C’est le film le plus choquant de cette fin d’année: Le consentement, réalisé par Vanessa Filho, est l’adaptation du récit autobiographique du même nom écrit par Vanessa Springora. Le consentement, qui est donc bel et bien une histoire vraie, sort le 11 octobre au cinéma, je vous dis tout ce que vous devez savoir et je vous donne mon avis.
Le consentement, c’est d’abord un livre sorti en 2020, écrit par Vanessa Springora, victime de l’écrivain Gabriel Matzneff. C’est désormais un film, terrifiant, avec Kim Higelin dans le rôle de Vanessa et Jean-Paul Rouve dans celui de Matzneff. Et aussi Laetitia Casta dans le rôle de la mère de Vanessa. Voici la bande-annonce.
Le film Le Consentement est une histoire vraie
Avant de vous donner mon avis sur ce long métrage, sachez que l’histoire du film Le consentement est une histoire vraie. Vanessa Spingora, qui fut directrice des éditions Julliard avant d’abandonner son poste pour se consacrer à l’écriture, a mis 30 ans pour raconter son histoire.
Son livre Le consentement est sorti chez Grasset en janvier 2020 et a fait grand bruit dans le monde de l’édition et au-delà. Dans ce livre, elle raconte comment, en 1985, l’écrivain Gabriel Matzneff, 49 ans, l’a manipulée, utilisée et a abusé d’elle alors qu’elle n’avait que 14 ans.
Il l’a convaincue de coucher avec lui, lui a fait croire qu’ils avaient le droit de vivre cet amour. Vanessa, naïve, a cru qu’elle était spéciale. En réalité, Gabriel Matzneff était un véritable prédateur sexuel et entretenait des relations avec un cheptel de jeunes filles innocentes et consignait tous les détails de ses relations dans ses livres.
À l’époque, Gabriel Matzneff faisait étalage de ses exploits pédophiles sans gêne: les médias lui offraient une tribune, ses amis du monde littéraire souriaient de ses penchants pour les enfants.
On doit à Gabriel Matzneff les livres Les Moins de seize ans, paru chez Julliard en 1974, dans lequel il raconte ses relations sexuelles avec un jeune garçon de douze ans et ses habitudes de tourisme sexuel. Il a raconté son histoire avec Vanessa Springora dans le livre La Prunelle de mes yeux, sorti en 1993.
Pourquoi il faut lire le livre Le consentement de Vanessa Springora
Avec le livre Le consentement, Vanessa Springora a repris possession de son histoire. Elle a réussi à « prendre le chasseur à son propre piège », en l’enfermant dans un livre.
Vanessa Springora ne règle pas ses comptes dans ce bouquin. Elle témoigne, donne sa version des faits, calmement, et ne se donne pas toujours le beau rôle. Et du coup, on n’a aucun mal à croire tout ce qu’elle raconte.
Elle dit l’histoire telle qu’elle a vraiment été et au passage, elle met à mal la version de Matzneff. Il s’est toujours montré sous le jour de l’initiateur fabuleux, de celui qui faisait un cadeau à la jeune fille qu’il déflorait.
L’auteur a utilisé dans ses ouvrages les lettres d’amour que Vanessa lui envoyait à 14 ans. Pour lui, l’existence de ces lettres signifie qu’il n’y a pas de problème puisqu’elles prouvent que Vanessa était consentante.
Vanessa Springora en parle dans son livre. Elle a longtemps eu du mal à se considérer comme une victime. « Comment admettre qu’on a été abusé, quand on ne peut nier avoir été consentant? Quand, en l’occurrence, on a ressenti du désir pour cet adulte qui s’est empressé d’en profiter? »
Elle a un jour compris: « Ce n’est pas mon attirance à moi qu’il fallait interroger, mais la sienne. »
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Le retentissement du livre Le Consentement
La publication du livre Le Consentement a été salué par le public et la critique. Et il a eu un retentissement dans le monde littéraire et judiciaire. Gabriel Matzneff a été lâché par ses éditeurs, ses livres ne sont plus commercialisés.
Gabriel Matzneff a-t-il été condamné?
Non. Une enquête pour viols sur mineurs a été ouverte à l’encontre de Matzneff. Elle n’a pas abouti. Gabriel Matzneff n’a jamais été condamné.
L’écrivain déchu, qui n’a jamais exprimé aucun remord, a répondu au livre Le Consentement dans un livre baptisé Vanessavirus. Un ouvrage que personne n’a souhaité publier.
Il confiait à l’époque dans un courrier avoir « résisté à la tentation du suicide ». Il écrivait à ses proches, tentant de les convaincre de l’aider à diffuser son ouvrage: « Mis au ban de la société française, je ne pouvais pas disparaître avant d’avoir murmuré quelques mots à l’oreille de Vanessa ».
L’interview choquante de Matzneff chez Bernard Pivot
Dans le film Le Consentement, Laetitia Casta, qui joue la mère de Vanessa Springora, regarde l’émission Apostrophes de Bernard Pivot avec Gabriel Matzneff et Denise Bombardier. Nous sommes en 1990. L’interview de Gabriel Matzneff est édifiante.
Bernard Pivot, sur un ton badin, interroge Matzneff: « Pourquoi vous êtes-vous spécialisé dans les lycéennes et les minettes? Au-dessus de 20 ans, on voit que ça ne vous intéresse plus… »
L’auteur répond, sous les rires du public et des autres invités: « Je préfère avoir dans ma vie des gens qui ne sont pas encore durcis, qui sont plus gentils. Une fille très jeune est plutôt plus gentille, même si elle devient très vite hystérique et aussi folle que quand elle sera plus âgée. »
Le clash entre Gabriel Matzneff et Denise Bombardier
La réponse de Matzneff va faire sortir Denise Bombarbier de ses gonds, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus. La journaliste et autrice canadienne fut la seule à s’insurger. « Monsieur Matzneff nous raconte qu’il sodomise des petites filles de 14 ans, de 15 ans, que ces petites filles sont folles de lui. (…) On sait que les vieux messieurs attirent les petits enfants avec des bonbons. Monsieur Matzneff, lui, les attire avec sa réputation. »
« Ce qu’on ne sait pas », poursuit-elle, « c’est comment ces petites filles de 14 ou 15 ans, qui ont été non seulement séduites, mais qui ont subi ce qu’on appelle dans les rapports entre les adultes et les jeunes un abus de pouvoir, comment s’en sortent-elles, ces petites filles, après coup ? Moi, je crois que ces petites filles sont flétries. Et la plupart d’entre elles flétries peut-être pour le restant de leurs jours ».
Denise Bombardier, décédée en juillet 2023, savait de quoi elle parlait: elle a été agressée sexuellement à l’âge de 12 ans par un producteur de Radio Canada, en charge des émissions pour enfants. Elle confiait dans son autobiographie n’avoir parlé de ça à sa mère que lorsqu’elle était sur le point de mourir. « Tu n’es pas capable de dire ça à ta mère quand tu as douze ans », confiait-elle en 2019. « Même aujourd’hui, les enfants ne le font pas. »
Mon avis sur le film Le Consentement
Mon avis sur le film Le Consentement? J’ai du mal à vous dire que c’est un bon film. On le regarde surtout pour l’histoire qu’il raconte. Mais sachez que Vanessa Filho réussit à retranscrire le récit courageux de Vanessa Springora à l’écran. C’est malaisant et bien joué.
J’avoue: quand j’ai vu que c’est Jean-Paul Rouve qui jouait Matzneff, j’ai été surprise. C’est un rôle inattendu pour la star des Tuche: il est absolument méconnaissable. Les cheveux rasés, le visage fermé, la voix cassante: il n’est plus Rouve, il est Matzneff.
C’est un film qu’on regarde avec dégoût et curiosité malsaine; en ayant mal au ventre de rage. Matzneff se vantait de ses conquêtes enfantines dans tout Paris, tout le monde en riait. Il racontait dans ses livres ses relations sexuelles avec des enfants de l’âge de mon fils: là encore, personne ne s’en offusquait.
C’est un film glaçant sur la perversion, la pédophilie et la manipulation. Ok, c’était une autre époque… Mais je n’ai pas arrêté de me dire que c’était hier. En effet, le film se déroule en 1985, l’année de ma naissance, ça rend les choses concrètes.
Comment Jean-Paul Rouve a-t-il abordé ce rôle atroce?
Pour jouer cet homme qui « ne pense qu’à lui et se regarde tout le temps », Jean-Paul Rouve n’a pas essayé de l’aimer ou de le comprendre. Il dit être passé « par l’extérieur ». Il a tout misé sur les changements physiques pour l’incarner parce qu’on ne peut pas comprendre un homme comme Matzneff. « Je ne sais pas qui c’est. C’est le mal absolu. C’est un monstre terrible. »
Jean-Paul Rouve a réussi son pari: on n’a aucune empathie pour son personnage. On comprend que même si Vanessa a dit oui, elle n’en est pas moins la victime d’un pervers narcissique abominable. À 14 ans, le consentement n’est pas toujours quelque chose d’éclairé.
Le Consentement n’est pas un film qu’on regarde pour se détendre. Mais c’est un film important qui est là pour continuer à faire bouger les lignes. Allez le voir!
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