Votre enfant a peur de la mort? Que faire? Que dire?
J’ai rencontré le Dr Philippe Presles pour son livre “Moi – Apprendre à vivre avec son meilleur ami et son pire ennemi”. Je ne pouvais pas ne pas le rencontrer sachant qu’il parlait du moment qu’on est en train de vivre à la maison: une période de cauchemars assez intense pour notre petit bonhomme de 5 ans.
Mon fils se réveille presque toutes les nuits, en panique, terrorisé. Sa crainte est parfois irrationnelle mais souvent son angoisse est légitime.
En plus de ses attaques de panique nocturnes qui lui donnent de vrais symptômes physiques: elles le font pleurer à chaudes larmes et elles leur donnent des palpitations, il m’interroge régulièrement en journée sur sa fin: est-ce que je vais bientôt mourir? qu’est-ce qu’il y a après la mort? pourquoi faut-il mourir?
Qu’est-ce qu’on dit à un enfant qui a peur de la mort? Philippe Presles nous donne quelques pistes.
Le choc des enfants entre 5 et 7 ans
C’est quoi le saut de la conscience?
Dans ce livre, qui permet de comprendre comment notre monde intérieur fonctionne, le Docteur Presles explique qu’entre 5 et 7 ans, les enfants font un “saut de la conscience”.
C’est-à-dire qu’ils comprennent qu’ils sont mortels. “La découverte de sa propre mort peut être terrifiante”, écrit-il, “à tel point que certains ne veulent plus grandir.”
D’autres, comme le mien, font des cauchemars.
A part de là, tout change dans son inconscient: parce que si on comprend qu’on va mourir, c’est qu’on arrive à se projeter dans le futur (et donc dans le passé).
Et ça, c’est nouveau pour un jeune enfant qui vivait, jusque-là, dans le présent absolu.
Forcément, tout ce chamboulement intérieur, ça donne le vertige. L’enfant doit apprendre à vaincre sa peur de mourir ou la perte d’un être cher.
Il faut éviter que ça vire à l’anxiété généralisée donc en tant que parents, il faut accompagner cette peur intense.
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Un test pour repérer si c’est fait
Pour repérer si l’enfant a fait ce “saut de conscience”, on peut faire le petit test qui suit.
On propose à l’enfant une boîte de bonbons dans laquelle se trouvent des crayons (ou une boîte d’allumettes dans laquelle se trouvent des pièces de monnaie, dans notre cas).
L’enfant, en découvrant le contenu de la boîte, est surpris. Ensuite, on lui demande de prédire l’attitude d’un autre enfant (ou d’un adulte) à qui on va faire vivre la même expérience.
Un enfant de cinq ans ayant fait son saut de conscience est capable d’affirmer que l’autre sera également surpris parce qu’il s’attendra à trouver des bonbons.
Un enfant qui n’a pas encore passé cette étape pensera que l’autre affirmera, avant d’ouvrir la boîte, s’attendre à trouver des crayons.
Ce petit test permet de comprendre très vite où l’enfant se trouve dans sa compréhension du monde. Les petits mensonges qui se multiplient sont aussi un bon indicateur.
Tout comme, évidemment, les questions flagrantes sur la mort.
On dit quoi à un enfant qui enchaîne les cauchemars?
Je vous le disais: ici, les nuits sont rythmées par les cauchemars d’Ezra et ses cris: “Maman, j’ai peur!” J’ai testé la microkiné, qui a été très efficace.
Mais j’ai aussi demandé au Docteur Presles ce qu’on pouvait faire pour… bien faire et apprivoiser ces terreurs.
“Il faut l’aider à se détacher de sa peur. Lui demandé si les monstres dont il rêve lui ont mangé la main ou le bras? Non? Il faut lui dire alors que c’est justement parce que le monstre n’a pas de dents.”
“On peut lui dire que le monstre qui vient la nuit, c’est comme un chat qui viendrait sur son lit. On peut lui dire de dire à son monstre de venir dormir avec lui. Il faut lui montrer, en fait, que son monstre n’a pas de pouvoir.”
Que dire à un enfant qui a peur de la mort?
Les cauchemars et la peur de la mort sont souvent liés chez un enfant de cet âge.
Et que dit-on à un enfant qui a peur de la mort? Comment apaiser les peurs liées à une éventuelle disparition et soignér du même coup ses fréquentes insomnies?
“Il faut utiliser la phrase de Dolto”, conseille Philippe Presle. “Oui, la mort existe mais on meurt quand on a fini de vivre.”
Il faut évidemment rassurer l’enfant et lui expliquer que ça se passera dans très, très longtemps pour lui.
C’est à cette période-là aussi que l’enfant, qui était, jusque-là dans l’ici et maintenant, construit son Moi.
“C’est en se projetant dans ses jeux, en se projetant dans le futur qu’il va comprendre qu’il est mortel. Et il va aussi réussir à se projeter dans le passé et à se construire des souvenirs. Le Moi, c’est avec lui que l’enfant va dialoguer.”
L’importance d’écouter notre petite voix intérieure
Et cette petite voix intérieure, elle nous accompagne tout au long de notre vie.
Philippe Presles estime qu’on a un monde intérieur très riche mais qu’on ne s’en préoccupe pas assez. Il nous donne les clés pour que notre petite voix intérieure devienne une amie plutôt que d’aller contre ce qu’elle nous dit.
Parce que et, c’est intéressant, “une fois qu’on a accédé à la conscience (entre 5 et 7 ans donc), notre Moi s’autonomise et se met à interpréter notre vécu en permanence”, nous indique le Docteur Presles.
“Le bonheur et le malheur, c’est la conséquence d’une interprétation”
“Le bonheur et le malheur, c’est la conséquence d’une interprétation.”
Si je fais une compétition sportive et que je décroche la médaille d’argent, selon mon interprétation, soit je vais être très heureux parce que j’ai fait le maximum et que je suis arrivé deuxième, soit je vais être très malheureux parce que j’aurais voulu faire encore plus et arriver premier.”
“C’est l’interprétation qui va faire qu’on est vraiment heureux ou pas. Pas la réalité elle-même.” Et cette interprétation dépend, aussi, de notre éducation.
Comment éduquer un enfant optimiste?
Ce livre nous donne notamment les clés pour éduquer des enfants optimistes (parce que s’ils ne le sont pas un minimum, leur Moi adulte va constamment interpréter les événements négativement et ça risque de faire des grandes personnes malheureuses) et il nous explique comment faire pour être heureux à l’âge adulte.
Philippe Presles nous encourage, entre autres, à trouver des tâches qui nous absorbent tant elles nous passionnent et à augmenter notre attention au présent, aux détails, car “rien n’est jamais pareil”.
“Les grands jouisseurs de la vie ne se lassent jamais de rien”, écrit-il.
Ainsi, une balade au parc ou dans le bois tout proche n’est jamais semblable à une autre, même si c’est le même parc ou le même bois.
Un livre intéressant pour qui veut explorer son monde intérieur.
Acheter le livre Moi: Apprendre à vivre avec son meilleur ami et son pire ennemi.
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2 comments
C est très intéressant !
Mes jumeaux (6 ans aujourd’hui ?) sont en plein dedans, merci pour ton article !