J’avais utilisĂ© la locution nominale longtemps sans savoir vraiment de quoi je parlais. Quand les expressions toutes faites se cognent Ă la rĂ©alitĂ©, elles se retrouvent transformĂ©es. Cette nuit-lĂ , j’ai su: “la nuit noire” ressemblait à ça. La nuit Ă©tait aussi sombre que le soleil avait Ă©tĂ© brĂ»lant, quelques heures auparavant. Il avait incendiĂ© l’horizon avant de se faire avaler par la terre.
En jetant un oeil Ă l’extĂ©rieur avant de fermer la porte Ă clĂ©, Ă la fois pleine et comblĂ©e de cet isolement choisi et dĂ©concertĂ©e par cette obscuritĂ© qu’aucun habitant d’aucune ville ne connaĂźt, j’avais l’impression d’avoir rĂȘvĂ©. Je n’avais pas les paupiĂšres fermĂ©es, au contraire, j’avais mal aux yeux tellement je tentais de distinguer une ombre, le sol ou l’horizon. J’avais les sens en alerte pour compenser ce que je ne voyais plus mais il n’y avait rien d’autre Ă Ă©couter que le silence, assourdissant, et rien d’autre Ă goĂ»ter que la solitude.
Le vent soufflait de toute sa rage dans les arbres dĂ©nudĂ©s, morts d’avoir trop longtemps crevĂ© de soif. J’ai Ă©coutĂ© longtemps leurs branches sĂšches se cogner avec violence au toit de cette maison esseulĂ©e et les derniers soubressauts du feu ouvert qui rendait l’Ăąme dans le salon. Je pensais Ă nos voisines, ces maisons aux allures fantomatiques, dĂ©labrĂ©es, abandonnĂ©es, laissĂ©s Ă la bonne volontĂ© des forces de la nature. Contre mon corps, mon fils repu de gateau au chocolat et de lait chaud avait le souffle lent et apaisĂ© de celui qui se sait en sĂ©curitĂ©. De l’autre cĂŽtĂ© du lit, mon mari, qui avait, lui, le souffle lent et apaisĂ© de celui qui a bu du bon vin.
Bref, j’ai cĂ©lĂ©brĂ© mes 34 ans dans le dĂ©sert californien, Ă 50 minutes de chez moi. Je vous avais dĂ©jĂ parlĂ© du parc du Joshua Tree ici, cette fois, j’ai dormi dans la rĂ©gion et c’Ă©tait fou. Il y a une foule de jolies adresses sur Airbnb. Moi, j’ai choisi celle-lĂ . L’expĂ©rience est Ă vivre si vous vous trouvez en Californie et que vous voulez sortir des sentiers battus. Le parc du Joshua Tree est touristique mais ça n’en reste pas moins une merveille. La Yucca Valley tout autour est nettement moins frĂ©quentĂ©e mais totalement dĂ©paysante. Entre Joshua Tree et Palm Springs, il y a une portion de route avec des saloons dignes des westerns amĂ©ricains, des “thrift shops” (friperies) en tout genre, des tatoueurs, des magasins vendant des armes… Je vous rĂ©sume notre escapade en photos.
6 comments
Et bien dis donc ! Ăa donne envie ! Ăa a dĂ» vous dĂ©payser !
J’espĂšre que tu as passĂ© un bel anniversaire avec ta petite famille,
A bientĂŽt,
Charlotte.
Et bien dis donc ! Ăa donne envie ! Ăa a dĂ» vous dĂ©payser !
J’espĂšre que tu as profitĂ© de ton anniversaire avec ta petite famille,
A bientot,
Charlotte.
Cela donne envie d y passer une nuit ou deux … le soleil, le froid, le silence …
Ăa doit ĂȘtre une expĂ©rience unique. J’ai connu cette nuit noire aussi… mais dans une maison au bord de la riviĂšre perdue au milieu de nulle part, sans aucun voisin, que le bruit de l’eau… en Franche-ComtĂ© ! Aller dans le dĂ©sert me fait vraiment envie.
Bon anniversaire !
bon anniv’ donc, jeunesse đ
ah la chaleur…c’est physique comme sensation (Ă©videmment!). Mais quand mĂȘme, elle nous pĂ©nĂštre, elle influence notre mental, nos humeurs ? P’tet bien. Moi c’est quand je dĂ©barque de l’avion en zone tropicale, boum ! Aplati ! Il est vrai que je n’ai pas ton Ăąge, tu as encore de quoi ”voir venir”.
ça donne envie, à envisager !
merci pour ce bel article!