Avant même de ressentir ma première contraction, j’avais déjà prévenu le papa: à la maternité, hors de question de me papouiller.
Je suis assez tactile avec les gens que j’aime mais j’aime les gestes tendres qui ne le sont pas trop. Je ne supporte pas qu’on me caresse les cheveux quand je regarde un film ou qu’on me chatouille le bras en signe d’affection.
Mais j’aime son bras sur mes épaules en rue et sa main dans le creux de mon dos quand il ouvre une porte pour me laisser passer. Chacune ses délires et ses paradoxes.
J’avais réfléchi à l’aide que je souhaitais que mon mec m’apporte lors de l’accouchement.
Je précise au passage que mon mec est en fait mon mari depuis trois ans mais que quand je l’appelle comme ça, j’ai l’impression de prendre 10 ans.
Vu que je vis moyennement bien mes 33 ans, merci de me laisser rester jeune à l’écrit à défaut d’être encore une jeune fille dans la vraie vie.
On en avait discuté, il me connaît, il savait déjà ce que j’allais lui dire. Sa simple présence corporelle à mes côtés et son implication envers Ezra me suffiraient amplement.
Je savais déjà que je n’allais pas avoir besoin qu’il se place derrière moi, genoux pliés, mon corps nu et gonflé entre ses jambes, pour avoir l’impression de le faire participer à l’accouchement.
Je sais que les jolis discours racontent que le papa sue à grosses gouttes pendant le travail, qu’il donne de sa personne, mais honnêtement, l’accouchement, c’est un truc très personnel.
On est la seule à souffrir, à transpirer, à pousser, à espérer en finir tout en se disant que c’est une expérience de dingue. Je savais que j’aurais besoin de rassembler ma concentration et de ne pas être distraite.
J’ai vraiment eu un accouchement sympa. Réveil brutal à cause des contractions à 4 heures du matin. Perte des eaux dans l’heure qui a suivi. Dilatée à 7 cm à l’arrivée à la maternité. Péridurale. Petite sieste.
À 13h45, Ezra était là. Reste que la poussée a duré une heure trente et qu’à la fin, je n’en pouvais plus de chaleur, de douleur, de fatigue. Je me souviens avoir pensé brièvement que je n’y arriverais pas.
J’ai alors empoigné la main de mon homme et je l’ai serrée le plus fort possible alors que j’essayais d’expulser ce bébé pas pressé (il ne l’est toujours pas). C’était mon dernier effort avant la ventouse. J’ai tout donné et ça a marché.
J’apprends aujourd’hui, même si l’info date déjà d’il y a quelques mois, que tenir la main de son partenaire pendant l’accouchement réduit la douleur.
Le contact physique avec un autre humain quel qu’il soit a déjà prouvé ses effets bénéfiques sur le mental. Ce n’est pas pour rien qu’on se serre très fort dans les bras quand on est triste ou qu’on veut consoler quelqu’un.
Mais le contact physique avec une personne que l’on aime diminue la souffrance instantanément. C’est d’ailleurs pour ça qu’on pratique le peau à peau avec un nouveau-né. Rien de tel pour l’apaiser…
J’en reviens à cette main que l’on tient pendant l’accouchement… Les battements du cœur se mettent au diapason et sentir la peau de la personne que l’on aime active le “circuit de la récompense” dans le cerveau.
Comme le fait un bon verre de vin après une journée difficile. À côté de celui qu’on aime, tout paraît plus supportable et c’est la science qui le dit. C’est beau quand même, non?
En plus de calmer ma douleur pendant l’accouchement, mon homme a été très utile à la maternité. J’en reviens aux gestes qu’il a posés en décembre 2015.
Au rôle pratique qu’il a joué le jour de la naissance de notre enfant et dans les heures qui ont suivi:
Il a chargé la voiture et m’a conduite à l’hôpital, en trouvant un raccourci pour éviter au mieux les embouteillages matinaux bruxellois. Il a sonné à la porte des urgences maternité pendant que je me tenais au mur pour essayer de mettre un pied devant l’autre. Heureusement qu’il était là, je ne me souvenais absolument plus du chemin qu’il fallait emprunter avant 6 heures du matin. Si j’étais venue seule, j’aurais probablement accouché dans le couloir.
Il est allé garer la voiture dans le parking de l’hôpital. On s’était jeté n’importe comment dans l’entrée en arrivant. Sauf qu’on bloquait le passage pour les vraies urgences. Il nous a évité une dépanneuse ou une amende.
Il faisait vraiment chaud pour un mois de décembre. Pendant l’accouchement, il m’a aspergé le visage avec un brumisateur. Je me souviens de ma surprise et de notre échange de regards avant le fou-rire. Merci mais ça ira… Après, je ne suis pas restée longtemps en peau à peau avec Ezra. J’avais besoin de manger, de reprendre mes esprits. J’ai demandé à mon homme de prendre le relais. Pendant sa première heure de vie, Ezra a été autant dans mes bras que dans ceux que son père et j’aime me dire que leur attachement fou aujourd’hui vient peut-être un peu de là.
Il a acheté mon vin blanc préféré, il l’a mis au frigo et il est allé chercher des sushis et une lampe de chevet à la maison pour éviter de manger à la lumière crue d’un néon d’hôpital. C’est peut-être l’un des meilleurs repas de ma vie.
Il a donné le biberon à notre fils, la nuit, pour que je puisse me reposer.
Alors qu’on attendait le feu vert pour sortir de la maternité et rentrer chez nous, il a fait un aller-retour matinal pour tout ranger et finir de préparer ce qu’il y avait à préparer.
Et vous, il a fait quoi votre homme pour vous soulager lors de l’accouchement et après?
14 comments
Aaah j’ai tout écrit sur mes billets sur la naissance de Zoey, je ne sais pas si tu les as lus ? http://www.thecocooningaroundthecorner.fr/la-naissance-de-zoey-cocoon-1/
Moi il a été plus qu’utile pour accoucher sans péridurale et me redire quand il le fallait que non, je n’allais pas crever !!! Et puis, il a quand même laissé sa fille lui faire pipi et caca dessus juste après la naissance, et ça n’a pas de prix (juste celui d’un polo) ! Bises !
Magnifique… je me revois en vous lisant et je pleure.. accouchement un peu similaire mais j’ai eu la chance que le vrai travail soit beaucoup moins long (4h22 exactement) avec 10h de faux travail la veille.. mais quand c’est notre premier on ne sait pas. Merci pour vos mots. Je crois que je vais écrire le mien aussi..
Bonne rédaction alors 🙂 ravie que cela fasse écho à de belles émotions !
Je ne l’avais pas lu. J’ai lu les trois épisodes d’un coup. 🙂 Ahahaha, sympa l’accueil de Zoey à la naissance… Perso, c’était avec péridurale mais mes contractions étaient violentes et un peu trop espacées. Je suis tombée sur une sage-femme insupportable qui voulait absolument me mettre à quatre pattes alors que moi, j’étais très bien sur le dos (à l’inverse de toi). Elle était épaulée par une apprentie qui a marché sur ma perfusion, dans laquelle se trouvait un produit pour accélérer les contractions, histoire que je ne pousse pas pendant 3 heures. Sauf que l’apprentie a débranché la perf… Du coup je n’avais pas le produit en question dans le corps, du coup la poussée a été interminable… Et ma péridurale ne faisait plus du tout effet au moment du passage d’Ezra. Je me souviendrai toute ma vie de cette brûlure intense. Pendant la prépa à l’accouchement, on m’avait dit que ça s’appelait le cercle de feu. J’ai compris pourquoi… 😀 Bref… Ca me donne envie de mettre mon récit d’accouchement par écrit. 🙂 On en apprend et on en ressent des choses ce jour la. Et c’est marrant, mais je suis toujours soufflée par celles qui attendent quelques heures à la maison avant de foncer à la maternité. J’étais pliée de douleurs directement, comme toi, souffle coupé, impossible de respirer, de marcher, de parler… Et arrivée à la mat’, j’étais déjà à 7 cm. Bref, si j’attendais un peu plus longtemps, j’accouchais chez moi je crois… 😀
Oui je crois qu’attendre ça dépend de la progression et qu’inconsciemment on la sent ! Je suis restée chez moi presque 7h mais je savais très bien que je n’étais pas sur le point d’accoucher… interessant ce cercle de feu, je n’avais jamais entendu ça mais comme toi je confirme !!! Et oui écris le ce récit ! C’est tellement précieux !!!
Une amie m’avait conseillé de briefer mon mec pour qu’il fasse tampon entre le personnel médical et moi. Vu que j’accouchais en Allemagne et que l’allemand est sa langue maternelle j’ai trouvé l’idée très pertinente, il avait donc pour mission de s’assurer que j’étais entendue/écoutée/respectée. J’avais entendu trop d’histoires de violences obstetricales + je vis depuis + de 10 ans à l’étranger donc je sais très bien comment dès que tu n’es pas d’accord avec un natif, il a tendance à répéter plus fort en articulant bien (parce que si tu n’es pas d’accord, c’est que forcément tu n’as pas compris). Je suis aujourd’hui persuadée que si on avait pas eu cet arrangement, mon accouchement ne se serait pas aussi bien déroulé. (Ils ne voulaient pas me brancher la péri par exemple).
Et puis bien sûr, les sushis (pour moi aussi du jambon cru et du fromage qui pue :))
Très bonne idée effectivement. Pas toujours simple de se faire comprendre médicalement parlant à l’étranger… Ca fait 9 mois qu’on est en Californie, ça fait 9 mois que je touche du bois: on a pas encore dû consulter un médecin… J’ai déjà pensé aux accouchements locaux. Ici, c’est césarienne sur césarienne… Sans forcément de raison. Y a justement Grey’s Anatomy qui en parle actuellement: le taux de mortalité en couche est super élevé aux States par rapport aux autres pays développés à cause de ces césariennes réalisées sans raison valable…
Je n’ai jamais accouché, mais j’ai déjà prévenue l’Homme. je souhaite que des sushis et un verre de champagne m’attende dans ma chambre quand je remonterai (allez je suis sympa je lui donner la journée si l’accouchement est matinal lol)
Ho je me retrouve légèrement dans cet article.. enfin plutôt mon conjoint car mon accouchement était totalement différent , sans péridurale, et le travail dans un bain bien chaud.. il me donnait la main aussi et sentir sa présence était vraiment réconfortant.. il m’a proposé les sushis à la mat mais j’ai dis non, j’étais épuisée.. alors on les a mangé le jour de notre retour.. pas d’aide par contre pour donner à manger, j’espère que un jour les hommes pourront allaiter ? et puis pour finir évidemment il avait rangé toute la maison avant de venir me chercher.. c’était le 6 décembre et il neigeait… chouette moment. J’ai déjà hâte de faire le deuxième 😀
Oui, accouchement différent effectivement, mais ca n’empêche qu’on a besoin de leur main hein… Et du rangement pré-retour… :))))
Il a été là et m’a réconforté et c’est là qu’était toute sa place. Il a aussi assuré avec notre puce la première nuit et la première matinée alors que je ne pouvais pas bouger à cause de la césarienne 🙂 Bref, un super papa dans le bain dès le début!
Il s’est tu :).
Et j’ai adoré.
Normalement, il est du genre à vouloir aider, donner des conseils, …
Mais pour l’accouchement (qui s’est très bien passé au demeurant, en pleine nuit, donc ambiance très feutrée), je voulais juste qu’on ne foute la paix.
Et ce fut parfait 🙂
Il a été là… Un homme a toujours plus de mal à visualiser sa future paternité. Le mien au début était un peu prudent “ne t’emballe pas”, un peu comme s’il n’y croyait. J’avais des craintes mais il a vraiment assuré le jour J. Mon amoureux déteste littéralement les hopitaux, c’est bien simple il ne supporte pas les odeurs de désinfectants, c’est inné en lui car il a trop été à l’hopital quand il était jeune. Aussi, c’était pas spécialement évident de l’imaginer bien réagir.
Jour J : Surprise, BB est en avance. 3h du mat et déjà je sais que ce sera pas un accouchement comme on l’a expliqué en prépa. 9h du mat; il ne m’a pas quitté jusque là. L’incertitude est reine, il sent que j’ai besoin d’un visage familier, que seule je ne peux pas rester à me stresser. Il ne me quittera qu’une seule fois cette longue journée pour annoncer à ses parents que BB est en avance et que ce ne sera pas simple.
Fin de journée…des certitudes. Une césarienne est nécessaire, on ne peut plus attendre. Je me demande si je vais vivre ca seule car les blocs opératoires doivent être la chose la plus pire pour lui. Mais non il est bien là bien habillé de bleu. Je suis heureuse.
Mais son role ne s’est pas arrêté là. Il a veillé sur notre fille depuis sa naissance jusqu’à ma remontée en chambre (soit 3h plus tard), à la bercer tendrement, lui qui n’était pas spécialement à l’aise avec les petits enfants. Durant la nuit, quand je serais sous effet de la morphine, il n’a pas fermé l’oeil de la nuit, à veiller surs ses hoquets.
C’est un formidable papa… Même si l’accouchement fut difficile, je garde un excellent souvenir de son attitude. Il a été là quand il le fallait.
Quelle jolie déclaration!