Expats: une série avec Nicole Kidman, beaucoup plus triste que le titre le laisse supposer

by seayouson

J’ai vu Expats, mini-série avec Nicole Kidman dispo sur Prime Vidéo à partir du 26 janvier, et je ne m’attendais pas du tout à ça.

Avec un nom pareil, je pensais qu’Expats serait une série peut-être un peu futile sur les expatriés et leurs privilèges. En réalité, cette mini-série de Lulu Wang, à qui l’on doit The Farewell, est une tragédie familiale difficile, qui ne cherche pas forcément à rendre ses personnages aimables et qui se déroule lentement. Très lentement. Trop lentement. Mais je tenais quand même à vous en parler parce que le sujet a une résonance personnelle.

C’est quoi un expat?

Je suis Belge, j’ai vécu en Californie, je vis à l’île Maurice et je repars aux États-Unis bientôt, mais je ne me reconnais pas pour autant dans le terme expatrié. L’expatrié est une personne qui quitte son pays de façon volontaire pour un autre, souvent pour des raisons professionnelles, et qui n’a pas l’intention de rester vivre dans cette nouvelle destination. Il arrive en sachant qu’il partira un jour.

Les conditions de vie de l’expatrié sont généralement très agréables. Il a des aides financières de l’entreprise qui l’emploie: elle lui paie un container, un logement, la scolarité des enfants dans une école privée… Tout dépend du contrat et de ce qui a été négocié. L’expatrié a un statut privilégié.

Je ne me considère pas comme telle parce que je suis ici sur base volontaire, familiale mais je ne suis employée par personne. Je n’ai pas non plus de contrat mirobolant. C’était également le cas avant, quand j’étais journaliste en Californie employée par une entreprise de médias belge. J’avais le statut de détachée, et non pas d’expatriée. J’avais le même salaire qu’en Belgique, les mêmes conditions. Autant vous dire que je ne roulais pas sur l’or.

Quelle est la différence avec un immigré?

Un immigrant est une personne qui quitte son pays pour un autre dans l’espoir d’y rester. Il s’y construit une vie, adopte ses coutumes, a des papiers qui lui permettent de s’y installer sur du long terme. Ce sera notre cas dans notre future vie en Californie: nous avons eu la Green Card.

expats affiche prime vidéo

Expats, ça raconte quoi?

Expats met en scène trois femmes installées à Hong Kong. Elles ne viennent pas du même milieu, ne voient pas les choses de la même façon et n’ont pas les mêmes aspirations. 

Une tristesse profonde flotte dans l’air dès le début de l’histoire. On comprend qu’un drame terrible a eu lieu et que les trois femmes sont concernées, de près ou de loin. Elles semblent toutes les trois sonnées. Elles se débattent avec les conséquences de leurs actions et leur culpabilité.

Les deux premiers épisodes mettent le drame en place. On apprend à connaitre Margaret, Hilary et Mercy. Toutes les trois ont de multiples facettes, et certaines ne sont pas toujours belles à voir. 

Margaret

Margaret (Nicole Kidman), mère de trois enfants, est à Hong Kong parce que son mari a décroché une belle promotion il y a quelques années. Il lui annonce d’ailleurs que son contrat est prolongé pour un an. Margaret soupire: au pays, ses amies ont eu une carrière tandis qu’elle a l’impression d’avoir renoncé à tout.

« Ici, les femmes sont juste des épouses », dit-elle. Son mari insiste: leur vie est plus facile ici. Elle répond: « Ce n’est pas la vraie vie. » Si elle avait su ce qui allait suivre, elle aurait refusé de rester. On rencontre Margaret alors qu’elle vient de vivre une tragédie inconcevable, un drame qui la lie éternellement à Hong Kong.

Hilary

Hilary (Saraya Blue), qui habite dans le même immeuble que Margaret, voit son mariage se déliter. Son mari veut un enfant, elle peine à lui avouer qu’elle n’en veut pas. Hilary voit son couple sombrer.

saraya blue dans expats

Mercy

Mercy (Ji-young Yoo), étudiante coréenne ayant vécu toute sa vie aux États-Unis, répète à qui veut l’entendre qu’elle n’est pas faite pour être heureuse. Ça lui donne une excuse pour ne pas l’être. Elle est titulaire d’un diplôme de l’université de Columbia mais elle s’obstine à enchaîner les petits boulots. Elle a fait une grosse erreur dans sa vie et elle pense qu’elle doit la payer éternellement, qu’elle n’a pas le droit d’avoir des projets, un avenir.

Ji-young Yoo

Les trois femmes sont liées par leur destin, par une histoire qu’elles auraient préférée ne jamais devoir vivre.

Mon avis sur Expats

L’histoire est basée sur le livre The Expatriates de Janice Y K Lee que la sœur de Nicole Kidman, qui vivait à Singapour à l’époque, lui avait prêté après l’avoir lu. 

Expats est une série étonnante, presque méditative, sur le deuil, qui s’interroge sur la classe sociale, la race et le sentiment d’appartenance. Appartient-on vraiment un jour au pays dans lequel on s’installe? Qu’est-ce qui nous lie à lui?

Le cinquième épisode est audacieux: il dure 96 minutes, la durée d’un film donc, et s’intéresse presque entièrement aux employées de maison philippines qui se réunissent dans les espaces publics de la ville pour bavarder et prendre des nouvelles de leurs familles restées au pays.

Perso, ça m’a mise mal à l’aise. Parce que c’est un vrai questionnement que j’ai depuis que je vis dans un pays où il est « normal » d’avoir des aides à domicile. À l’île Maurice, les étrangers ont tous une femme de ménage, un cuisinier à domicile et j’en passe. Ils travaillent dans des maisons qu’ils ne pourront jamais se payer.

C’est ainsi que le monde fonctionne mais d’y être confrontée et de participer au système, ça me met dans une position inconfortable. Ces gens renoncent à leur propre famille pour prendre soin de la famille des autres. J’ai du mal à être totalement ok avec ça.

C’est une série difficile d’accès

Pour revenir à la série proprement dite… La ville de Hong Kong est un personnage à part entière. Lulu Wang a embrassé sa chaleur et sa pluie et l’histoire se déroule en 2014, au plus fort d’un grand mouvement politique appelé la Révolution des parapluies. Hong Kong, en 2014, était au bord du fil, à l’aube d’une grande transformation. Les habitants ont dû faire preuve de résilience et de force et c’est le cas, aussi, pour les trois femmes au cœur de la série Expats.

Et un peu soporifique

Les épisodes tomberont au compte-goutte sur Prime Vidéo, à raison d’un épisode par semaine jusqu’au 23 février. J’ai personnellement déjà tout vu et je vous assure que, même si c’est parfois un peu soporifique (je l’ai regardée tard, et c’est très lent, j’admets m’être endormie deux fois), ça vaut le coup de rester jusqu’à l’ultime épisode. Le choix que fait Nicole Kidman m’a profondément interpellée.

Expats est une série difficile d’accès mais qui marque les esprits pour sa complexité émotionnelle, pour la variété de sentiments qu’elle provoque.

C’est une série qui nous pousse à avoir de la compassion pour les gens qui nous entourent, parce qu’on ne sait jamais ce qu’ils traversent réellement. C’est une série qui nous rappelle qu’il n’y a pas de fin parfaite et que lorsque la douleur nous anéantit, on se relève comme on peut.

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