Il nous semble évident, quand on fait des enfants, que nos propres parents se sentiront investis d’une mission. Que, parce qu’il s’agit de la chair de leur propre chair, ils aimeront, cajoleront, occuperont nos enfants comme ils l’ont fait avec nous. On s’interroge assez peu sur l’amour que les grands-parents portent à leurs petits-enfants. On se dit qu’ils aiment nos mômes, forcément, puisqu’ils nous ressemblent. Qu’ils les accueillent sous leur toit avec joie, puisqu’ils n’ont désormais “que” ça à faire: on a quitté la maison depuis longtemps et ils ont ralenti leurs activités professionnelles, n’est-ce pas? L’épidémie de coronavirus et le confinement ont redistribué toutes les cartes et fait vaciller les choses que l’on prenait jusque-là pour acquises.
Il y a un mois, on était encore libres de se déplacer sans être contrôlés par la police, on prenait l’apéro en vrai avec nos amis et on déposait les enfants chez leurs grands-parents en coup de vent.
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Le coronavirus nous rappelle qu’un seul être vous manque et tout est dépeuplé…
Pendant cet étrange moment du confinement, alors qu’on aurait plus que jamais besoin d’eux, les grands-parents sont aujourd’hui les derniers à qui on peut confier nos enfants. Ils ne peuvent pas les voir. On ne peut pas les voir. Et cette absence de contacts physiques fait qu’on se remet à prendre soin d’eux. On se souvient que ce n’est pas parce qu’ils sont vieux et qu’ils ont déjà vécu beaucoup de choses qu’ils n’ont pas encore des rêves et des envies.
On se remet à prendre soin de “nos vieux”
On se remet à prendre soin d’eux, non pas parce qu’il faut mais parce qu’on le veut. Le coronavirus aura eu ça de bon: nous recentrer sur l’essentiel et nous rappeler, de la plus brutale des façons, que ceux qu’on aime ne seront pas toujours là.
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Notre noyau familial s’est soudainement rétréci. On est revenu à la base, à la famille nucléaire, à la famille qu’on s’est choisie, qu’on a créée. On se retrouve confinés à la maison avec notre partenaire et nos enfants. On ne doit plus aller manger chez belle-maman le dimanche midi et on est surpris de constater que ça nous manque (un peu) (parfois). Ce repas hebdomadaire, c’est un goût de poulet rôti et de normalité.
On découvre que “nos vieux” ont toujours une vie intérieure, des aspirations qui leur sont propres, nous qui avons toujours cru, très égoïstement, que leur bonheur passait à travers le nôtre. Ils jardinent, ils bouquinent, ils ruminent souvent. Pendant le confinement, on appelle les grands-parents de nos enfants plus souvent et on discute plus longtemps aussi: on avait perdu l’habitude de leur parler d’autre chose que de nos marmots. Les enfants vont bien mais vu qu’on passe toute la journée avec, on a envie de tout sauf de parler d’eux. Alors on demande à nos parents comment ils vont. Et on écoute la réponse.
Des souvenirs qui sentent la soupe et qui goûtent le pain de campagne
Pendant le confinement, alors qu’on jongle entre le télétravail et nos enfants toute la journée, qu’on soupire, qu’on râle, qu’on fatigue, on pense à l’importance que les grands-parents ont pris dans la vie de nos enfants. Intérieurement, on les remercie. Pour ce qu’ils font, pour nous soulager au quotidien. Pour toutes les fois où ils nous ont sauvés dans notre organisation foireuse. Mais aussi pour ce qu’ils font à nos enfants. Ils leur apprennent d’autres habitudes, ils leur créent des souvenirs qui sentent la soupe et qui goûtent le pain de campagne au beurre salé. Ils leur racontent des histoires qui commencent invariablement par “tu sais, moi, à l’époque, quand j’étais jeune”. Nos enfants écoutent le passé de leurs aînés comme un conte avant d’aller se coucher. Ils ne comprennent peut-être pas tout mais je sais qu’ils s’en souviendront.
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Et dans ce texte, je parle des grands-parents qui ont encore toute leur tête et de l’énergie. Mais je pense souvent aux personnes âgées dans les maisons de repos que la situation laisse encore plus seuls. Je sais la solitude qui transpire des murs dans ce genre d’endroits, du tic tac de l’horloge qui résonne dans une pièce à l’acoustique dégueulasse, les écrans qui diffusent des images bien trop rapides pour être comprises par ceux que la vie a usés. Ils ont vécu la guerre et ils risquent de mourir à cause d’un cause virus, parce qu’on ne leur permet pas d’être placés sous respirateur. C’est tellement insensé et horrible.
Ces vieux, ça sera nous, un jour. Il est temps de les respecter comme on aimerait être respectés.
Après le confinement, on aura évidemment envie de jeter nos enfants dans les bras de leurs grands-parents et de s’enfuir loin, très loin (enfin… dans les limites des frontières de notre propre pays, cet été, semblerait-il). Mais on arrêtera de prendre ça pour acquis maintenant qu’on a compris à quel point c’était précieux. Et on leur dira merci d’être là, merci pour ce qu’ils ont fait jusqu’ici et ce qu’ils feront encore.
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2 comments
Et on les sent encore plus importants s’ils ont été malades de ce sale virus et qu’ils ont guéri sans passer par la case hôpital… mais on peut pas encore les serrer forts ds nos bras!!!
Moi ma grand-mère me manque terriblement, je l’appelais tous les 2 jours depuis le début du confinement et maintenant tous les jours depuis cette semaine, elle se sent de plus en plus seule, seule dans son appartement de banlieue parisienne. :s
J’ai vraiment hâte de pouvoir le revoir, de la serrer fort dans mes bras pour lui faire sentir combien je l’aime.
C’est pas facile pour tout le monde ce confinement c’est bien vrai.
Bon week-end.