J’ai lu le livre sur Gaspard Ulliel de Gaëlle Pietri, Le temps de te dire adieu, publié chez Grasset et je vous donne mon avis. Gaëlle Pietri est l’ex-compagne de Gaspard Ulliel et la mère de son unique enfant. Ce livre sort un peu plus d’un an après la disparition tragique de l’acteur, à l’âge de 37 ans.
Ce décès-là, on a tous eu du mal à y croire. Gaspard était trop beau et trop jeune pour mourir. Et puis l’accident dans lequel il a perdu la vie était vraiment trop con…
Un accident de ski, sur une piste bleue, alors que Gaspard Ulliel était un skieur aguerri? L’information a été difficile à avaler. Gaëlle Pietri utilise les mots « inacceptable, incompréhensible, grotesque ».
Le film de la collision a été vu et revu par les experts: l’accident a été classé sans suite. On ne saura jamais exactement ce qui s’est passé.
La vague d’émotions qui a suivi l’annonce de son décès a été immense. Il y a eu une pluie d’hommages et il y avait foule à son enterrement.
Ce jour-là, tous les yeux étaient posés sur la silhouette silencieuse de Gaëlle Pietri, l’ex-compagne de Gaspard, et sur le petit garçon de 6 ans qu’elle tenait par la main, enfant qu’ils ont eu ensemble, Orso.
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Le livre d’une femme en plein « travail de deuil »
Gaëlle Pietri n’avait jamais rien dit, depuis. Mais elle a écrit. Et elle est désormais publiée. Le livre Le temps de te dire adieu est une lettre d’amour à Gaspard Ulliel et à son fils mais pas seulement: c’est aussi une façon de mettre les points sur les i. Les événements sont encore frais, la colère aussi.
Tout au long du livre, le chagrin et la peine flirtent avec la rage provoquée par l’injustice de cette disparition soudaine.
Gaëlle Pietri est sur le fil. Elle est en plein travail de deuil, une expression qu’elle déteste. Elle est exposée, à vif, à nu. Son écriture est tranchante. C’est un peu comme ça qu’elle est, en vrai. Elle écrit: « Je déteste ce trait de ma personnalité. Il y a de la violence en moi. »
Elle ne cite personne mais elle en veut aux gens qui viennent prendre des selfies sur la tombe de l’acteur, à celles qui se présentent comme ses conquêtes, à ceux qui prétendent être les amis de Gaspard alors qu’il les connaissait à peine…
L’intérêt général pour les détails scabreux
J’ai lu ce qui a été écrit sur le livre depuis sa sortie, et les interviews de Gaëlle au sujet de Gaspard Ulliel, et il faut se rendre à l’évidence: ce sont les détails scabreux qui intéressent les journalistes (et les gens).
Comment a-t-elle appris la mort de Gaspard? Comment a-t-elle annoncé à Orso que son père était mort? Gaëlle raconte tout ça dans le livre et plus encore. Elle évoque, par exemple, leur séparation. Une séparation dont, jusqu’ici, personne ne savait rien.
On apprend que leur rupture a été soudaine. « En 24 heures, tu étais parti. En 24 heures, six années balayées. » Gaspard, en tournage en province, a admis « ne pas avoir été indifférent ». « À qui, à quoi, peu importe, tu es déjà loin. (…) Plus rien dans ton regard. 24 heures et c’en est fini de nous. »
Il a rompu avec la mère de son fils avec une lettre aussi jolie que violente, dont Gaëlle publie un extrait.
« Je les entends déjà dire que je monnaye ta mort… »
J’ai été touchée, et parfois un peu mal à l’aise à l’idée de tenir ce livre entre mes mains. Gaëlle ne cesse de dire que Gaspard Ulliel était un homme discret, élégant, qui n’était pas sur les réseaux sociaux…
J’aimais d’ailleurs beaucoup, personnellement, sa discrétion d’un autre temps (elles sont rares les stars qui ne s’exposent pas sur Instagram).
Gaëlle Pietri se pose la question de la légitimité de sa parole au début du récit, de sa place dans toute cette histoire…
S’il y a bien quelqu’un qui a le droit de raconter Gaspard, c’est elle. Et Gaëlle Pietri a évidemment le droit de raconter ce qu’elle souhaite.
On fait son deuil comme on peut. Je comprends le besoin de dire sa vérité haut et fort. De raconter ce qu’on a vu de la personne qui n’est plus là.
Et quand bien même, je ne comprendrais pas, je ne suis personne pour avoir un jugement sur la façon dont elle, ou n’importe quelle autre personne en deuil, allège sa peine.
Mon petit malaise perso…
Mais parfois, je me demandais si moi, j’avais le droit d’en savoir autant? En lisant ce bouquin, est-ce que je ne rentrais pas dans le jeu de l’impudeur? « Où sont passés le bon sens, la dignité, la pudeur? », s’interroge Gaëlle.
Je me suis demandée: en lisant ce livre, avais-je du bon sens, de la dignité, de la pudeur? Parce que honnêtement, que vient-on chercher en lisant ce livre, nous qui ne le connaissions pas?
Ne vient-on pas un peu se repaître du malheur des autres, comme pour tenir à distance notre éventuel malheur à nous: si c’est arrivé à d’autres, ça ne nous arrivera pas, n’est-ce pas?
Vient-on chercher de croustillantes infos people? D’ailleurs, si vous vous demandez pourquoi les célébrités nous intéressent autant, je vous invite à lire cet article de Slate sur la question. C’est passionnant.
J’ai donc souvent eu l’impression de lire un ouvrage qui ne m’était pas destiné. D’être un peu voyeuse (et d’aimer ça). De regarder dans le trou de la serrure et d’écouter certaines conversations que je n’aurais pas dû entendre.
Peut-être que la mort de Gaspard Ulliel est encore trop fraîche pour que je me sente le droit d’aller fouiner dans son intimité? Peut-être, simplement, que je me pose peut-être beaucoup trop de questions.
Si vous n’avez pas envie de philosopher mais que vous souhaitez connaître Gaspard Ulliel de façon un peu plus intime, sachez que Le temps de te dire adieu est évidemment touchant.
L’histoire d’une femme brisée mais debout
Ce livre qui parle de Gaspard Ulliel, c’est l’histoire d’une femme brisée mais qui reste debout pour son enfant. C’est aussi l’histoire d’une maman qui a dû annoncer l’horreur à son fils. Et c’est encore l’histoire d’une femme qui a dû prendre des décisions qui n’auraient pas dû lui revenir.
« Nous avons été livrés à nous-mêmes, chacun d’entre nous avec ses intuitions sur ce que tu aurais voulu, préféré, chacun avec ses convictions, ses envies, ses épiphanies, ses désirs contradictoires. »
Je l’ai en tout cas refermé en me posant une question: connait-on vraiment les gens qu’on aime? Gaëlle, qui a partagé la vie de Gaspard pendant six ans, dit rester avec « cette impression bizarre de ne pas » l’avoir « connu réellement.
Le temps de te dire adieu est une mise au point et une lettre d’amour. C’est un livre mais qui fera sûrement du bien à ceux qui ont perdu un proche. Et c’est en vente ici si vous ne le trouvez pas ailleurs.
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