Cela fait une semaine que nous sommes arrivés à l’île Maurice. Voici un billet pour vous partager l’humeur du jour de cette expatriation en famille, un billet sur le thème des habitudes et des doutes.
C’est marrant. Ou plutôt étrange. D’un côté, je m’expatrie pour vivre autre chose, voir d’autres paysages et goûter à d’autres saveurs, et de l’autre, j’ai peur de priver mon fils de ce qu’il connaît, des traditions, de ses habitudes. Quand on est partis vivre en Californie, il avait un âge qui se compte encore en mois et il n’a aucun souvenir de notre arrivée et de nos premiers pas dans une vie et un pays tout neufs. Ici, il est acteur du projet, il participe, donne son avis, à ses humeurs et ses envies. Et je me rends compte que ça rend ce changement de vie plus perturbant à mes yeux.
Je ne sais pas comment on fait pour éduquer un enfant ayant déjà sa propre connaissance du monde extérieur ailleurs que là où on a soi-même vécu. C’est complètement idiot de penser ça sous prétexte que je suis à l’étranger sachant que j’ai fait le choix de n’avoir qu’un seul enfant alors que je suis issue d’une famille de quatre enfants et que rien que ça, la base, c’est complètement autre chose que ce que moi, je connais.
Et c’est complètement con parce que mon fils s’adapte à tout avec une facilité éblouissante et que la curiosité et la découverte, à 6 ans, c’est un truc tout à fait inné et joyeux.
Une histoire de sapin de Noël
Quand je lui ai dit hier qu’ici à Maurice, le filao, cet arbre qui, souvent, borde l’océan, remplaçait généralement le sapin de Noël, j’ai présumé qu’il allait regretter d’avance le Nordmann ou l’épicéa traditionnel des fêtes de fin d’années en Belgique. Je m’attendais à un: oooh on n’aura pas de sapin alors? Mais il m’a répondu sans tiquer: on pourrait aussi faire un palmier de Noël.
En fait, c’est moi qui ai plus de mal à me défaire de ce que je connais, de ce qui m’imprègne depuis toujours. Finalement, ce n’est pas étonnant de voir les Français se réjouir, partout dans le monde, d’avoir trouvé une bonne baguette dans une boulangerie locale. Ce n’est pas que gustatif comme combat. C’est un truc qui rassure, un doudou pour adulte.
Ça fait une semaine que nous sommes à Maurice et je regarde ce qui m’entoure avec des yeux de biche pris dans des phares de voiture. On me dit souvent que je semble n’avoir peur de rien alors qu’en réalité, j’ai peur de l’avion et j’ai peur de ne pas être plus heureuse là où j’arrive que là j’étais… entre mille autres choses. Finalement, en relisant l’article que j’avais écrit en octobre 2017, quatre mois après notre arrivée en Californie, j’avais moins peur du changement quand mon enfant était petit.
L’expatriation n’est pas qu’une histoire de check list
On ne s’expatrie pas comme on enfile des pantoufles. On est aspirés par le vide, on mesure les kilomètres qui nous séparent de ce qu’on connaît et ceux qu’on aime, on passe de « putain mais qu’est ce que je fais là? » à « on va être bien, hein? ». Ce n’est pas un processus linéaire. L’expatriation est une aventure pleine de doutes et de remises en question. Des doutes qui se calment, – chez moi, en tout cas -, quand j’ai recréé de nouvelles habitudes propres à ma vie dans ce nouveau pays, dans ce nouveau quartier, et dans cette nouvelle maison que j’ai choisis. J’avais d’ailleurs aussi écrit un article sur le fait de se sentir chez soi quand on s’expatrie. Comme quoi, où qu’on aille dans le monde, c’est un thème récurrent.
Je vous ferai la liste des habitudes qu’on se sera inventées quand elles s’imposeront à nous. En attendant, j’avais envie de vous faire part de ce qui me traverse dans cette grande aventure qu’est le déménagement en famille à l’étranger. Parce que sur Internet, on trouve souvent des conseils sur l’expatriation, comme si c’était un truc facile, qui se réussissait d’emblée grâce à quelques check lists, mais c’est surtout, surtout, une affaire émotionnelle bouleversante.
Ma copine Fanny de Babymeetstheworld a beaucoup raconté ce qui lui passait par la tête quand elle était en Thaïlande avec son homme et leurs deux garçons. Ici, encore ici ou bien là. Les beautés et les difficultés. Je le faisais aussi quand j’étais en Californie. Le premier article de ce blog – intitulé Les choses que j’aurais voulu qu’on me dise avant d’avoir un enfant – est d’ailleurs né d’un soir difficile et de questionnements maternels.
Les doutes ne sont pas propres à l’expatriation
Attention: les doutes ne sont pas propres à l’expatriation, on doute aussi quand on change l’enfant d’école, quand on change de boulot. Les doutes accompagnent les changements, c’est normal. Et d’ailleurs, on peut douter parce qu’à l’inverse, on est immobile depuis trop longtemps, qu’on stagne et que ça manque de vie et de nouveauté. Ne lisez pas dans cet article ce que je ne dis pas: je ne regrette absolument pas notre aventure ici. Je partage avec vous des questionnements qui seront peut-être les vôtres un jour, ou qui simplement vous feront réfléchir à votre propre situation.
Et vous, si vous êtes expatriés, comment avez-vous vécu les premiers jours/les premières semaines? Et si l’expatriation vous tente, quelles sont vos craintes, quels sont vos doutes? Allez-y, il n’y aura aucun jugement ici, toutes les peurs sont légitimes.
Inscris-toi à la newsletter du dimanche Sea You Sunday et reçois un mail de ma part chaque dimanche. Rejoins-moi sur Instagram, Facebook, YouTube et Pinterest. Si tu aimes le blog, tu peux aussi me payer un café pour le soutenir. Enfin, tu peux également te procurer mon Guide de la Belgique en famille qui rassemble 100 activités à faire en famille à travers tout le pays.
8 comments
C’est intéressant ces questionnements dont tu parles. Je suis expatriée dans le sens où en effet je vis hors de France. J’ai rejoint mon amoureux de jeunesse qui vivait aux us. J’y suis depuis 10ans et nous sommes citoyens us. Nos enfants sont nés ici. Et pourtant je me pose 1000questions car j’ai toujours la sensation d’avoir le cul entre 2 chaises. J’ai comme repaire mon enfance en France et j’ai toujours tendance à comparer et me dire mince ils vont pas connaître ça, est ce que c grave? Est ce qu ils sont heureux ici?
Toujours un réel plaisir de vous lire, de m’interroger aussi. Merci Déborah.
Merci Anne-Marie. 🙂
Superbe article, le 1er que je lis depuis que j’ai découvert votre compte sur insta récemment ! Mon mari rêve d’aller vivre en Polynésie, moi je suis complètement flippé de tout ce dont vous évoquez dans l’article et de bien d’autres choses encore ….j’aime l’aventure, mais j’adore mon cocon et mes habitudes. J’ai envie de découverte mais « et si on regrettait ». Je me dis que ça serait une super expérience pour ma fille (7 ans) mais j’ai peur qu’elle soit bouleversée….enfin tout ça quoi ! Je continuerai de suivre vos aventures….peut être que ça cheminera de mon côté….merci pour vos partages !
Bonjour! C’est aussi notre première semaine d’expatriation et même si nous l’avons déjà vécu, je me retrouve tout à fait en lisant ton article .. la dernière fois, nous avions des enfants plus petit et ça change la donne.. nos enfants ont 12, 10 et 6 ans .. en effet, ça fait flipper car on emmène plus uniquement des valises avec nous 🙂 même si on regrette pas notre choix c est un challenge ! Ce n’est pas juste une Check list à suivre point par point comme tu dis.. même s’il faut un peu d’organisation .. merci pour ton partage ! J’adore lire tes articles car je me retrouve rell ment en les lisant ..
Moi je ne m’expatrie pas…je n’ai plus d’enfants à élever… Et pourtant j’adore lire vos articles qui disent si bien les choses… Le talent sans doute ?. Même aux States ils l’ont reconnu !
Je suis tomber sur votre blog en cherchant un peu des réponse à mes réponse mon mari veut qu’on part à l’île Maurice pour essayer 1an j’avoue je ne suis pas très chaud si on été que nous 2 je n’aurais pas hésité une seconde mais on a 2 enfants 9 et 4 ans comme vous dites on a peur de changer leurs mode de vie leurs habitudes. Leurs éducation etc. En vous lisant ça m’apaise un peu. Bonne continuation ?
Franchement, les enfants s’adaptent à une vitesse de fou, bien plus rapidement que les adultes, et la vie ici est très très douce. Depuis que mon fils a commencé l’école, je suis très heureuse, et lui aussi.