J’ai lu le dernier roman de Philippe Besson: Un soir d’été, paru chez Julliard. Une petite pépite qui se lit rapidement et qui émeut en nous replongeant dans notre adolescence.
Été 1985. Philippe Besson a 18 ans. Il n’est plus un enfant mais il n’est pas encore un adulte. C’est un été d’entre deux. L’adolescence s’étire encore un peu, comme le soleil en fin de journée, qui semble ne jamais vouloir se coucher. C’est un été sans téléphones portables, sans possibilité de se localiser dans l’instant. “L’aléa existait encore, l’incertitude, le risque de ne pas se rejoindre, voire de se faire faux bond.”
Sur le trajet vers l’île de Ré, alors qu’il écoute “le fracas des vagues contre la carcasse du ferry”, il pense à ce qui l’attend. L’année scolaire qui arrive le forcera à quitter sa Charente natale pour Rouen. “Je pressens que rien ne sera plus comme avant, que c’en est à coup sûr fini de l’adolescence, même si j’aimerais m’y raccrocher encore.”
Un soir d’été de Philippe Besson: de quoi ça parle?
Dans Un soir d’été, son dernier roman fraîchement sorti, Philippe Besson raconte un épisode dramatique qui est survenu cet été-là et qui a signé la fin de son insouciance: la disparition d’un garçon qui faisait partie de sa bande d’amis depuis quelques semaines. “Je reste décidément émerveillé par ces connivences que l’été favorise: on ignorait tout de l’autre et désormais, il occupe notre temps et notre esprit, on ne se connaissait pas et soudain, on devient inséparables.”
“Un soir d’été” est une autofiction mais les thèmes qui y sont abordés sont universels. C’est une histoire pleine de nostalgie et de mélancolie qui parle des étés de notre jeunesse, de la découverte des premiers émois amoureux, des amitiés que l’on croit éternelles, du douloureux passage à l’âge adulte. C’est un coup d’œil dans le rétroviseur émouvant.
En replongeant dans ses souvenirs, il réveille les nôtres. “Quand j’y repense, avec le recul des années, je trouve ce moment incroyablement attendrissant: on avait dix-huit ans, ce qu’on voulait, c’était plaire aux filles, ou aux garçons, c’était même la chose la plus importante, le reste ne comptait pas, pas du tout, on était dans cette inconsistance formidable, cette soumission à nos hormones, cette soumission à l’instant aussi. Après, on a vieilli et on a perdu cela: la vie tenant tout entière dans la futilité.”
Un roman qui nous replonge dans nos souvenirs d’adolescence
Philippe Besson raconte comme personne l’insouciance qui disparait et l’indolence estivale. “Quand j’y songe, c’était merveilleux de ne pas avoir quelque chose à faire, d’être improductif, de se tenir dans la mollesse, l’inertie, de n’être dérangé par rien, rattrapé par rien ni personne. C’était merveilleux que, tout à coup, l’existence entière soit sans objet, sans but.”
Mon avis sur Un soir d’été de Philippe Besson
Ce livre est une jolie parenthèse, comme le sont les mois de juillet et août. Ça n’a pas la puissance ou la densité de Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu, mais c’est un récit délicat et touchant. Ça se lit vite, l’écriture est fluide, les descriptions précises et sensibles.
Les images affluent. On sent le fond de l’air chaud, on imagine sans peine “les coudes plantés dans la toile cirée de la table de la cuisine” et “la mouche qui butine dans un pot de confiture”.
Philippe Besson s’attarde sur les “moments hésitants, maladroits, idiots qui précèdent l’aveu, le basculement”. Il nous détaille avec sensibilité tous ces instants qui précèdent celui qui va transformer notre vie sans qu’on ait pu le prédire. Il nous raconte la légèreté avant le choc, les dernières minutes d’insouciance avant la réalité brutale.
Un soir d’été est un régal. Il ne me marquera pas, je crois, comme l’a fait Le dernier enfant, mais c’est un très bon cru.
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