Entre toutes les mères – mon avis: difficile de se remettre de cette lecture asphyxiante

by seayouson

Ça fait deux jours que j’ai terminé le livre Entre toutes les mères d’Ashley Audrain et j’ai du mal à entamer une nouvelle lecture: je suis encore bloquée dans l’histoire de Blythe Connor et de sa fille Violet. Il va rejoindre la liste des romans sur la maternité qui m’ont bouleversée.

Entre toutes les mères est un roman asphyxiant, un page-turner sur la maternité qui interroge sur l’hérédité (quand on a eu une mauvaise mère devient-on forcément une mauvaise mère soi-même?) et sur l’instinct maternel (est-il si évident? se déclenche-t-il forcément?).

Ça parle aussi des projections qu’on a, quand on est enceinte, qui se confrontent avec brutalité à la réalité. On imagine notre enfant à venir, on lui a prêté des traits de caractère avant même sa venue au monde, on imagine la mère qu’on sera pour lui, toute la tendresse qu’on lui donnera.

Mais que se passe-t-il quand tout ce qui se passe est à l’exact opposé de ce qu’on avait envisagé? Bon, je vous fais le pitch.

Que raconte le livre Entre toutes les mères?

Parmi les questions que ce livre pose, il y a celle-là: que se passe-t-il quand le bébé auquel on donne vie ne se ressemble pas au bébé qu’on imaginait?

Blythe Connor n’a pas été aimée par sa mère comme elle aurait dû l’être. Quand elle devient mère à son tour, elle se promet d’offrir à son enfant tout l’amour dont elle a manqué. C’est certain: elle fera autrement. « Je voulais être n’importe qui d’autre que la mère qui m’avait portée. »

Mais quand Violet naît, Blythe perd rapidement pied. Sa fille est un bébé agité, enragé, peu souriant. Avec elle du moins, parce qu’avec les autres, son père et sa grand-mère paternelle notamment, elle est adorable. Blythe le vit comme une trahison.

Entre toutes les mères

Quand elle en parle à son mari, il met ça sur le compte de la fatigue. Blythe tente de se convaincre qu’il a raison. Ça ne peut être que ça, n’est-ce pas?

Quand on a eu une mauvaise mère, devient-on forcément une mauvaise mère soi-même?

Mais les semaines et les mois passent et Blythe constate qu’elle n’arrive pas à créer le lien tant espéré avec sa fille. Elle culpabilise et se dit que c’est probablement à cause de ce qu’elle a subi, enfant. « Nous venons tous de quelque part. Dans mes veines coulait le sang de ma mère, et je ne pouvais rien y faire. »

Violet grandit, le bras de fer entre la mère et la fille s’intensifie. Leur relation est anxiogène, Blythe est terrifiée par ce qu’elle pense de sa fille de 7 ans, par ses regards noirs et ses attitudes qui ne sont pas celles d’un enfant de son âge.

Son mari ne veut rien savoir: il a une relation fusionnelle avec Violet, il ne peut pas imaginer que son enfant puisse être ce que sa femme dit qu’elle est.

On dit tellement à Blythe qu’elle exagère et que c’est elle le problème qu’on la réduit au silence. À force, elle n’est d’ailleurs plus certaine d’avoir raison. « Nous prenons tous pour acquis le fait d’avoir de bonnes mères. D’épouser de bonnes mères. Et d’être de bonnes mères. » Mais peut-être qu’elle n’en est simplement pas une?

L’extrait du livre qui donne envie de le lire

« On m’avait prévenue de ces premiers jours difficiles. On m’avait parlé des seins durs comme des blocs de ciment. Des tétées rapprochées, à la demande. Du vaporisateur pour se rincer les parties intimes. J’avais lu tous les livres. J’avais fait des recherches. »

« Mais personne ne parlait de la sensation de se réveiller sur des draps tachés de sang après seulement quarante minutes de sommeil, terrifiée à l’idée de ce qui allait suivre. J’avais l’impression d’être la seule mère au monde qui n’y survivrait pas. La seule mère qui ne se remettrait pas d’avoir eu le périnée recousu de l’anus au vagin. »

« La seule mère incapable de faire face à la douleur causée par des gencives de nouveau-né cisaillant ses tétons comme des lames de rasoir. La seule mère qui ne pouvait pas faire semblant de fonctionner avec son cerveau écrasé dans l’étau du manque de sommeil. La seule mère qui regardait sa fille en pensant: s’il te plaît. Va-t’en. »

Mon avis sur le roman Entre toutes les mères

« Entre toutes les mères » est dérangeant parce qu’il bouscule cette croyance qui veut que la maternité est forcément quelque chose de fabuleux et d’épanouissant et que les bébés, et plus tard les enfants, sont forcément des petites personnes innocentes.

J’ai été aspirée par l’histoire, qui m’a tenue éveillée deux nuits d’affilée. Ca se lit comme un thriller, parce que je ne vous en ai rien dit dans cet article, mais il se passe des trucs. Il y a des rebondissements. Je vous préviens, c’est une histoire intense et dramatique.

Les questions que ce livre soulève me passionnent depuis que je suis devenue maman mais si vous cherchez un roman qui détend, passez votre chemin.

Un mot sur Ashley Audrain et son nouvel livre

Ashley Audrain est une autrice canadienne de 41 ans. Le livre Entre toutes les mères a été publié en anglais sous le titre The Push. Il s’agit de son premier roman.

Le livre Entre toutes les mères n’est pas basée sur une histoire vraie. Mais Ashley Audrain a confié qu’elle avait commencé à écrire cette histoire lorsque son fils avait six mois.

« À ce moment-là, je réfléchissais beaucoup à ce que j’attendais de la maternité et à la façon dont la société dépeint la maternité, ce qu’on doit ressentir, ce à quoi ça doit ressembler et ce que nous sommes censées dire sur le fait d’être mère. »

« J’ai découvert que ces attentes ne correspondaient pas à la réalité. Je me suis mise à réfléchir et à me demander à quoi ressemblerait le parcours d’une femme si son expérience de la maternité ne ressemblait en rien à ce qu’elle espérait. »

Que raconte son deuxième roman, The Whispers?

Ashley Audrain a sorti un nouveau roman depuis Entre toutes les mères. Il n’est disponible qu’en anglais pour le moment et porte le nom de The Whispers.

The Whispers par Ashley Audrain

Dans The Whispers, Ashley raconte l’histoire d’un barbecue organisé dans la rue Harlow, à la fin de l’été. Tout se passe bien jusqu’à ce que Whitney, l’hôtesse parfaite, explose de rage parce que son fils lui a désobéi.

Quelques heures plus tard, au milieu de la nuit, l’enfant en question tombe par la fenêtre de sa chambre. Sa mère ne peut que s’asseoir à son chevet à l’hôpital et espérer qu’il s’en sorte.

Toutes les personnes présentes à la fête l’ont entendue hurler et s’interrogent: que se passe-t-il dans cette famille sans fêlure apparente? 

Avouez, ça donne envie, non? Vivement sa traduction en français. En attendant, je vous encourage vivement à lire Entre toutes les mères. Vous n’en sortirez pas indemne.

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3 comments

Barbara 25 août 2022 - 12 12 58 08588

C’est un sujet très vaste. On peut en parler des heures car il y a autant de relations mère-enfant qu’il y a de mamans sur terre. Et oui clairement, on idéalise notre relation avec notre futur enfant et oui clairement, le choc peut être brutal. Venant d’une famille très calme, d’un cocon familial où tout s’est passé en douceur, j’ai vécu et je vis encore, mais avec un max de lâcher-prise et de recul des moments parfois très complexes avec ma deuxième. Ça a été une grosse claque, de très nombreuses remises en questions (ex: pourquoi ça ne marche pas?), des lectures, des discussions, des visites chez les psy/coach etc…
Bref, j’ai très envie de le lire ce livre.
Merci pour ce nouvel article très intéressant

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Laurie 3 septembre 2022 - 0 12 22 09229

Bonsoir Déborah, merci pour le conseil lecture. Est-ce que tu conseillerai ce roman à une femme enceinte ? 🙂

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seayouson 8 septembre 2022 - 9 09 46 09469

Tout dépend de ta sensibilité. Moi, j’adore me plonger dans des trucs qui m’interrogent, aussi violents soient-ils. Tout dépend aussi des rapports avec ta propre mère. S’ils sont bons et que tu ne crains pas de lui ressembler, ça ne devrait pas te poser trop de soucis.

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