Quand j’ai vu Girl, le premier film du réalisateur belge Lukas Dhont, j’ai pleuré. Quand j’ai vu Close, le deuxième film du réalisateur belge Lukas Dhont, j’ai pleuré.
Close est au cinéma depuis ce mardi 1er novembre. Après avoir reçu le Grand Prix au Festival de Cannes (il est passé à un rien de la Palme d’Or), il a été choisi pour représenter la Belgique aux Oscars.
Ce film s’inscrit dans la ligne du très bon bien que terrible Un monde, qui montre le harcèlement à l’école primaire à hauteur d’enfant.
Si Un monde de Laura Wandel fait peur aux parents, Close va plutôt les faire réfléchir. Moi, en tout cas, en tant que maman d’un petit garçon, ça m’interroge et me bouleverse.
Close de Lukas Dhont: de quoi ça parle?
L’histoire est celle de deux gamins de 13 ans. Léo et Rémi sont inséparables depuis toujours. Ils s’adorent, ils se le disent et ils se le montrent par des gestes de tendresse.
Lorsqu’ils rentrent en première secondaire, leur relation est moquée par les autres garçons. Léo prend ses distances, ce que Rémi ne comprend pas.
Pourquoi ça me fait réfléchir
Close est un film qui m’interroge en tant que maman d’un petit garçon plus sensible que la moyenne. Parce que si la sensibilité est acceptée lorsque le petit garçon est jeune, elle est interrogée à partir d’un certain âge.
On a beau nous dire que le monde change, ce sont toujours les garçons qui jouent au foot, méprisent les filles et montrent leurs biceps qui font la loi dans la cour de récréation.
Quand on a un garçon qui la larme facile, les traits fins, un garçon qui préfère la tendresse à la brutalité, on craint toujours qu’il se fasse embêter par ceux à qui on a appris à bomber le torse en permanence.
Du coup, parfois, je pousse mon fils à durcir le ton et à serrer les poings, je lui demande d’arrêter de pleurer ou en tout cas, de se retenir un peu, selon l’endroit où il se trouve.
Je lui explique que c’est beau toutes ces émotions mais que ceux qui ne le connaissent pas ne savent pas comment les gérer.
Je lui dis qu’un jour, sa sensibilité sera mieux comprise ou en tout cas moins jugée et qu’elle pourra s’exprimer pleinement.
Au final, pour l’épargner, pour le mettre à l’abri, je joue le jeu de ceux qui dictent les règles et je me répugne un peu.
C’est dur de laisser nos enfants être ce qu’ils sont tout en leur apprenant que parfois, il vaut mieux écraser et se fondre dans la masse.
Close est inspirée de la propre expérience du réalisateur
Lukas Dhont, qui a toujours assumé son homosexualité, l’a confié en interview: ce film s’inspire de sa propre expérience. Dans la cour de récréation, il faisait partie des enfants qui regardait les autres jouer, assis seul sur un banc.
Il n’avait pas les codes, il n’arrivait pas à trouver sa place dans l’univers scolaire peu enclin à la différence.
“Nous sommes conditionnés à regarder la masculinité à travers des valeurs comme la compétitivité, l’indépendance, la distance émotionnelle”, confie-t-il à Terrafemina.
“On apprend aux jeunes garçons à ne pas valoriser leurs émotions, qui seraient l’apanage du genre féminin.”
Dans Close, Lukas Dhont filme les corps qui s’éloignent, la tendresse qui se raréfie. Il raconte l’enfance qui fait place à l’adolescence et l’importance qu’on accorde subitement au regard de l’autre.
Pourquoi tout est subitement perverti?
Il n’est pas vraiment question d’homosexualité. Enfin… Peut-être que si mais au final, on s’en moque un peu.
Ce que Lukas raconte ici, c’est comment ce qu’on fait naturellement dans l’enfance est subitement perverti par le jugement extérieur.
Ces deux gamins, formidablement interprétés par Eden Dambrine et Gustav De Waele, ne savent plus comment réagir.
L’un des deux tente de se détacher des on dit et veut continuer à faire “comme avant”. L’autre, lui, est pétrifié à l’idée de ne pas “rentrer dans le rang”.
Close montre comment, en grandissant, tout est interprété sous l’angle de la sexualité. Et j’ai récemment pu découvrir à quel point c’était vrai…
J’ai récemment invité une copine de mon fils à la maison et j’ai vu la maman avoir un mouvement de recul en entendant ma proposition.
Je vois bien qu’elle n’envisage plus que sa fille aille jouer, seule, chez un garçon. Ca m’a fait de la peine cette méfiance non formulée. On en est là, déjà… Et ils n’ont toujours que 7 ans (pas encore pour le mien!).
Close est un film plein de longs silences et de non dits. Je ne vous cache pas que j’avais parfois envie qu’ils soient comblés. Tout est parfois trop intériorisé.
Notamment quand la caméra s’approche du personnage joué par Emilie Dequenne. J’avais envie que ça explose, que ça hurle.
Mais n’empêche: même si Close joue sur notre corde sensible, j’ai trouvé la rupture amicale qu’elle raconte poignante.
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