J’ai lu Une légère victoire de l’autrice belge Odile d’Oultremont. Le roman est sorti chez Julliard. De quoi ça parle et pourquoi faut-il le lire? Voici mon avis.
« Une légère victoire »: le résumé
Yarol vit dans un trou à rat depuis 25 ans. « De son rôle influent au sein de la plus grosse pègre de l’Est européen, quelques exécutions commanditées et du trafic de drogues à grande échelle, il ne se cache pas, pour le reste, sa famille, son enfance, de tout cela, il ne parle jamais. »
Nour est assistante de rédaction, « docile et efficace ». Son quotidien est fait de petits compromis avec ses ambitions personnelles et ses envies profondes.
« Elle doit toujours quémander du temps et de l’espace à ses patrons. Quelle est cette vie qui consiste à s’inscrire entre les lignes? », se demande-t-elle. « Certains jours, elle exècre cette dépendance, à d’autres moments, elle se félicite de n’être que ça ».
En février 2020, dans de dramatiques circonstances, la trajectoire de l’un percute celle de l’autre. Je ne vous en dis pas plus pour ne rien vous gâcher.
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De quoi parle « Une légère victoire »?
Une légère victoire parle de culpabilité et de deuil avec beaucoup de nuances. C’est aussi une histoire qui interroge sur la liberté.
Parfois, on est libre en théorie mais nos mauvais choix, notre manque de courage, nos renoncements nous coincent, nous enferment et nous oppressent.
C’est le cas de Nour, qui a le droit d’aller où elle veut, quand elle veut, qui ne vit pas dans une pièce de 8 mètres carrés, au contraire de Yarol, mais qui s’est enfermée dans un job vide de sens, et qui en couple avec un homme qui ne la comprend pas.
« Nour se met à espérer que quelqu’un, quelque part, la débranche en activant un interrupteur à l’arrière de son cou pour qu’elle sombre instantanément dans l’inconscience. »
Yarol est sur le point de retrouver sa liberté mais ça ne le réjouit pas. Il rêve meme de prolonger sa peine. « On parle souvent de la difficulté d’arriver en prison mais qui comprend la difficulté de la quitter? »
Il a peur de la solitude. « Au moins ici, on se parle entre nous, on se voit les uns les autres, on se considère, mais qu’est-ce qui m’attend dehors, hein? »
Et puis, autre sujet intéressant abordé dans Une légère victoire: quand on a fait du mal autour de soi, quand on a, un jour, ôté la vie d’un amoureux, d’un ami, d’un amant, d’un père, d’un fils… a-t-on le droit d’être triste quand quelqu’un qu’on aime disparait subitement? Quand la vie se charge de nous rendre la monnaie de notre pièce?
La seule personne que Yarol espérait voir à sa sortie est décédée et il est dévasté. Odile d’Oultremont analyse, avec justesse: « On ne souffre pas moins lorsqu’on a soi-même abattu cinq personnes. (…) La douleur infligée à autrui n’atténue par la sienne. »
Pourquoi lire « Une légère victoire »: mon avis
J’ai aimé le style d’Odile d’Oultremont et son regard sur les faits et sur les gens. J’ai aimé les liens tissés entre ces personnages qui n’ont absolument rien en commun.
Ce livre rappelle qu’on peut vivre des choses totalement différentes, avoir des trajectoires opposées, nos vies peuvent se faire écho malgré tout.
Mon avis est qu’Une légère histoire est à lire si vous cherchez un roman bien ficelé avec des personnages aux caractères extrêmement bien décortiqués. C’est psychologiquement super intéressant.
Odile d’Oultremont analyse avec finesse les deux facettes d’un drame et nous rappelle que dans la vie, rien n’est tout noir ou tout blanc.
Si mon avis vous a donné envie, vous pouvez acheter Une légère victoire ici.
Qui est Odile d’Oultremont, l’autrice?
Odile d’Oultremont est Belge, elle a 48 ans et elle a écrit Les Déraisons, qui a reçu le prix de la Closerie des Lilas, et Baïkonour, prix du roman qui fait du bien.
Elle a écrit la série File dans ta chambre avec Stéphane De Groodt. Les deux ont été en couple pendant 18 ans et ont été mariés quatre ans. Ils ont deux filles.
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