer le lendemain si besoin, puisqu’on ferait toutes les visites à la maison. C’était doux, intime, fort. On est rentré chez nous hyper prêts à la vraie vie de famille.

Quand j’ai vu mes copains, j’avais déjà eu le temps de prendre mes marques

Quand j’ai vu mes copines tranquillement autour d’un verre, à la maison ou à l’extérieur, avec Ezra bien au chaud dans son écharpe lové contre mon coeur, ma nouvelle vie se mettait doucement en place, de nouvelles habitudes étaient déjà créées…

J’avais pris du recul, je n’étais plus en mode automatique et le récit de mon accouchement était moins long, moins détaillé, plus personnalisé. J’étais prête à échanger et à ne pas envahir l’autre avec mon bouleversement de vie, à lui poser des questions sur sa vie à lui, ce qui est toujours appréciable.

La naissance de votre enfant vous appartient, votre séjour à la maternité aussi

Je m’adresse ici à celles qui n’osent pas dire non et qui se sentent obligées de respecter le timing habituel qui veut que l’annonce d’une naissance se fasse à la maternité… Votre grossesse vous appartient. La naissance de votre enfant aussi.

Devenir maman est un grand bouleversement. C’est le moment de penser à vous. Ces moments-là, ces premiers jours, ces premières heures avec votre nourrisson, vous ne les revivrez jamais une deuxième fois (avec cet enfant-là, j’entends) donc ne laissez personne vous les voler. Les félicitations peuvent attendre un peu…

Si vous avez besoin de silence, de redescendre sur terre en douceur, que vous n’avez pas envie de raconter votre accouchement dans les détails parce que vous ne l’avez pas encore bien digéré, que vous avez envie de pleurer, ou simplement envie de profiter du cocon de la maternité avant de plonger dans le grand bain de la vie “normale”, faites-le et ne vous excusez de rien.

Chacun a le droit d’annoncer la naissance de son enfant quand il le souhaite. Ce sont des moments trop précieux pour être gâchés par quelques pseudo obligations ou quelques proches envahissants qui veulent absolument être là et tant pis si ça ne vous plaît pas. La parentalité, vous le découvrirez très vite, c’est imposer ses propres décisions.

Et évidemment, si votre instinct maternel vous pousse à partager les premiers moments de vie de votre enfant avec votre famille et vos amis, de mélanger tout le monde dans la chambre d’hôpital dans un joyeux brouhaha, faites-le aussi!

L’idée est simplement d’écouter ses besoins profonds et ne pas se faire bouffer par la règle du: “si tout le monde fait comme ça, je dois sûrement suivre le mouvement”.

Quant à ceux qui vous traitent d’égoïste…

Comment on fait pour gérer ceux qui seraient vexés par la décision certes peu ordinaire mais pourtant légitime des futurs parents?

J’avais lu un message, un jour, sur un forum: une femme se plaignait de ne pas avoir pu rendre visite à une proche à la maternité, juste après la naissance de son enfant. “Ne vous plaignez pas si après on est moins enclin à faire des efforts pour entretenir des liens avec vous ou pour en créer avec votre enfant”, écrivait-elle.

Si quelqu’un dans votre entourage vous traite d’égoïste parce que vous n’avez pas voulu de visites ou que vous n’avez pas fait l’annonce de la naissance depuis la maternité, peut-être que cette personne ne mérite pas votre affection.

Peut-être même qu’elle mérite d’attendre l’envoi du faire-part de naissance. Qui est l’égoïste dans l’histoire: les jeunes parents épuisés émotionnellement et physiquement par la naissance de leur bébé ou celui qui veut passer outre les désirs et les besoins des nouveaux parents? Si la personne n’a pas la réponse à cette question, envoyez-lui mon article.

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