J’ai vu le film L’amour et les forêts et je vous assure que l’amour ne ressemble pas à ça

by seayouson

J’ai vu L’amour et les forêts au Festival de Cannes: voici mon avis. Ce film de Valérie Donzelli avec Virginie Efira et Melvil Poupaud est une histoire d’amour toxique et d’emprise.

Il y a des gens dont le prénom dit déjà beaucoup de ce qu’ils sont intimement. Blanche est de ceux-là. Elle est gentille et complaisante, disponible et romantique. Elle ne cherche pas l’amour, elle aimerait qu’il la cueille.

Grégoire Lamoureux fait, lui, partie des gens qui portent mal leur nom: il pense que l’amour, c’est posséder l’autre tout entier. 

affiche du film L'amour et les forêts de Valérie Donzelli

L’amour et les forêts: mon avis

L’amour et les forêts de Valérie Donzelli est une sombre histoire d’emprise et de manipulation. Il montre la mécanique effroyable que va développer le personnage de Grégoire, joué par Melvil Poupaud, pour s’approprier Blanche, incarnée par Virginie Efira, et la couper de tout et de tout le monde. 

Le malaise est présent dès leur première rencontre. Grégoire fait partie des gens qui aspirent toute l’énergie d’une pièce. Il parle, il charme, il sourit et pourtant, tous nos signaux d’alerte se mettent à clignoter. 

Rose, la sœur jumelle de Blanche, plus expansive et plus expérimentée, voit la menace planer mais elle n’a aucun élément concret pour empêcher Blanche de foncer tête baissée dans cette histoire dont elle pressent l’issue compliquée. 

Les mois, les années passent. Grégoire déploie ses tentacules avec habilité. L’emprise est insidieuse. D’abord, il contraint Blanche à quitter le bord de mer pour la forêt. Puis, il l’appelle tout le temps sur son lieu de travail, critique ce qu’elle fait, qui elle voit…

l'amour et les forêts avis film Valérie Donzelli
Je vous donne mon avis sur le film L’amour et les forêts de Valérie Donzelli.

La lente dégradation de la confiance en soi

Les attaques verbales sont quotidiennes et elles pourraient presque passer pour anodines vu qu’elles sont souvent suivies d’excuses.

Blanche plonge. Elle s’éteint, se met à douter d’elle en permanence et à avoir peur de tout. « Je faisais les courses avec une calculette dans la tête », dira-t-elle, plus tard.

L’amour et les forêts devrait être précédé d’une mention avertissant les personnes encore fragilisées par une relation toxique de passer leur chemin et d’y revenir plus tard. 

C’est un film qui rappelle que la frontière entre l’amour et la possession est dangereusement ténue et qu’il est bon de se fier à son intuition profonde, aux signaux que le corps envoie. 

Parce que dans les premières secondes de leur rencontre, on voit Blanche brièvement douter de l’homme qu’elle a en face de lui.

Elle est troublée, à la fois, par les douces promesses qui flottent dans l’air et par la façon dont l’homme qui soudainement la convoite les formule. Ce n’est pas parce que l’impression est fugace qu’on ne peut pas s’y fier. 

“Ce n’est pas parce qu’une femme est gentille qu’on a le droit d’abuser d’elle”

L’amour et les forêts est signé Valérie Donzelli, réalisatrice (entre autres) de La guerre est déclarée. J’avais vu le film à Cannes, il y a quelques années: c’est l’histoire d’un couple confronté à la maladie de leur enfant.

L’amour et les forêts est inspiré du livre du même nom d’Eric Reinardt. Si le roman donne le point de vue de l’écrivain, Valérie, elle, a souhaité se mettre dans la tête de la victime qui, à force d’attaques acides de la part de son conjoint, perd complètement confiance en elle et s’enferme dans la “honte” et le “mutisme”.

Valérie Donzelli a confié qu’elle s’était très vite identifiée au personnage du roman. Elle a confié avoir la même capacité à être “arrangeante” et à se convaincre que “l’autre va changer”.

L’idée de ce “grand thriller psychologique”, qui est parfois incongru niveau réalisation (pourquoi se mettent-ils soudain à chanter en voiture?) est qu’on comprenne que ce n’est pas facile de sortir de l’emprise. Valérie rappelle: “Une femme a le droit d’être gentille et respectueuse, ça ne donne pas le droit pour autant d’abuser d’elle.”

Un malaise grandissant

L’objectif est parfaitement atteint.

Il y a eu des rires dans la salle de cinéma lors de certaines interventions de Grégoire. Des rires qui dissimulaient en fait le malaise et l’impuissance du spectateur.

Grégoire est un gros manipulateur qui retourne chaque situation à son avantage. Il est perpétuellement de mauvaise foi en plus d’être menaçant. C’est parfois gros comme une maison: sa manœuvre est visible à des kilomètres. Seule Blanche est aveuglée…

On la voit perdre pied chaque jour un peu plus. J’ai eu mal au bide pour elle et j’ai eu envie de la secouer. Mais je sais que c’est toujours plus facile d’avoir le recul nécessaire pour analyser une situation et en saisir ses travers quand on n’en fait pas partie.

L’amour et les forêts est déjà sorti en France et est à voir dans les cinémas belges ce mercredi 7 juin.

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