Un an après l’anecdotique Éteignez tout et la vie s’allume, Marc Levy vient de publier son nouveau roman. Il porte le nom de La Symphonie des Monstres et fait intervenir, encore une fois, le Groupe des 9, “des hackeurs hors normes, des codeurs de génie”. Après la trilogie des 9 composée des livres Le Crépuscule des fauves, C’est arrivé la nuit et Noa, ils interviennent, cette fois, épisodiquement dans le récit. La lumière n’est pas braquée sur eux mais sur une mère ukrainienne de deux enfants.
De quoi parle La Symphonie des Monstres?
Veronika est infirmière en Ukraine. Elle est mère de deux enfants: Valentyn, 9 ans, enfant muet et incroyablement intelligent, et Lilya, adolescente téméraire et secrète.
En rentrant chez elle un soir, elle découvre que Valentyn a été kidnappé à l’école lors d’une rafle menée par les Russes. Le but? Faire de l’enfant “un bon petit Russe”.
Veronika met tout en œuvre pour retrouver sa trace. Lilya, estimant que ce n’est pas suffisant, décide de faire les choses à sa façon. Dans une Ukraine occupée, mère et fille risquent leur vie à chaque instant.
Trois raisons de lire La Symphonie des Monstres, le dernier Marc Levy
- À le lire, on pourrait croire que Marc Levy aurait aimé être journaliste. Il confirme dans une interview accordée à TF1 avoir “une vraie fascination pour le métier de grand reporter”. Mais il précise qu’il aurait été incapable de s’en tenir aux faits, qu’il préfère raconter à travers ceux qui les ont subis.
Effectivement, ces dernières années, Marc Levy inscrit ses histoires dans l’Histoire qui se déroule sous nos yeux. On est en plein dans l’actualité mais c’est bien plus agréable que lire la presse. C’est bien documenté et accessible à tous.
- Ses personnages évoluent dans le monde moderne et sont là pour déjouer les plans machiavéliques des dictateurs au pouvoir. Et ils y arrivent.
On sait en ouvrant un bouquin de Marc Levy qu’on aura droit à un happy end et c’est ça, entre autres, qu’on vient chercher. Marc Levy nous met du baume au cœur avec des histoires qui finissent toujours bien. J’en reviens à ce que je disais plus haut: c’est l’actu, oui, mais en beaucoup plus doux.
- La lecture est efficace. Je sais qu’il est de bon ton, quand on est un lecteur investi, de dénigrer les gros vendeurs, Marc Levy en tête, mais l’écriture est fluide, rythmée et les personnages attachants. Pourquoi bouder son plaisir?
Achetez La Symphonie des monstres de Marc Levy. Et la trilogie des 9: C’est arrivé la nuit est le premier tome. On rencontre le groupe de hackeurs: ils travaillent ensemble mais ne sont jamais rencontrés. Ils nous emmènent dans une course folle et terrifiante dans les rues d’Oslo, Madrid, Paris, Tel-Aviv, Istanbul et Londres. Viennent ensuite Le Crépuscule des fauves et Noa. Vous pouvez lire La Symphonie des monstres sans avoir lu la trilogie. Ça ne pose aucun souci de compréhension.
Est-ce que La Symphonie des Monstres est une histoire vraie?
Je vous le disais: l’auteur français installé à New York fait évoluer ses personnages dans un décor très actuel. Les personnages de Veronika, Valentyn et Lilya sont fictifs mais le reste est bien réel.
À la page 312, Janice évoque le kidnapping de 58 enfants âgés de zéro à quatre ans dans la ville de Kherson. C’est la réalité. Elle explique que les enfants ont été enlevés par une douzaine de soldats cagoulés et armés et qu’ils se sont servis des bébés comme bouclier. Tout est vrai. L’événement a été dénoncé le 21 octobre par la militante ukrainienne Inna Schevchenko.
Depuis le début de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, des milliers d’enfants ukrainiens ont été arrachés à leur famille sur ordre de Vladimir Poutine et adoptés par des familles russes.
Cinq catégories de mineurs sont visés: ceux qu’ils considèrent comme orphelins et il suffit pour cela que leurs parents aient rejoint le front; ceux qui se trouvent dans des zones occupées pour les “protéger” des attaques; les pupilles de l’État ukrainien; ceux qui sont hospitalisés et ceux dont la garde est incertaine et qui risqueraient d’être abonnés.
“Les Russes veulent rééduquer les enfants”
L’idée? Marc Levy explique dans La Symphonie des monstres: “Les Russes veulent rééduquer les enfants afin qu’ils développent un sentiment patriotique à l’égard de la Russie, une vénération pour Poutine qui leur offre une nouvelle existence pleine de promesses.”
Le site Children of War annonce que 19.546 enfants ont été kidnappés par la Russie et précise que ce chiffre est bien en deçà de la réalité. La situation en Ukraine ne permet pas plus de précision. La Russie affirmait en octobre 2022 que 690.000 enfants ukrainiens avaient été déplacés.
Maria Belova existe vraiment
Si les personnages principaux sont inventés, Maria Belova, personnage politique qui s’approprie Valentyn à son arrivée en Russie, existe bel et bien. Maria Lvova-Belova est Commissaire aux droits des enfants en Russie. C’est Poutine qui l’a placée à ce poste. Elle est mère de dix enfants, donc cinq adoptés.
Marc Levy précise: “Elle a convaincu Poutine d’accélérer le programme de déportation. Un processus de naturalisation express a été mis en place par le gouvernement russe. En quelques jours, les gamins changent de nationalité et on leur remet un passeport, comme s’il s’agissait d’un trophée.”
Poutine a changé la loi pour faciliter les adoptions d’enfants ukrainiens par les Russes. L’adoption peut se faire en moins de trois jours.
Dans le magazine Géo, on apprend que Maria Lvova-Belova a affirmé avoir “pleuré de bonheur” devant les réunions d’enfants avec leurs nouveaux parents.
En fin de roman, Marc Levy nous apprend que la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt international contre le président russe, Vladimir Poutine, et Maria Lvova – Belova, pour le crime de guerre “déportation illégale” d’enfants ukrainiens. Ça aussi, c’est vrai.
“Tout le monde doit savoir ce qu’ils font”
S’il divertit, ce roman qui parle de courage, d’espoir et de liberté, informe aussi. L’envie de Marc Levy avec La symphonie des monstres tient en une phrase, tirée de son roman: “On ne peut pas fermer les yeux sur ce qui se passe, s’excuser comme on le faisait après la Seconde Guerre mondiale en prétextant qu’on ignorait ce qui se passait. Tout le monde doit savoir ce qu’ils font”.
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