J’ai vu Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry avec Adèle Exarchopoulos, Leila Behkti, Gilles Lellouche, Miou-Miou, Jean-Pierre Darroussin, Elodie Bouchez: voici mon avis.
Je verrai toujours vos visages: ça raconte quoi?
Nawelle, Grégoire et Sabine ne se connaissent pas. Leur seul point commun: ils ont tous les trois été victimes d’une agression. La première a subi un braquage, le deuxième un homejacking, la troisième un vol à l’arraché. Face à eux, dans la pièce: Nassim, Thomas et Issa, condamnés pour vols avec violence. Victimes et agresseurs ont décidé de se rencontrer pour tenter d’avancer.
En parallèle, Chloé, violée par son grand frère à de multiples reprises, apprend qu’il revient s’installer dans la ville où elle habite. Chloé a des questions à lui poser. Elle passe par une médiatrice en justice réparative pour obtenir les réponses dont elle a besoin.
La bande-annonce de Je verrai toujours vos visages
Avant de vous donner mon avis et des détails sur ce très bon film, voici la bande-annonce de Je verrai toujours vos visages.
Après Pupille, un autre film bouleversant
J’ai vu le film Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry et j’en suis sortie émue et secouée. Jeanne Henry, c’est la réalisatrice de Pupille, sorti en 2018. Je l’ai revu récemment et j’ai pleuré comme une madeleine. Ça parle d’une femme qui rêve d’avoir un enfant et d’un bébé abandonné à la naissance et de tout ce qui est mis en place, dans la société, pour que ces deux-là se rencontrent. C’est délicat, toujours dans la nuance, le jeu d’acteurs est incroyable. À l’affiche: la douce Elodie Bouchez et le rugueux Gilles Lellouche.
C’est quoi la justice restaurative?
On les retrouve dans Je verrai toujours vos visages. À nouveau, Jeanne Herry nous apprend plein de choses sur un sujet méconnu: la justice restaurative. La justice restaurative, c’est la possibilité pour des victimes de violences de rencontrer des gens qui les commettent.
Face-à-face, lors de rencontres préparées et encadrées, « des victimes et des auteurs d’infraction vont pouvoir échanger leurs ressentis, leurs émotions et tisser un nouveau rapport où l’empathie peut parfois prendre le pas sur la peur », explique Jeanne Henry.
“Je verrai toujours mon visage”: mon avis
Je verrai toujours vos visages est d’abord une performance d’acteurs incroyable. Leur jeu est très statique: Chloé, jouée par Adèle Exarchopoulos, et Judith, interprétée par Elodie Bouchez se rencontrent toujours dans le même bureau. Les autres acteurs se retrouvent, eux, lors de cercles de parole mis en place dans une prison. Ils sont quasi tout le temps assis sur une chaise. Tout passe par la voix, le visage, le regard, l’attitude. Chaque acteur déroule sa partition à la perfection. J’ai eu mal au ventre à chaque intervention.
Certains échanges sont percutants et nous font voir l’agression et la violence ordinaire sous un autre angle. Les coupables se rendent compte, pour la première fois, des conséquences de leurs actes. Ils ont été jugés, ils sont passés au tribunal mais c’est là, en regardant des victimes dans les yeux qu’ils comprennent que la peur qu’ils provoquent peuvent démolir des vies. Les silences se font plus longs, les yeux plus troubles: la prise de conscience se lit sur leur visage et bouleverse tout le monde.
L’échange percutant entre une victime et un agresseur
Parler peut réparer, guérir, faire avancer. C’est de ça dont parle ce film précieux et intelligent. Une scène avec le personnage de Leila Bekhti, victime d’un braquage, m’a hyper fort touchée. Elle explique que depuis qu’elle a eu un flingue pointé sur son front, elle a toujours peur. Surtout que le cambrioleur n’a jamais été retrouvé. Elle a peur de le croiser, qu’il la reconnaisse et qu’il vienne finir le travail. L’un des délinquants va avoir des mots simples et puissants à la fois qui vont la libérer de sa terreur.
J’ai beaucoup aimé la place que Jeanne Henry a donnée à Miou-Miou, sa maman (pour la petit info people, son papa est Julien Clerc). Elle devient rapidement la grand-mère touchante, qui minimise ce qui lui est arrivé et que tout le monde prend sous son aile.
L’histoire de Chloé (Adèle Exarchopoulos) se déroule en parallèle de celle des autres et est différente sur un point important: elle, elle connaît l’agresseur qu’elle va rencontrer puisque c’est le sien et qu’il s’agit de son frère. Depuis La vie d’Adèle, elle ne fait que m’épater. Elle est toujours authentique et elle pleure avec une telle facilité et une telle justesse (sans jamais en faire trop) qu’elle m’emporte avec elle dans sa tristesse à chaque fois, dans chaque film.
Mon avis est que Je verrai toujours vos visages plaira aux gens qui aiment les films sensibles, qui leur apprennent des choses sur le fonctionnement de la société, avec de bons acteurs et des dialogues ciselés.
Je verrai toujours vos visages est au cinéma en France et sortira le 5 avril en salles en Belgique. N’hésitez pas à aller lire mes autres critiques cinéma et séries sur le blog.
