Faire dormir bébé dehors en hiver: Céline raconte sa vie en Laponie

by seayouson

Faire dormir bébé dehors, pas d’hôpital à moins de quatre heures de route, plus de rennes que d’habitants dans sa région, le besoin de tout anticiper: Céline du blog Je papote me raconte sa vie de famille en Laponie.

Je vous parlais il y a quelque temps de ces bébés qui font la sieste dehors, au Danemark, sans surveillance parentale. J’ai récemment découvert le compte Instagram Je papote de Céline, Française d’origine mauricienne, installée en Laponie. Céline fait un job incroyable: elle est chasseuse d’aurores boréales. Elle a monté un business avec son conjoint, Jérôme: depuis 2016, ils organisent des voyages en Laponie pour les touristes.

J’ai découvert que Céline avait adopté la sieste nordique avec sa fille, Lucie, 16 mois. On a échangé sur sa vie de famille en Laponie. Parce que moi qui cherche perpétuellement le soleil, je me demande vraiment: comment on fait pour vivre dans un pays où les températures descentes jusqu’à -40 degrés en hiver? d’autant plus avec un enfant en bas âge? quelles sont les réalités quotidiennes en famille? la façon dont on vit? Céline a accepté de répondre à mes questions.

Bon Céline, posons un peu le contexte. Je crois que c’est un peu la question que tout le monde se pose: comment on en vient à tout quitter pour aller chasser des aurores boréales en Laponie?

J’ai travaillé à Paris mais j’ai vite eu envie d’autre chose. Je me suis installée en Savoir d’abord, puis à Grenoble. C’est là que j’ai rencontré mon compagnon, Jérôme. On a fait un premier voyage ensemble en Laponie dans l’idée de voir des aurores boréales. On a eu un coup de cœur pour ce phénomène, on est devenus accro. C’était en 2013. À partir de là, on a commencé à aller en Laponie une fois par an.

Jérôme a fait un burn out, il s’est fait licencier comme un malpropre. Moi, je le voyais bien guide touristique. J’avais vu une offre d’emploi pour être chasseur d’aurore boréale. Il a postulé, mais n’a jamais eu de réponse. L’idée de créer notre boite à germer là. L’idée? Organiser des séjours en Laponie comme on les faisait, nous. On a mis un an à tout mettre sur place, on a mis nos affaires dans un garde-meuble et on s’est dit: on passe un hiver sur place et on verra bien. On n’était pas dans le tourisme, on ne savait pas comment trouver des clients.

On est partis en Laponie en hiver 2016. On a vite rempli notre agenda. On passe l’hiver en Laponie désormais. Et on compte y rester un peu plus longtemps désormais: on s’est achetés un petit chalet, ça va nous permettre de profiter de l’après saison.

aurore boréale en laponie

La Laponie, c’est une destination qui gagne en popularité ces dernières années, non? J’ai l’impression que tout mon feed Insta ou à peu près y était lors des fêtes de fin d’année…

Oui, les gens se sont rendus compte que ce n’est pas si compliqué de s’y rendre. Et on en parle plus dans les médias, à la télé: ça fait rêver les gens ces paysages enneigés, les aurores boréales. C’est cool et en même temps, on espère que ça ne deviendra pas un tourisme de masse. Parce qu’il y a des coins où ça devient l’usine. Et ça va perdre de son charme, à force.

Moi qui n’y suis jamais allée, quelles sont les grandes différences entre une vie en Europe et une vie en Laponie?

Déjà, tu n’as pas beaucoup de voisins. On n’a pas de bouchons ni d’incivilités. Rovaniemi, c’est la ville la plus importante en Laponie finlandaise. C’est l’équivalent d’une ville moyenne de France, mais le reste, ce sont des villages. Sur mon territoire, il y a plus de rennes que d’habitants. On vit au rythme des saisons. L’hiver dure très longtemps. On est beaucoup chez soi. Il fait noir, on ne sort pas trop. On attend les beaux jours, les journées plus longues en mars, avril: là tu es beaucoup plus dans la nature.

L’été, on a le soleil de minuit, il ne fait pas du tout nuit. Tu as de la lumière tout le temps, tu es plein d’énergie. Par contre, on a beaucoup de moustiques: c’est l’horreur. C’est pour ça qu’on quitte la Laponie en été. Mais sinon, généralement, à cette période-là, les gens prennent le temps de rénover leur maison. Tu ne peux pas le faire à un autre moment de l’année. L’été, c’est aussi la cueillette des baies. C’est le truc obligatoire.

En fait, vivre en Laponie, c’est une vie calée sur les saisons: tu as un truc à faire à chaque saison. Tu n’as pas 10.000 distractions, c’est la nature avant tout. C’est un retour aux choses simples. Dans mon village, il n’y a pas village, de resto, de café, il n’y a pas de cinéma… Si tu aimes sortir, la Laponie, ce n’est pas fait pour toi.

On va à l’essentiel, tu retournes à de vraies valeurs.

Avoir un enfant en Laponie, ça donne quoi?

Le suivi pendant la grossesse: pas d’écho avant trois mois

C’est simple, en fait. Quand j’ai appris ma grossesse, ça a été panique à bord. On s’est demandés si on devait rentrer en France. On n’avait aucune idée de comment se déroulait le suivi de grossesse ici. On ne s’était pas posés la question. Mais ça a été simple. Tu n’as pas plein d’examens pendant la grossesse, excepté si tu as un problème. C’est moins anxiogène. Bon, avant les trois mois, tu n’as pas d’échographie. Tu ne sais pas si le cœur bat, si tout va bien. Ne pas savoir avait été stressant pour moi.

Dans mon cas personnel, du jour au lendemain, on s’est aperçus que je n’avais plus de col de l’utérus et que je pouvais accoucher à tout moment. J’étais sur le point de rentrer en France et je suis restée deux mois à l’hôpital, alitée. Mais j’ai été bien prise en charge.

La crèche, vrai lieu d’apprentissage

La famille est une valeur importante ici. On donne toutes les chances aux enfants pour aller à la crèche et à l’école. L’école commence à six ans. Avant ça, c’est la crèche, mais ce n’est pas une garderie: c’est considéré comme un endroit où tu vas apprendre des choses.

Lucie a 16 mois, elle va à la crèche deux fois par semaine et la dame qui s’en occupe est appelée teacher. Ce qui pose question, pour nous, c’est la langue: ni Jérôme ni moi ne parlons finnois. J’ai commencé des cours mais c’est difficile comme langue. Du coup, je m’interroge: comme on fera si elle va à l’école ici et qu’on ne comprend rien?

« Il faut anticiper le moindre besoin »

Ce qui est compliqué: je suis isolée là où je suis, si j’ai besoin de fringues parce qu’elle n’a plus de body, par exemple, je n’ai pas. Tu ne peux pas avoir un truc pour dans la journée. Tu dois tout anticiper. Pour la nourriture, pareil. Je n’ai pas toujours le temps de cuisiner maison et tu ne trouves pas grand-chose. Pareil pour les langes, tu as une marque bio et basta. Ça, ça me gonfle: je voudrais parfois que ça soit plus simple.

Le premier hôpital est à 4 heures de route

L’hôpital est à quatre heures de route de chez nous donc ça peut générer un peu d’anxiété. Si tu as une urgence, c’est stressant. On a de la chance: Lucie n’est pas trop malade. Mais c’est une réalité avec laquelle on vit.

Un congé de maternité de 9 mois

Je n’ai pas pu en bénéficier parce que je suis toujours résidente en France mais le congé de maternité dure 8-9 mois ici et le second parent peut aussi prendre un congé. Du coup, il n’y a pas d’enfant de moins de 9 mois à la crèche. Quand j’ai repris le travail, Lucie avait 3, 4 mois et je n’ai pas pu la mettre: elle était trop petite. Elle est entrée à la crèche à 14 mois et c’était la plus jeune… C’est bien tu as le temps de te mettre dans ton rôle de maman. Ils considèrent ici que lors de sa première année de vie, le bébé doit être avec ses parents. Que c’est ça dont il a besoin.

La baby box de l’État pour réduire les inégalités

L’État donne une baby box à toutes les femmes enceinte. Tout le monde y a droit. Il y a des vêtements pour le bébé, des produits de soin et la box peut même être utilisée comme berceau. C’est une manière de faire en sorte que tous les bébés qui viennent au monde démarrent dans la vie avec les mêmes chances. La valeur de la famille est très importante.

Raconte-moi: comment supportez-vous le froid? Et c’est quoi ton expérience de sieste nordique?

Le froid se supporte bien parce que c’est un froid sec, pas comme en France ou en Belgique. On empile les couches techniques. La première couche technique est en laine mérinos généralement: T-shirt à manches longues et collant. Par-dessus, tu mets une polaire et un bas de jogging. Et encore au-dessus, tu mets un pantalon de ski et une veste de ski ou une doudoune. Il faut des vêtements amples et il faut toujours se couvrir la tête. Si tu as froid aux pieds, tu dois recouvrir ta tête, et ça va mieux.

Ma fille a souvent chaud donc je ne la couvre pas autant que d’autres enfants ici. Mais je lui enfile toujours une combinaison de ski pour sortir. Et en poussette, on la met dans une chancelière en plus, une sorte de gros duvet.

« Je ne la fais pas dormir dehors en dessous de – 20 degrés »

Faire dormir son bébé dehors, ici, c’est très habituel. J’ai commencé les siestes nordiques quand Lucie avait 4 mois. C’était en janvier. Au début, j’avais super peur. La première fois qu’elle a dormi dehors, j’allais la voir toutes les cinq minutes pour la toucher, voir si elle respirait encore… Aujourd’hui, c’est complètement normal pour moi de le faire. Je la mets dehors jusqu’à – 20 degrés. Après, je trouve qu’il fait vraiment trop froid.

La sieste nordique, ça a réglé ses problèmes de sommeil. Pendant ses siestes, elle se réveillait systématiquement au bout de 28 minutes. Son cycle était terminé et elle n’arrivait pas à rester endormie. J’ai commencé à la sortir en poussette pour prolonger la sieste. Je marchais systématiquement au minimum 28 minutes. En rentrant, je la laissais dans la poussette sur le perron et elle pouvait alors dormir au moins deux heures.

Elle dort bien dehors mais à l’intérieur, je suis obligée d’être avec elle. Dormir dehors, c’est acquis pour elle: je passe à peine la porte avec la poussette qu’elle est quasi déjà endormie. Elle ne se réveille pas quand une moto neige passe à côté d’elle: je ne sais pas comment elle fait.

On dit que les siestes nordiques renforcent le système immunitaire. Lucie n’a été malade que trois fois en 16 mois. Est-ce que c’est grâce à ça? Je ne sais pas.

Ma problématique du moment, c’est qu’elle commence à être grande pour la poussette. Je ne sais pas comment faire après. Peut-être que ce n’est plus un bébé et que donc il faut qu’elle dorme à l’intérieur? On est sur le dernier hiver, je pense. Mais en tout cas, je trouve ça vraiment super.


J’espère que cet article vous a plu. Si c’est le cas, n’hésitez pas à le partager. Ça me ferait vraiment plaisir. Parce que le sujet de « comment on fait pour élever un enfant ailleurs » m’intéresse, j’ai également fait un article sur l’accouchement aux USA. Saviez-vous qu’on mettait un antivol au nourrisson? et qu’il y a des cours de préparation pour les grands-parents? Lisez mon article sur l’accouchement aux États-Unis raconté par Daphné qui vit à New York.

Vous pouvez suivre Céline sur ses réseaux et sur son blog Je papote. Si vous rêvez d’un voyage en Laponie, contactez-la!

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