Mes films préférés de l’année 2023

by seayouson

Je vous ai fait la liste de mes films préférés de l’année 2023. Et ça sera mon dernier article de blog avant 2024. Je suis épuisée, j’ai un peu trop tiré sur la cordes ces derniers mois, j’ai hâte de faire un break. Mais ça me tenait à coeur de poser ici ce que j’avais aimé.

Je n’ai pas tout vu: j’ai raté Oppenheimer, qui est sur ma liste des films à voir pendant les vacances, et j’ai très envie de voir Perfect Days de Wim Wenders, que je n’ai pas pu voir non plus.

Mon trio de tête est réel: Past Lives (qui est actuellement au cinéma – finir l’année sur un aussi bon film, c’est magique!) – Aftersun et How to have sex sont mes trois films coups de coeur de l’année. Pour le reste, j’ai tout mis en vrac. En espérant que ça vous donne des idées pour les semaines à venir !

Past Lives

Past Lives de Celine Song raconte l’histoire de Nora et Hae Sung, amis d’enfance brutalement séparés à l’aube de l’adolescence lorsque la famille de Nora a quitté la Corée du Sud pour New York. Plus de 20 ans plus tard, ils reprennent contact grâce aux réseaux sociaux et décident de se revoir.

Le passé de Nora (son ami d’enfance qui représente tout ce qu’elle a quitté et tout ce qu’elle aurait pu avoir si elle était restée en Corée) et son présent (elle est mariée à un Américain avec lequel elle parle dans une autre langue que sa langue maternelle) se téléscopent. Face à Hae Sung, Nora se demande ce qu’elle serait devenue si elle était restée à Séoul: à côté de quoi est-elle passée? qu’aurait-elle manqué? qu’auraient-ils vécu, Hae Sung et elle?

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C’est le premier des films que j’ai préférés en 2023: Past Lives.

Past Lives est mon grand coup de cœur de l’année. C’est un film merveilleux sur la puissance du premier amour, sur ce que l’on doit à la chance et ce que l’on doit au destin, sur comment l’immigration nous transforme et sur comment les lieux dans lesquels on vit et la langue qu’on parle nous façonnent.

En changeant de pays, on vit perpétuellement avec l’idée qu’on a tourné le dos à une autre version de soi-même. Forcément, ça me parle. Je pense souvent à la vie que j’aurais eue et à la personne que j’aurais été si je n’avais pas quitté la Belgique pour la Californie et ensuite pour l’île Maurice. La maman de Nora a cette phrase qui résonne dans mon cœur depuis que j’ai vu le film: “Il est vrai que si tu pars, tu perds des choses, mais tu en gagnes aussi.”

J’ai souri et j’ai été excitée autant que Nora et Hae Sung lors de leurs échanges virtuels. Leur joie de renouer se transmet aux spectateurs. Et j’ai pleuré lors d’une scène de séparation absolument magnifique, peut-être l’une des plus belles du cinéma, tout en retenue et à la fois d’une intensité folle. Past Lives est un film qui vivra en moi pour toujours.

Et pour ceux qui se demandent, la chanson de la bande-annonce est Stay de Cat Power.

Aftersun

Sophie retombe sur des images d’un film de vacances tourné en Turquie vingt ans plus tôt alors qu’elle était en vacances avec son père. Désormais adulte, elle se remémore cette semaine hors du temps et essaie de comprendre qui était cet homme qu’elle croyait connaître. Aftersun est un film qui nous rappelle qu’on ne connait jamais vraiment ses parents. Et c’est d’ailleurs en partant de ce constat-là que j’ai lancé A cœur ouvert.

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Aftersun est un film mélancolique sur le deuil, sur l’enfance et le délicat passage à l’adolescence, les souvenirs qui se transforment au fur et à mesure du temps qui passe et de nos expériences. Le grain des VHS que Sophie regarde rend l’émotion presque palpable. J’ai trouvé tout bouleversant: leurs silences, leurs incompréhensions, leur joie d’être ensemble…

C’est un film troublant et magnifique, certes un peu déprimant, mais c’est une réussite. J’ai hâte de voir Paul Mescal dans All of Us Strangers en 2024.

How to have sex

Ce film devrait être projeté dans les écoles pour parler du consentement aux adolescents. Quelle claque! Quelle justesse dans le propos. C’est mon troisième film préféré cette année et c’est encore le premier film d’une femme. On le doit à la jeune Britannique Molly Manning Walker. Je l’ai vu à Cannes et j’étais moyennement convaincue par le titre: j’avais l’impression que j’allais assister à un American Pie au féminin.

En réalité, How to have sex est un film d’une justesse éprouvante sur la zone grise du consentement. Tara et ses deux meilleures copines débarquent à Malia, en Crète, ville réputée pour ses boîtes de nuit et son sens de la fête. Tara a un grand projet: perdre sa virginité.

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Elle va se retrouver dans une situation qu’elle n’a pas souhaitée, avec un garçon qui n’était pas celui qu’elle avait choisi. How to have sex est un film tout en nuances et en subtilité qui nous montre que ce n’est pas parce que les filles sont délurées qu’on a le droit de les violer. Et que même si la fille ne hurle pas lorsqu’on l’agresse, ça n’en reste pas moins une agression si tout son corps exprime sans manque d’envie.

C’est un film qui parle aussi des complices silencieux du viol: ceux qui se doutent mais qui ne disent rien. C’est brillant et nécessaire.

Killers of the Flower Moon

En 2023, parmi mes films préférés, il y a Killers of the Flower Moon. Quand j’ai vu qu’il durait plus de 3h20, j’ai paniqué. Je venais de m’asseoir dans la salle de cinéma au Festival de Cannes et il y avait des gens de tous les côtés. Impossible de quitter la salle sans déranger tout le monde. Et puis? J’ai tout oublié tant le film m’a captivée.

L’histoire se passe dans les années 1920. Le peuple Osage est l’un des plus riches du monde grâce au pétrole découvert sur ses terres. Forcément, ça attire des convoitises. Les blancs rodent et il y en a un parmi eux, manipulateur et autoritaire, qui a tout prévu pour empocher le pactole. Il s’appelle William King Hale.

Il exige que son neveu un peu benêt, Ernest, épouse une Indienne. Ça tombe bien: Ernest est sous le charme de Mollie Kyle et l’attirance est réciproque. Les années passent, Ernest et Mollie s’aiment, William King règne en maître jusqu’au jour où le FBI débarque pour enquêter sur les meurtres et les disparitions étranges qui s’enchaînent et déciment le peuple Osage.

Ernest va devoir choisir son camp: celui de la famille qui l’a élevé ou celui de celle qu’il a fondée.

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Martin Scorsese prend du temps pour installer son intrigue mais chaque seconde est nécessaire. La tension monte durant les 2 premières heures de film, et on est pris aux tripes lorsque la chute arrive alors qu’il n’y a pas vraiment de suspense parce qu’on sait, très vite, qui sont les auteurs des meurtres. Mais les raisons de leur folie meurtrière et la façon dont ils ont agi laissent sans voix. 

Robert De Niro et Leonardo DiCaprio sont excellents de bout en bout de ce film magistral mais ils se font presque éclipser par Lily Gladstone, la moins connue du casting. Regardez-le, il aura certainement sa place aux Oscars.

The Son

Il fait partie de mes films préférés de l’année et je crois que je le savais avant même de cliquer sur play. Est-ce que j’ai pleuré quand je l’ai rattrapé dans l’avion? Oui ! C’est l’histoire d’un adolescent rebelle, Nicholas, dont la mère (Laura Dern) ne sait plus quoi faire. Elle vit seule avec lui depuis que Peter (Hugh Jackman), son ex-mari, a refait sa vie. Peter est remarié (avec Vanessa Kirby, que j’adore, quoiqu’elle fasse) et père d’un nouveau-né. Peter va essayer d’être un meilleur père pour son fils.

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J’ai trouvé The Son hyper touchant et très triste. Il y a une scène qui montre l’adolescent être interné, parce qu’il se met en danger. Il supplie ses parents de le ramener à la maison, contre l’avis des médecins. Que faire: écouter l’enfant que vous avez mis en monde, croire ce qu’il vous promet en pleurant? Ou faire confiance aux médecins, qui ont plus de recul pour agir au mieux? C’est évidemment compliqué. Quand on est parents, on veut toujours bien faire mais parfois, à cause de nos émotions, on est à côté de la plaque.

Je verrai toujours vos visages

Parmi mes films préférés de l’année 2023, il y a Je verrai toujours vos visages. Depuis 2014, il existe, en France, la Justice Restaurative. Elle propose à des victimes de braquage, homejacking ou viols et à des auteurs d’infraction de dialoguer. Ces rencontres, qui doivent permettent aux victimes de se reconstruire et aux agresseurs de prendre la pleine mesure de ce qu’ils ont fait, sont encadrées par des professionnels et des bénévoles.

C’est de ça dont parle Je verrai toujours vos visages, film français avec Leïla Bekhti, Gilles Lellouche, Adele Exarchopoulos, Jean-Pierre Darroussin. Il est signé Jeanne Herry, à qui l’on doit le film Pupille, bouleversant.

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Certains échanges entre victimes et agresseurs sont percutants et nous font voir l’agression et la violence ordinaire sous un autre angle. Les coupables se rendent compte, pour la première fois, des conséquences de leurs actes. Ils ont été jugés, ils sont passés au tribunal mais c’est là, en regardant des victimes dans les yeux qu’ils comprennent que la peur qu’ils provoquent peuvent démolir des vies. Les silences se font plus longs, les yeux plus troubles: la prise de conscience se lit sur leur visage et bouleverse tout le monde. 

Je verrai toujours vos visages est un film délicat et très bien joué. Lisez ma critique complète ici.

Babylon

Dans Babylon, Damien Chazelle raconte les deux faces d’Hollywood: l’excitation, l’enthousiasme de ceux qui croient que le cinéma peut changer le monde d’un côté et la dépravation, le sale, le revers de la médaille de l’autre. 

En 1920, le cinéma n’en était qu’à ses balbutiements et les acteurs du muet pensaient que leur gloire durerait toujours. C’était la fête et le bordel en permanence, tout le monde buvait et se droguait, plusieurs films se tournaient sur le même plateau. Ça hurlait pendant les tournages, ça n’avait pas la moindre importance puisque le film, au final, était muet. 

Quand le cinéma parlant est arrivé, tout a subitement changé. Les acteurs du muet n’ont pas réussi à s’adapter et ils ont été relégués aux oubliettes, en un claquement de doigt. 

Damien Chazelle raconte tout ça au travers de différents personnages: Manuel, petite main des plateaux; Jack Conrad, superstar du muet qui devient ringard dès l’arrivée du parlant ou encore Nellie LaRoy, qui connait une gloire aussi rapide qu’éphémère sur la fin du muet, qui croit son heure arrivée, mais qui est directement éjectée lorsque le parlant s’installe.

Babylon est aussi dépravé que Le Loup de Wall Street, aussi visuellement excessif que les films de Baz Lhurmann, et on ne peut s’empêcher de le comparer avec Once Upon a Time… In Hollywood puisqu’il partage son thème et ses acteurs… 

Babylon est un film cruel et flamboyant, tragique et excessif, vulgaire et émouvant. C’est un film dans lequel Chazelle raconte son amour du cinéma et son dégoût de l’industrie hollywoodienne, véritable machine à broyer, gérée par des riches déconnectés et méprisants. À voir si vous aimez le cinéma.

The Fabelmans

Steven Spielberg raconte sa vie et ses débuts dans le cinéma avec The Fabelmans. Le réalisateur va puiser dans ses souvenirs d’enfance. Il raconte le choc qu’il a ressenti à l’âge de 6 ans, en pénétrant dans un cinéma pour la première fois. Et aussi le traumatisme familial qui l’a poursuivi pendant cinq décennies et a imprégné, de façon détournée, bon nombre de ses films. 

Steven Spielberg l’admet: The Fabelmans, c’est une séance de psy à 40 millions de dollars. La maman de Steven, Leah, a trompé son père, Arnold, et Steven l’a découvert à l’âge de 16 ans, en visionnant les rushs d’un petit film familial qu’il était en train de tourner. Ce jour-là, Steven Spielberg a compris que ses parents étaient des personnes à part entière et ça lui a fait un choc monumental. En tout cas, ça fait un très bon film.

Barbie

J’ai ri devant Barbie, qui nous rappelle à quel point la célèbre poupée a fait du bien aux femmes autant qu’elle leur a fait du mal. Barbie, c’est la perfection absolue et l’idéal impossible à atteindre. Avec ses Barbie vétérinaire, astronaute ou présidente, Mattel nous a fait croire qu’on pouvait tout oser et tout réussir. Et c’est génial. Sauf que nos espoirs, souvent, sont malmenés par la réalité… et le patriarcat. 

Barbie dénonce le sexisme qui régit nos vies et c’est fait avec intelligence. Le rôle de Ken est taillé pour Ryan Gosling comme celui de Barbie pour Margot Robbie et le discours d’America Ferrera (dont je vous parlais ici) résonne encore dans mes oreilles. Greta Gerwig pose un regard sur la société que j’adore. Elle sera la présidente du jury du prochain Festival de Cannes, j’ai hâte de découvrir la sélection des films et son choix final.

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