C’est comment de vivre à l’île Maurice en vrai? Ça fait bientôt deux mois qu’on est installés à l’île Maurice en famille avec un visa premium.
De l’île Maurice, je connaissais ses plages paradisiaques et sa météo clémente toute l’année. Je découvre désormais l’île au quotidien et j’observe les façons de vivre des gens.
Voici toutes les choses que je trouve différentes, interpellantes ou surprenantes au quotidien à l’île Maurice. Cet article est divisé en deux parties. La deuxième partie se trouve ici.
Parce que forcément, quand on s’installe ailleurs, on est bousculés dans ses habitudes et on compare avec ce que l’on connaît.
Ce n’est ni mieux ni moins bien, tout dépend du point de vue et de nos besoins. Mais voici ce que, moi, je remarque.
La conduite: ma peur du frontal et le bruit des klaxons
À Maurice, la conduite se fait à gauche, ce qui, au départ, est un peu perturbant, mais on s’y habitue très vite. Je m’habitue moins au fait que le volant soit à droite.
Quand je suis seule et perdue dans mes pensées, il arrive régulièrement que je prenne place spontanément à gauche dans la voiture. C’est à la fois ridicule et drôle. Pas simple de se débarrasser de ses réflexes!
Parmi les choses qui m’étonnent depuis que je vis ici: les Mauriciens ont la conduite imprudente.
Ils doublent les lignes blanches continues tout le temps et ce, même si d’autres voitures arrivent en face. Ma plus grande crainte ici : le frontal.
Surprenant aussi : les Mauriciens ont le klaxon facile. Ils klaxonnent pour tout et n’importe quoi. Ils klaxonnent tellement que je ne sais pas, une fois sur deux, pourquoi ils ont klaxonné.
Les contrôles policiers sont fréquents et ça ne rigole pas trop. Sur ces 15 derniers jours, j’ai une copine qui a déjà eu une amende pour excès de vitesse et je connais une autre personne qui a dû payer 10 euros parce qu’il n’avait pas son permis de conduire sur lui.
Pour l’alcool au volant, c’est tolérance zéro.
Lors de nos premiers jours ici, le patron d’un resto m’a dit que pour deux verres de vin, on pouvait être envoyé en cellule de dégrisement pour la nuit. Je ne sais pas si c’est vrai, d’autant qu’il m’a dit ça et que là-dessus, il nous a offert un rhum à la vanille, mais je n’ai pas envie d’aller vérifier.
J’ai un petit autel religieux dans mon jardin
Les religions cohabitent dans l’apaisement. Si ça n’a pas toujours été le cas, Maurice est aujourd’hui un bel exemple de vivre ensemble. Les temples hindous côtoient les églises et les mosquées.
Les gens sont très croyants. Au point que dans mon jardin, il y a un petit autel vitré : on peut y déposer des statuettes, des bougies, des fleurs…
Ici, on prend ce qu’il y a
En vivant à Maurice, on se rend compte à quel point nous, Européens, on est habitués à avoir le choix, tout le temps. Pour vivre à l’île Maurice, il faut se faire à une règle: il faut faire avec ce qu’il y a et c’est tout.
Quand on a besoin d’un truc et qu’on le trouve, on le prend.
En Belgique, j’avais tendance à « dormir » dessus. Ici, j’ai compris qu’il valait mieux ne pas tergiverser. Ça marche pour:
la nourriture:
Parfois, il y a tel chocolat ou tel fromage au supermarché, parfois pas, et c’est comme ça. Il y a des problèmes et des retards d’acheminement permanents.
Au McDo, parfois il n’y a pas de sauce dans le burger parce qu’ils ne l’ont pas reçue, parfois ils mettent du poulet à la place du boeuf dans le Big Mac parce qu’il n’y a pas de boeuf, parfois il n’y a pas le jouet dans la Magic Box des enfants pour la même raison.
La dernière fois, ce n’était pas les mêmes frites que d’habitude. Les frites allumettes du McDo étaient remplacées par des frites plus larges de type McCain. Du jamais vu! Je suppose que là aussi, c’est parce qu’ils n’en avaient pas.
J’écris tout ça en souriant. C’est complètement anecdotique mais je voudrais que vous compreniez à quel point on vit autrement quand on vient vivre à l’île Maurice.
pour le matériel professionnel de type technique / informatique:
on a commandé du matériel pour le petit studio vidéo qu’on a installé à la maison mi-août. Le matériel aurait dû arriver quatre jours plus tard.
Nous sommes fin septembre, il est toujours “bloqué à la douane”. On le sait: on n’en verra jamais la couleur.
pour un cartable:
il n’y avait aucun sac sympa, tendance, ou de taille adaptée au dos d’un petit garçon de 6 ans. En Europe, les magasins en sont plein, dès le mois de juin!
J’ai fini par acheter un sac parmi les 10 sacs qu’il y avait en rayon: pas cher, ni beau ni moche, et au final, c’est très bien comme ça. Ce n’est pas un cartable qui donne envie ou non d’aller à l’école!
le gaz:
ici, on doit aller chercher notre gaz à la station-service la plus proche. Une bonbonne s’achète 5 euros. Parfois, il y en a. Parfois, pas.
On peut aussi nous dire que le camion arrive à 9 heures du matin le lendemain et quand tu te pointes à 10 heures, on te dit qu’il n’est pas encore là. Et au final, il débarque à 16 heures. C’est comme ça.
des meubles:
Ikea n’existe pas et ce n’est pas simple de trouver des meubles modernes de qualité acceptable. J’ai cherché une chaise de bureau pendant un mois.
J’ai fait tous les magasins. Il n’y en avait plus sur l’île. C’était rupture de stock partout. La seule possibilité? Une chaise de gamer, atroce.
J’ai fini par acheter une chaise basique et j’ai mis une galette en osier pour être à bonne hauteur. Ce n’est pas l’idéal mais je n’ai pas trouvé mieux.
au resto:
on demande de la glace au chocolat en dessert. La serveuse nous répond qu’il n’y en a pas aujourd’hui. On prend une glace vanille. Elle nous ramène finalement une glace au chocolat sans être revenue nous dire que finalement, il y en avait.
On commande un toast au bacon à la carte d’un endroit de petit-dej et brunch près de chez nous. “Les avocats ne sont pas encore arrivés, madame.” C’est comme ça, tout le temps, pour tout.
Tout se fait via Whatsapp
La personne qui s’est occupée des papiers de douane pour mon chat me parlait via Whatsapp. Je lui envoyais des mails, et elle répondait à mes mails sur Whatsapp.
Les profs d’Ezra communiquent les devoirs et les informations importantes via Whatsapp. Il n’y a pas de journal de classe.
La personne chez qui j’ai réservé notre voiture m’a envoyé le contrat de location via Whatsapp.
Quand je pense qu’en Belgique, Whatsapp ne me servait qu’à faire des blagues entre potes. Ça me change!
Je n’ai pas d’adresse précise
Je n’ai pas d’adresse. Enfin, si, j’ai le nom d’une rue mais la rue est longue. Je n’ai pas de numéro de maison et je ne sais pas très bien si j’habite à Pereybère, Grand Baie ou Rivière du Rempart. C’est flou.
C’est un peu comme si je vous disais que j’habitais Chaussée de Waterloo à Bruxelles. Vous en conviendrez, c’est un peu vague.
Je n’ose donc pas me faire livrer de colis parce que je ne sais pas comment le facteur va me trouver.
D’autant qu’il ne peut pas atteindre ma porte pour venir y frapper puisqu’il y a une énorme porte sécurisée devant chez moi, et qu’il n’y a pas de sonnette au niveau de cette porte sécurisée pour me signaler la présence d’un éventuel visiteur.
On m’a dit que je devais aller me signaler à la poste et expliquer dans quelle maison j’habitais.
Je joue la sécurité: j’ai fait livrer un colis de livres pour Ezra à son école, qui est visible, connue et qui a pignon sur rue. Reste à voir, maintenant, combien de temps il va mettre pour arriver.
L’importance du Super U
J’ai loué ma maison à distance. À chaque fois que je téléphonais à une agence immobilière pour un bien, la personne me donnait la distance entre la maison et le Super U. Je ne comprenais pas le délire.
Aujourd’hui, je sais: le Super U est la solution à tout quand tu ne trouves pas quelque chose. Les prix pratiqués sont des prix européens mais c’est vrai que le Super U nous sauve régulièrement.
Le Super U, c’est l’équivalent de nos grands Carrefour en Belgique: il vend de la nourriture, des vêtements, des plats, de l’électroménager, des magazines et quelques livres, et j’en passe. Tout est rassemblé au même endroit et ça, sur une île, c’est un luxe.
Pour des achats précis, il n’est pas rare qu’on fasse trois ou quatre magasins avant de trouver ce dont on avait besoin ou quelque chose qui y ressemble plus ou moins.
Vivre à l’île Maurice, c’est s’étonner de l’ultra sécurité
Les maisons sont ultra-sécurisées. Il y a des portes sécurisées automatiques et des grillages électrifiées autour de chaque maison dans notre quartier. Au début, ça me faisait l’inverse que l’effet escompté: ça me faisait flipper.
Si c’est autant sécurisé, ça veut dire qu’il y a des risques de cambriolage? Au bout de deux mois, je constate que la vie ici est douce et qu’en fait, c’est surtout une habitude culturelle.
Ça se fait beaucoup en Afrique du sud, où la criminalité est en hausse constante, et il y a beaucoup de touristes sud africains ici. Eux, ça les rassure, forcément.
Évidemment, il y a aussi une disparité de revenus entre les Mauriciens et les touristes. Ça peut provoquer envie et agressions. Il est conseillé aux touristes et expatriés d’opter pour des logements en résidence sécurisée afin d’éviter les ennuis.
J’ai vécu à Bruxelles, dans des quartiers parfois un peu compliqués, et je ne me sens pas du tout en insécurité ici.
Cela dit, on ne traîne pas vraiment dehors le soir, on a une maison agréable mais modeste, et je n’ai aucun objet de valeur ni sur moi ni chez moi, à part un téléphone et un ordinateur.
Les coupures d’eau et d’électricité sont fréquentes
Parce qu’il y a des travaux, parce que le mauvais temps ou simplement parce que c’est comme ça, les coupures d’eau et d’électricité sont régulières. Quand on vient vivre à l’île Maurice, il faut s’y faire.
La moitié de mon quartier n’a pas d’eau depuis plusieurs semaines suite à la rupture d’une canalisation sur un chantier. Chantier qui a, depuis, été arrêté. Ils n’ont pas réparé le tuyau, l’eau n’est donc pas revenue et personne ne peut rien y faire.
Les gens doivent faire appel à des camions privés qui viennent leur livrer de l’eau à domicile. Ce qui est fou? Personne ne s’énerve. C’est Maurice, c’est comme ça. On apprend à vivre autrement, à trouver des solutions, des plans B, C ou D.
Les coupures d’électricité sont fréquentes aussi.
Dimanche dernier, tout était à l’arrêt de 8h30 à 15h pour cause de réparation d’une ligne à haute tension. C’est la première fois en deux mois qu’on n’avait pas d’électricité pendant aussi longtemps.
Des coupures plus courtes arrivent souvent. On n’a plus de courant pendant dix, quinze minutes et puis, ça revient.
Vivre à l’île Maurice, c’est vivre avec des chiens errants
Je vous en avais déjà parlé sur Instagram: il y a des chiens errants partout. Dans la rue, sur les terrasses des restaurants, sur les plages.
Beaucoup de chiens sont abandonnés dans la nature parce qu’ils ne sont plus des chiots, qu’ils sont moins mignons, qu’ils coûtent plus cher à entretenir, qu’ils tombent malades… Ils ne sont pas stérilisés. Ils se reproduisent à l’infini.
Pour tenter d’enrayer le phénomène, le gouvernement les attrape et les euthanasie, et des associations tentent de faire comprendre aux responsables politiques que ce n’est pas la solution: il faut éduquer les gens au bien-être animal et stériliser les chiens.
C’est surprenant en tout cas de voir autant de chiens en liberté partout sur l’île.
En Belgique, un chien qui se balade, seul, dans la rue, est forcément un chien qui s’est échappé de chez lui et que quelqu’un recherche.
Le prix des jouets me fait halluciner
Je ne me l’explique pas mais le prix de certains jouets est affolant. J’ai vendu le garage Hot Wheels d’Ezra que j’avais acheté 100 euros en Belgique en pensant racheter le même ou un ressemblant ici.
Je n’ai rien trouvé en dessous de 200 euros.
Les Lego sont super chers, j’ai vu des circuits de train en bois qui coûtent 100 euros chez nous, vendus 400 euros ici.
Bref, heureusement qu’on vit beaucoup dehors et que sur la plage, les enfants n’ont pas besoin de grand-chose.
Enfin d’en savoir plus? La deuxième partie de mes constatations sur la vie à l’île Maurice se trouve ici.
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