De la Californie, les touristes et les rêveurs ne connaissent généralement que Los Angeles, l’observatoire du Griffith Park avec vue sur l’immensité de la ville plombée par un nuage de pollution, Hollywood Boulevard et son trottoir constellé d’étoiles, les plages de Santa Monica et Venice.
Ils connaissent aussi les plages de Malibu, éventuellement, pour le prestige du nom. Tout le monde connaît le pont du Golden Gate à San Francisco, la brume qui colle en permanence à sa peinture rouge.
Souvent, entre les deux, les gens remontent la magnifique Highway 1, qui longe toute la côte et offre des vues époustouflantes sur l’océan Pacifique. Tout ça, je l’ai fait.
J’ai vécu quelques mois il y a quelques années dans le quartier de North Hollywood, en plein cœur de l’action. J’étais célibataire, la première fois. En couple sans enfant, la seconde. Pour la troisième, désormais mariée et mère d’un petit garçon, j’ai choisi la tranquillité du désert californien.
On s’est installés à Palm Desert, là où la couleur de l’herbe comme celle du ciel pique les yeux. La vie s’écoule dans le calme et le silence et on évite désormais la nervosité et les embouteillages de la cité des anges. On a donc découvert une partie de la West Coast qu’on ne connaissait pas jusqu’ici, celle entre Los Angeles et San Diego.
Si vous nous cherchez le week-end, scrutez l’horizon des plages du Sud de la Californie et cherchez deux parents épuisés sur une serviette de plage aux couleurs de Peppa Pig et un petit garçon armé d’une pelle et d’un râteau tout excité à l’idée que sa mère lui fasse un circuit dans le sable pour ses petites voitures.
Voici les trois plages en Californie à fouler au moins une fois dans sa vie.
Oceanside
La première fois qu’on y est allé, on a aimé le Pier, ce ponton en bois qui s’enfonce dans l’océan, et son espace piétonnier le long de la plage. Comme à la mer du Nord, on peut y louer des cuistax mais l’horizon est un peu plus lumineux et non, la balade ne prend pas fin devant une classique tomate-crevettes grises (ça, c’est dommage par contre).
Lors de notre second passage à Oceanside, on est tombé fou d’amour pour sa marina et pour l’hôtel qu’on avait réservé, un peu par hasard, en se fiant aux commentaires des clients sur Booking.
Pour 100 euros la nuit, l’Oceanside Marina Suites nous a donné la clé d’un véritable petit appartement avec cuisine, salon, grande chambre à part et une terrasse meublée avec vue sur la piscine et l’océan. Avec un enfant, c’était le pied total, l’équivalent d’une suite royale.
On a marché en s’extasiant devant les bateaux et les otaries qui ont élu domicile près du port, on a mangé une glace au chocolat assis dans l’herbe et on a tiré une pointe jusqu’au Sea World pour aller voir les poissons.
Ce type de parcs animaliers est loin d’être ma tasse de thé, ne comptez pas sur moi pour assister aux spectacles des dauphins, j’ai trop mal au cœur. Mais Ezra a adoré les aquariums et il a connu ses premières sensations de fête foraine.
J’ai vu ses yeux pétiller d’un mélange d’excitation et d’inquiétude et quand la tasse s’est mise à tourner, il s’est blotti contre moi en riant. Rien que pour ça, ça valait le coup.
La fin de journée s’est étirée en douceur dans une lumière orangée qui donne envie aux plus cyniques d’être romantiques. La vue du soleil qui glisse dans l’océan m’obsède encore deux semaines plus tard.
Newport Beach
On logeait dans un motel sans âme tenu par un mec en chemise hawaïenne et qui avait l’avantage d’être coincé entre l’océan et une plaine de jeux. Les plages de Newport sont gigantesques et du coup, on a l’impression d’être seuls au monde. J’adore cette sensation de solitude.
Là-bas, l’océan est nerveux et les vagues charrient les planches des surfeurs qui s’y rassemblent en nombre.
En hiver, les maisonnettes de bois des gardes côtes sont vides, le silence est seulement brisé par l’écume qui vient lécher nos pieds, et j’ai toujours cette chanson de Cabrel dans la tête : « La mer quand même, dans ses rouleaux continue, son même thème, sa chanson vide et têtue… »
L’agitation était un peu plus loin, entre le Pier de Newport, le Pier étant un peu l’équivalent de nos places de villages pour les villes côtières américaines, et Balboa Island. Les deux sont reliés par une double piste bétonnée que les vélos se partagent avec les piétons.
On marche donc entre les maisons aux baies vitrées qui rendent tout le monde jaloux et la plage immense. On a dû s’arrêter à la « paine de zeux », plantée dans le sable, et j’ai dû enchaîner les descentes en toboggan, assise à côté de mon petit donneur d’ordre : « Assieds, maman ! »
On a vu des jeunes barbecuter en plein mois de janvier, leur peau était bronzée et les filles jetaient leurs longs cheveux salés en arrière assises sur les genoux des garçons. Plus loin, un agent immobilier attendait ses clients installé sur une terrasse en bois avec vue sur le Pacifique.
C’était tellement beau toutes ces maisons colorées ouvertes sur la nature sauvage, pendant quelques secondes, j’ai eu envie d’être Californienne de naissance. Ou riche. À défaut, j’ai emmené mon fils devant la grande roue de Balboa Island.
On a essayé de dire toutes les couleurs des petites nacelles avant de manger une glace de plus et de faire le chemin dans l’autre sens. Le vent soulevait le sable qui nous fouettait le visage mais pourtant, on était bien dans cette lumière pas très franche de fin de journée.
Laguna Beach
On m’avait vendu Laguna Beach comme l’une des plages où il fallait traîner absolument en Californie mais ma première incursion s’est soldée par un échec cuisant. Je n’ai pas aimé la plage impersonnelle en pleine ville. Ça doit être sympa comme endroit de lunch quand tu bosses dans le coin mais à part ça…
Mon entêtement m’a poussée à y revenir une seconde fois. J’avais réservé une chambre au Ranch, perdu au milieu d’un canyon. C’était chaleureux, spacieux, décoré avec goût (et plus cher que les hôtels où on dort d’habitude mais c’était mon cadeau d’anniversaire à moi-même).
C’était surtout en face d’un petit banc de sable. La Aliso Beach est minuscule mais les vagues sont sauvages, violentes et cette tempête perpétuelle remet les compteurs à zéro. On a les oreilles pleine de la fureur de l’océan et ça vous nettoie un esprit embrumé.
Laguna Beach est fréquenté par des gens qui aiment se montrer et être vus. Je repense à cette probable influenceuse en string, photographiée par son boyfriend, le regard perdu vers l’horizon et les fesses face à l’objectif…
Plus sincère et plus concret, à quelques minutes en voiture, on a découvert le Crystal Cove State Park, dont les chemins goudronnés permettent de vraies promenades en poussette et/ou en vélo. Parce qu’on connaît le petit coco, on a pris les deux. Ça fait le malin à l’aller mais quand il s’agit de revenir, généralement, y a plus personne.
Et effectivement, on s’est posé sur la plage déserte en contrebas et il était tellement crevé qu’il a failli s’endormir dans mes bras, la nuque caressée par une légère brise et les pieds nus dans le sable. C’était une fatigue comme on en connaît trop peu dans la vie, une fois devenu grands.
Une fatigue faite d’iode, de vent, d’effort et de joie intense. Le meilleur mélange du genre : il a dormi deux heures dans la voiture, sur la route du retour ! Laguna, on se reverra…
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