La date tant attendue approche et je me frotte les mains. Saint-Nicolas passera le 6 décembre à Palm Springs. Que pour Ezra, puisqu’ici les gamins n’y croient pas. Ils ne savent d’ailleurs même pas qui il est et quand on le leur décrit (« un grand barbu avec un chapeau rouge »), ils nous jettent un regard condescendant croyant qu’on se goure avec Père Noël. J’entretiens la légende malgré la distance qui nous sépare de la Belgique et cette année, pour une raison bien précise: Saint-Nic’ emportera avec lui la tute d’Ezra, ce petit morceau en caoutchouc qui m’exapère depuis quelques semaines.
Je n’ai jamais été contre la tétine, bien au contraire. À la maternité, Ezra a très vite exprimé son envie de succion. L’infirmière m’a dit que c’était normal, têter rassure les bébés. Ne me dites pas que j’aurais pu le mettre au sein: je n’ai pas allaité, je ne le souhaitais pas et je n’ai jamais culpabilisé à ce sujet. Je lui ai donné une tute rapidement pour éviter qu’il trouve son pouce. J’y avais déjà réfléchi et je me disais qu’une tute, objet extérieur au corps, s’enlèverait plus facilement qu’un pouce, le jour venu. Donc oui, Ezra a pris une tute dès sa première nuit sur terre et il a fait ses nuits quasi instantanément. Pour moi, le lien de cause à effet a toujours été évident. Je n’ai pas cherché à le forcer à faire sans pour me prouver ou prouver aux autres que je pourrais y arriver, que mon enfant n’avait pas besoin de ça pour dormir. L’infirmière de nuit trouvait que j’aurais dû attendre. Elle trouvait aussi que j’aurais dû allaiter, donc bon… Je l’ai senti comme ça et je n’oblige personne à faire pareil.
Je ne me suis pas pris la tête à la maternité. Et encore moins à la maison. Je n’ai jamais mis sa tute dans une boîte spéciale, je ne l’ai jamais stérilisée. Quand elle tombe, je la rince et c’est tout. J’ai pris un modèle naturel, avec l’embout en caoutchouc rond, parce qu’il me semblait que c’était mieux mais qu’importe le modèle, la tute, de toute façon, ça dézingue pas mal le sourire des mômes. Une fois qu’Ezra a eu des dents et qu’il s’est mis à jouer avec sa tute, dès que je constatais que l’embout était déchiré, même légèrement, je la jetais à la poubelle. Ça se transforme sinon en nid à bactéries. Je n’ai jamais vécu de drame, on a toujours eu plusieurs tutes sur nous (dans la poche, dans le sac à langer, dans la voiture) pour calmer le petit pépère, donc je ne me suis jamais sentie dépassée parce que je l’avais oublié. Et puis, il a grandi, il a commencé à parler, et j’ai commencé à négocier.
Ezra le sait: il doit enlever sa tétine pour dire ce qu’il a à dire. Sans ça, je ne comprends rien et je ne fais non plus l’effort de le comprendre. Il sait qu’il a droit à sa dose de tétine pour dormir et lors des longs trajets en voiture. Quand on en sort, la tute reste impérativement dans son siège. En journée, on évite le plus possible. Mais j’ai beau les planquer, j’en oublie toujours une quelque part et il finit toujours par la trouver. Chose quand même très bizarre parce qu’il ne trouve jamais sa deuxième chaussure qu’il abandonne toujours dans la maison, le plus loin possible de la première…
J’ai décidé qu’à trois ans, on arrêtait l’affaire. Je suis très ferme là-dessus. Il a une petite béance dentaire. Rien d’irrémédiable selon le dentiste: les dents de devant descendront toutes seules dès l’arrêt de la tétine. Je sais par contre qu’au-delà des trois ans, il y a un risque que les dents définitives soient impactées par ce petit bout de caoutchouc. Je prends donc les devants. J’en ai également franchement marre de le voir baver comme un bébé et flinguer ses T-shirts propres à peine enfilés. Je trouve aussi que ça le ramollit. La tute le fait somnoler, comater, régresser et geindre. Il veut les bras, il est subitement fatigué, c’est pénible.
J’avoue, j’ai pu profiter des règles strictes de l’école californienne qu’il fréquente: la tute y est interdite. Il me la donne devant la porte et je dois promettre de la lui rendre quand je viens le chercher. Il fait la sieste en classe tous les jours. Je sais donc qu’il est capable de dormir sans, c’est un bon début. Je vous résume ici mes trucs pour le préparer au grand jour. Rendez-vous sur Instagram après le 6 décembre pour voir si ça a suffi.
Je suis honnête avec vous: plus l’échéance approche, plus il réalise, moins il a envie d’y être. Ce matin, il m’a dit: « Quand Saint-Nicolas va prendre ma tutute, je vais pleurer très fort comme ça: bouhouhou. » On va se marrer, donc. Mais je coupe court ici aux commentaires qui me diraient que je dois attendre que ça vienne de lui-même. C’est une option mais ce n’est pas celle que j’ai choisie. Je ne pense pas que je vais le traumatiser. C’est un petit malin, il comprend très bien les choses. J’aurais évidemment préféré qu’il arrête de lui-même entre deux et trois ans. Ce n’est pas le cas. Donc je prends les choses en main. Voici mes conseils.
La préparation est vitale. Pas de mauvaise surprise: Ezra sait que Saint-Nicolas va passer la lui prendre et qu’il lui offrira des cadeaux, en échange. On ne laisse surtout aucune porte ouverte. Saint-Nicolas (ou Père Noël, ou les Cloches de Pâques, ou la maîtresse à la fin de l’année scolaire, ou…) la prendra, ce n’est pas une option, c’est une affirmation. Peu importe le jour que vous avez fixé dans l’année: choisissez-en un et soyez forte. Les fêtes sont évidemment idéales: c’est un moment important de l’année. Ne flanchez pas. Ne reculez pas l’échéance. Et parlez-en à votre enfant. Régulièrement. Qu’il sache à quoi s’attendre, même s’il n’est pas vraiment d’accord.
Pour le motiver, un cadeau peut fonctionner. Même hors période de fêtes. On ne radine pas sur la question et non, ce n’est pas du chantage. C’est un grand pas pour lui, il mérite que vous le récompensiez. Quand vous avez une promotion, vous fêtez ça, non? Il est trop petit pour le champagne mais faites-lui vraiment plaisir, ça fera passer la pilule en douceur.
Soyez prête, vous aussi: vous allez probablement déguster. Il risque de râler, de pleurer, de réclamer, de supplier, d’avoir du mal à s’endormir. Ecoutez-le mais soyez ferme. Allez de l’avant, soyez positive, serrez les dents, faites le dos rond: ça passera. Il va s’habituer. Pour éviter un retour en arrière et vous évitez de craquer, jetez toutes les tétines à la poubelle dès le premier jour. Un jour, il arrêtera d’y penser, je vous l’assure: je n’ai jamais vu d’ado avec une tute en bouche. Tout le monde s’y fait.
Il n’a jamais discuté la règle « no-pacifier » de l’école. Alors qu’il discute celles que je lui donne en permanence. Je pense donc qu’une personne extérieure a parfois plus d’impact sur nos enfants que nous. On le confie donc à sa tante qu’on aura briefée au préalable sur la question et on voit si ses paroles font écho en lui.
On peut aussi lire des bouquins sur la question mais ici, ils n’ont eu absolument aucun impact sur Ezra. C’était pareil pour l’apprentissage de la propreté. Il était bien content de voir le personnage de l’histoire aller sur le pot, mais ça ne lui donnait pas particulièrement envie de faire pareil. Cela dit, vous pouvez profiter d’une lecture pour aborder le sujet sérieusement. Je vous conseille Plus de tétine, le classique P’tit Loup veut sa tétine ou encore l’histoire du super-héros avec une tétine.
Bref, bon courage. N’hésitez pas à me faire part de vos expériences, conseils ou galères. We can do it!
10 comments
La sucette est un doudou… alors bien sur que ça n’a rien de mal de l’y avoir « habitué »! Quand c’est trop dur, on peut réfléchir à un autre objet transitionnel… avec les enfants que j’accompagne, nous ne faisons aucunement la guerre aux tutes! C’est un objet qui sert à sécuriser l’enfant quand il est loin de sa figure d’attachement (donc par contre on l’enlève avec maman)… une fois l’enfant suffisament sécurisé, lui-même n’aura plus envie de sa tute! Bon courage 🙂
Il m’a demandé s’il devait aussi donner son doudou. Je lui ai dit que ça, il pouvait le garder toute sa vie. ??
Même si je suis partisane du fait qu’un enfant peut garder sa tétine le temps qu’il en a besoin, je respecte ton choix. Chaque parent a ses propres convictions ! En tous cas, je trouve ça super qu’il ait droit à son doudou 🙂 Ca va lui permettre de faire une transition plus en douceur 🙂 Je te conseille : « la tétine de Nina », un livre super, que j’ai beaucoup aimé ! Je vous souhaite que cette transition se passe bien pour vous tous <3
nous avons fait exactement pareil, en lui disant de la donner à St Nicolas 🙂 nous l’avons tellement briffé à ce sujet qu’il l’a donné de lui même au grand st. nous étions bien fière de lui les personnes qui étaient présentes on même applaudit il était gainé de la situation par contre nous avons bien aimé la réaction des vendeurs en disant tout bas » vous voulez les récupérer au cas ou ? » (avec des grands yeux lorsque nous avons dit non non ). le soir arriva et là c’était autre chose, nous avons du lui rappeler plusieurs fois qu’il l’avait donné et qu’il aurait un gros cadeau quand St Nicolas passerai à la maison. et ça a bien fonctionné il a pleuré un peu mais c’était déjà un bon départ. Le Lendemain nous en avons discuté avec la maîtresse qui était aussi fière que nous et lui un mis un énorme tampon sur la main pour le féliciter. Je pense que ça l’a aidé aussi.
ça va faire un an maintenant qu’il n’en a plus et il ne la réclame plus du tout mais ça arrive de temps en temps qu’il met son doigt en bouche nous le reprenons tout de suite pour éviter qu’il y prend goût.
Ici on a profité aussi de la pseudo-interdiction à l’école: si elle savait dormir sans à la sieste, elle pouvait dormir sans la nuit. C’est cette certitude d’en être capable qui l’a aidée à abandonner la tétine, je pense. Elle avait un doudou aussi. Et puis elle a eu une Barbie en récompense 😉
Ah, je suis partagée sur le sujet. Si mes 2 premiers n’ont jamais voulu de tétine, le dernier en revanche, a manifesté dès la naissance un besoin de succion intense, qui est toujours présent (il aura 3 ans en décembre). Pourtant j’étais archi-contre avant (mais ça c’était avant). Sa tétine le réconforte, le console, le calme, l’aide à s’endormir. Il la pose de plus en plus en journée, mais cela fait toujours partie de son rituel de câlin et de dodo. Chez nous la tétine est autorisée en petite section de maternelle. Je n’envisage pas de forcer l’abandon de la tétine, car il l’enlève pour parler. Après tout, si cela lui fait du bien, cela ne me dérange pas, et de toute façon presque tous les enfants ont un appareil dentaire à l’adolescence, tétine ou pas !
Leur retirer la tétine … Mon rêve ! Du haut de ses 3 ans Isaac commence à avoir un zozotement à cause de ton tétouillage permanent. Impossible pour lui de s’en passer à l’école et la maîtresse (et la directrice) commence à nous interpeller vivement la dessus.
Elle n’est pas encore prête ici (3 ans et qq). On voit le dentiste bientôt et j’attends de voir ce qu’il en pense. Ce que je veux éviter c’est de me retrouver face à une situation où elle se mettrait à téter autre chose, le fils d’une amie ayant même sucé sa langue! Bref j’y pense. On va voir.
Sucer sa langue? C’est à dire??? (Je ris mais je sais que c’est pas drôle)
j’ai suivi l’aventure sur insta et cet article tombe à pic. Ici ce sera Noël, et le cap des 4 ans. Je m’étais fixé les 3 ans, mais ça a coïncidé avec une période de grosses difficultés d’endormissement alors je n’ai pas joué la maso…cette période n’est pas vraiment terminée, mais cette fois ci c’est plus une question de rythme de sommeil (en gros avec 2heures de sieste à l’école impossible de s’endormir le soir sic)… Un petit frère est prévu pour mars, alors on me dit que ce n’est pas forcément le bon moment. Mais je crois qu’au contraire il faut qu’il se « désintoxe » avant de voir un autre petit bonhomme avec une tute dans le bec dans la maison…Et puis pareil, finalement on garde le doudou (qui est un vieux tissu qui m’exaspère aussi un peu quand je le vois trainer par terre), comme ça on aura toujours de quoi se consoler très fort… J’ai essayé le Machouyou mais il retrouvait toujours des tétines qui trainaient, sans succès pour l’instant. Mon « angoisse » est qu’il se mette à prendre le pouce, ce qu’il fait déjà la journée puisque la tétine reste au lit….Bref affaire à suivre, gardons le cap 😉