On croit qu’on sait ce que veut dire l’amour. Et puis, on devient parent. Mon enfant, voici toutes les choses pour lesquelles je t’aime.
Mon enfant,
Je t’aime parce que grâce à toi, je connais la valeur d’une bonne nuit de sommeil. Je prenais ça pour acquis. Je sais désormais la joie d’avoir dormi sans être réveillée, quand ça arrive. Tu m’offres, de temps en temps, ce bonheur incommensurable, ce repos salutaire. Et je ne prendrais probablement pas autant de plaisir à dormir si je n’étais pas aussi fatiguée. Et cette fatigue-là, c’est à toi que je la dois.
Je t’aime parce que depuis que tu es né, j’ai peur de la mort. Sans cesse. De la tienne, de la mienne, de celle de ton père. Je prétexte que tu as peut-être froid parce que tu t’es découvert pour m’inviter dans ta chambre la nuit, mais en remontant la couette sur ton petit corps endormi, je dépose ma main sur ton torse au soulèvement imperceptible. Pour être sûre que tout va bien. J’imagine parfois ma vie sans toi et le puits de douleur dans lequel ton absence me plongerait. J’imagine parfois que peut-être, je partirai trop tôt et que tout ce qu’il te restera de moi, ça sera des souvenirs. J’ai tellement peur de la mort depuis ta naissance que j’ai appris à vivre mieux, plus intensément encore. Je balaie plus vite les contrariétés. J’évacue les problèmes plus rapidement. Tu me rappelles à chaque instant l’urgence de vivre dans le présent.
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Je t’aime parce que tu me donnes une raison valable de travailler les jours où je trouve que mon job n’a aucun sens. L’argent, à lui seul, n’a jamais été une motivation suffisante. Mais en gagner pour te faire plaisir, t’acheter de jolis vêtements, te gâter à Noël, t’offrir une glace ou des vacances, ça me va. Je me dis alors que ça vaut la peine de s’accrocher.
Je t’aime parce que depuis toi, j’ai perdu des moments en tête-à-tête avec ton père, mais je savoure d’autant plus nos furtives retrouvailles. Mes sens sont accrus quand je marche dans la rue sans être obligée de te tenir la main. Je profite mieux de tout ce qui m’entoure. Je profite mieux de ton père, du coup. Je regarde les rides qui se creusent au coin de ses yeux et je sais que la progression des miennes ne ralentit pas malgré la couche de crème que j’y applique chaque matin. On vieillit ensemble. Et tu es désormais le joli trait d’union qui nous liera à jamais. Grâce à toi, d’ailleurs, j’ai découvert de nouvelles qualités à mon partenaire de vie. Je suis consciente de ma chance de l’avoir dans ma vie pour m’épauler et me faire rire.
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Je t’aime parce que tu me pousses sans cesse à me remettre en question. Des choses que je croyais logiques ne le sont absolument à hauteur de tes yeux d’enfant. Tu m’obliges à m’interroger sur la pertinence des valeurs que je veux t’enseigner et des habitudes que je te donne. Tu me questionnes, tu m’interpelles. Toujours quand je ne m’y attends pas. Tes questions sont simples et mes réponses doivent l’être aussi. Ce qui ne veut pas dire que j’ai le droit de minimiser la complexité des choses. Mais tu m’obliges à trouver les mots justes pour t’expliquer l’inexplicable.
Avec toi, je révise ma culture générale mais surtout, je me rends compte que certaines choses sont tellement intégrées en moi que je suis incapable d’en exposer les fondements. Hier soir, on chantait Au clair de la lune et tu m’as demandé ce que ça voulait dire « l’amour de Dieu ». J’ai ramé. Je rame encore. Mais je me suis promis d’être prête pour la prochaine salve de questions sur la religion. Grâce à toi, je reprends les bases et je revois mes classiques. Et je les comprends enfin.
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Je t’aime parce que depuis toi, ton excitation permanente, le bruit qui règne entre nos quatre murs, je suis toujours un peu contente de partir de chez moi. Mais je suis, surtout, contente de rentrer. Tu me donnes goût aux habitudes et à la routine. Et je n’aurais jamais cru ça possible.
Je t’aime pour tes erreurs de langage qui me font mourir de rire, pour les baisers que tu déposes sur mes poignets qui arrivent à la hauteur de tes lèvres quand on est tous les deux debout. Je t’aime parce que tu m’interromps sans cesse et que du coup, je prends du plaisir à être concentrée, quand j’en ai l’occasion. J’exploite mon temps de la meilleure façon possible.
Je t’aime pour toutes les portes que tu as refermées, pour toutes les questions douloureuses qui ont trouvé des réponses avec ta naissance. Et je t’aime aussi pour le champ des possibles qui s’ouvre devant moi. Mon enfant, tu me donnes de la force, de l’énergie et de nouvelles perspectives. Ma mission aujourd’hui est de te rendre tout ça au centuple.
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8 comments
? je pensais lire un article émotion et ce fur un article sarcasme
Oh bah non, c’est emotion. C’est se dire que même sur les trucs relous, il y a la possibilité de trouver de l’amour ??
Cette déclaration d’amour est, est, est…. bah voilà, je ne trouve pas les mots. Magnifique tout simplement ?
Super article. Je m’y retrouve en tant que maman. Merci.
??
Merci Cécilia. J’adore réduire les gens au silence ?
J’adore cet article Déborah! ??Il parlera à chaque maman
J’espère. Je crois. Merci ??