J’avais en tête l’assassinat de Gianni Versace sur les marches de sa villa en Floride. C’était en 1997, le créateur était alors au sommet de la gloire. Son meurtrier mit fin à ses jours quelques jours plus tard, alors que la police encerclait la maison dans laquelle il se trouvait. Ses motivations n’ont jamais été très claires mais la police suppose qu’il visait des hommes homosexuels. J’avais étrangement moins entendu parler de l’assassinat de Maurizio Gucci, survenu deux ans plus tôt. Le film “House of Gucci“, le deuxième mettant Lady Gaga en vedette, revient sur cette histoire familiale digne d’une tragédie grecque.
“House of Gucci”: qui? quoi?
Ridley Scott est aux manettes de ce film de facture assez classique et trop long mais excitant par son casting cinq étoiles. Patrizia Reggiani (Lady Gaga) travaille pour la modeste entreprise de son père quand elle tombe sous le charme de Maurizio Gucci (Adam Driver), héritier de la maison de luxe italienne Gucci. Patrizia est mondaine, amusante, curieuse mais pas franchement cultivée. Elle n’est pas celle que le père Gucci espérait pour son fils. Maurizio s’en moque: il préfère l’amour au business. Il épouse Patrizia alors qu’elle est âgée de 24 ans.
Patrizia Reggiani a de l’ambition. Elle connait la valeur de l’empire Gucci et elle entend bien se faire une place au soleil. D’abord avec finesse et intelligence, ensuite avec poigne et autorité, elle pousse son mari à prendre la place qui lui revient. Patrizia veut tout: l’amour, la reconnaissance, le succès, la crédibilité, la richesse. Elle encourage son mari à renouer avec sa famille pour mieux défaire leurs liens, petit à petit, trahisons après coup bas. Maurizio, sous le charme de sa piquante épouse, satisfait à ses exigences, jusqu’à se lasser de ses critiques permanentes. Il finira par la quitter pour une femme plus jeune et revendra ses parts de la maison Gucci à une banque d’investissement de Bahreïn. Humiliée par ce qu’elle estime être l’ultime mauvais choix de son mari, bafouée sentimentalement, Patrizia prendra sa revanche de la façon la plus terrible et définitive qui soit.
Trois bonnes raisons de voir “House of Gucci”
Parce que Lady Gaga prouve que “A star is born” n’était pas un accident
Je vous en parlais déjà sur Instagram: le film “House of Gucci” vaut le déplacement au cinéma pour ses acteurs. Lady Gaga prouve que “A star is born” n’était pas un heureux accident dans sa carrière: elle a un vrai talent d’actrice. Ce rôle de Patrizia Gucci, arriviste, directive, flamboyante, et prête à toutes les modes capillaires, lui va comme un gant. Son mètre 55 ne rougit jamais devant le mètre 91 d’Adam Driver, son partenaire à l’écran. Jared Leto, méconnaissable, cabotine dans le rôle de l’excentrique Paolo Gucci. Sa transformation physique est épatante. Le bleu perçant de son regard est la seule chose qui prouve que Jared est bien présent derrière le maquillage et les prothèses. Parmi les autres acteurs au casting, je cite Al Pacino, Camille Cottin, Jeremy Irons ou encore Salma Hayek.
D’ailleurs, un petit aparté pour ceux que ça intéressent. La Française Camille Cottin, qui vient de jouer avec Matt Damon dans “Stillwater”, partage quelques scènes avec Adam Driver et Lady Gaga mais elle a peu de présence à l’écran. Dans House of Gucci, Camille Cottin joue Paola, l’amie d’enfance et amoureuse de Maurizio à l’époque de sa mort. L’actrice découverte dans “Connasse” se fait, doucement mais sûrement, sa place à Hollywood.
Parce qu’on débat pendant des heures, après
On va voir le film “House of Gucci” pour le débat qu’il suscite, ensuite. On s’interroge: Patrizia aimait-elle réellement Maurizio ou n’en voulait-elle qu’à son argent et à son nom? On revient sur les histoires d’héritage de notre entourage: l’argent provoque toujours disputes, jalousies et réglements de compte en famille. On se dit que finalement, le père qui ne voyait pas d’un bon oeil l’union de son fils unique avec une ingénue avait raison de se méfier. On aimerait que l’amour l’emporte sur tout mais la vie nous prouve régulièrement que pognon et sentiments font rarement bon ménage. Et que quand on n’est pas du même rang social, c’est encore pire. Pour info, il n’y a plus aucun Gucci qui travaille, aujourd’hui, pour la marque Gucci. Tout ça, pour ça. A trop vouloir, ils ont tous, tout perdu.
Parce que c’est un fait divers croustillant et historique
On fonce voir “House of Gucci” pour en apprendre plus sur un fait divers historique. Ce film n’est pas un documentaire mais on a justement envie d’en visionner un juste après. On aimerait comprendre la rage de la veuve noire condamnée à 29 ans de prison pour le meurtre de celui qu’elle avait épousé. Cette femme qui a refusé d’en sortir en 2011 parce que l’une des conditions de sa libération exigeait qu’elle trouve un emploi. Cette femme qui a inscrit le mot “paradis” dans son agenda, le jour de la mort de Maurizio. Aujourd’hui âgée de 72 ans, Patrizia Gucci est libre et se dit “sans le sou”. Un destin digne d’une tragédie shakespearienne. Perso, j’adore quand la réalité rattrape la fiction.
Mes autres avis cinématographiques se trouvent dans la rubrique culture de SeaYouSon.
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