Il faut pouvoir dire qu’on se foire quand c’est le cas, alors bon, quand même, il faut admettre qu’on est loin d’être des exemples pour nos enfants quand on cause du temps passé dans les écrans. Moi, je suis du genre à limiter, à m’offusquer, à me dire que, franchement, ça ne le rend pas très malin de faire la larve devant un iPad… Mais je passe ma propre vie soit devant un ordi soit devant mon téléphone. Ce paradoxe parental est abordé dans le dessin animé Ron Débloque.
Ron débloque: le pitch
Barney, 13 ans, espère que son père va lui offrir un B-Bot pour son anniversaire. Le B-Bot est une petite merveille de technologie que tous ses camarades d’école possèdent. Tous sauf lui. Grâce à son algoritme surpuissant, le B-Bot devient le meilleur ami de l’enfant auquel il appartient. Il connait tout de lui: ses passions, les endroits qu’il aime fréquenter, les choses qu’il aime manger… Barney, sans B-Bot, est esseulé.
Dans un premier temps, son père lui refuse ce gadget qu’il estime dispensable: c’est cher et puis, c’est quand même mieux de se faire des amis en vrai, dit-il en baissant les yeux sur son téléphone après avoir reçu une notification. J’ai eu peur que mon fils fasse un parallèle avec certaines scènes de notre vie quotidienne mais il n’a rien dit et j’ai fait face à mes propres paradoxes en silence. Et puis, parce qu’on a beau lutter, la pression est souvent la plus forte: le père de Barney finit par lui acheter un…
Une critique connue mais…
Ron débloque est une critique des réseaux sociaux et des technologies qu’on ne peut plus vraiment qualifier de « nouvelles ». Je vous dirais bien qu’elle est acerbe mais j’ai trouvé ça un peu gentil. Les messages, on les connaît: les géants de la tech ne visent pas du tout le rapprochement humain mais bien la collecte de données personnelles dans le but de s’en mettre plein les poches.
Trop en dire sur soi sur Internet est dangereux. Les réseaux sociaux nous isolent au lieu de nous rassembler. On se compare, on cherche la validation de gens qu’on ne connait pas au lieu de s’intéresser à ceux qui font partie de notre entourage proche. J’ai 36 ans, j’étais née avant Internet, j’ai vu The Social Dilemma sur Netflix, je suis au courant des dangers.
… c’est une bonne façon d’entamer la discussion
Mais j’ai trouvé que Ron débloque est une chouette façon d’entamer la discussion au sujet de l’utilisation des réseaux sociaux avec un enfant. C’est rigolo et très chouette à voir en famille. Il y a plein d’allusions à ce qu’il se passe dans la réalité. Ainsi, le créateur des B-Bot s’appelle Marc (je ne vous fais pas l’affront de vous dire à qui ça fait référence) et il est tout le temps habillé de la même façon, comme l’était Steve Jobs, feu grand manitou d’Apple.
Le B-Bot dont Barney finit par hériter est défaillant. Il ne fait rien comme les autres et c’est finalement tous ses ratages qui font son charme et le rendent attachant. Le scénario est cousu de fil blanc mais ça soulève quelques questions intéressantes. C’est une critique de la société à hauteur de marmot. Ca aura peut-être plus d’impact sur leur petit cerveau que les sempiternelles remontrances et explications parentales.
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