Sur ton bureau, ton téléphone n’est jamais loin: on ne sait jamais que la crèche ou l’école t’appellerait. Elle décide toujours de t’appeler quand tu es aux toilettes, en réunion ou déjà en ligne.
C’est systématique: tu rates l’appel qui t’annonce que tu dois tout lâcher pour aller chercher la chair de ta chair qui vient de tapisser ses fringues de vomi.
Et tu te sens déjà coupable d’avoir perdu du temps au moment où tu rappelles. Ce n’est que le début.
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Le monde étant ainsi fait: l’école s’attend à ce que tu te rendes disponible au plus vite. Ton enfant est malade et tu es sa maman. C’est normal.
Mais ton patron ne l’entend pas de cette oreille. Il sait que tu n’as pas vraiment le choix et on sait bien que ton départ du bureau à 14h45 ne mettra pas l’entreprise pour laquelle tu travailles en faillite. Il le sait: il aime tant te faire savoir au quotidien que tout le monde est remplaçable.
Pourtant, quand tu demandes à t’absenter deux heures parce que ton fils est malade, c’est comme qui si tu venais de le gifler en public.
Il te gratifie d’un regard dédaigneux, d’un bref soupir, et d’un coup de menton vers la porte et tu pars chercher ton enfant, la culpabilité enroulée autour de ta jambe comme un serpent perfide, ralentissant ta cadence.
Une fois arrivée à l’école, tu croises le regard exaspéré de la secrétaire qui s’occupait de ton enfant pendant que tu étais coincée dans les embouteillages.
Là encore, tu t’excuses, tu dis que tu as fait au plus vite, ton souffle court quand tu parles peut en témoigner. Elle a beau être mère elle aussi, elle ne compatit pas.
Elle en voit tellement, des mères comme toi. Comme d’habitude, tu sais que tous les efforts que tu as faits n’étaient pas suffisants. Nouvel uppercut dans l’estomac et cette impression constante de ne jamais être suffisante.
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Une fois que tu croises le visage pâle de ton enfant et son œil vitreux, tu t’en veux tout de suite de lui en avoir voulu quelques secondes de t’avoir compliqué la journée.
Tu as beau savoir que c’est l’hiver et que ce n’est probablement pas grave, quand on est maman, on déteste voir son enfant malade.
Tu prendrais bien sa douleur, tu voudrais supporter à sa place les frissons, la toux, le nez qui coule et qui s’irrite, la peau sèche, l’œil qui larmoie.
Tandis qu’il dort à côté de toi, tu t’interroges sur la pertinence d’aller chez le médecin. Dans la majorité des cas, il te dira qu’il s’agit d’un virus et qu’à part soulager la douleur et attendre que ça passe, il n’y a rien à faire.
Mais si la maladie de ton fils faisait partie de la minorité? La responsabilité est immense et elle t’appartient.
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Tu écoutes son râle, tu éponges son front, tu te souviens des remèdes de ta grand-mère et tu sors tout ce qui se trouve dans la pharmacie familiale pour découvrir que la moitié des médicaments que tu pensais lui donner sont périmés.
Mais où s’enfuit tout ce temps?
Il est 4 heures du matin, il s’est rendormi contre toi après une quinte de toux qui semblait ne plus vouloir s’arrêter. Dans la nuit, tu fixes le plafond et tu te demandes comment organiser ta journée du lendemain.
Tu t’en veux déjà d’avoir envisagé de le remettre à l’école alors qu’il semble assez évident qu’il ne sera pas assez en forme pour y aller. Tu sais que tu y as pensé pour ne pas devoir annoncer au boulot que tu ne t’y rendras pas.
Et à nouveau cette impression de toujours tout faire mal. À côté de toi, l’enfant vient de se retourner et tu sens sa main chercher la tienne.
Quand tu sentiras cette main effleurer tes doigts, souviens-toi que pour cette petite personne-là, tu fais tout bien et tu es l’unique présence dont il a besoin, en cet instant précis.
Rien n’est plus nécessaire que la main d’une mère sur le front brûlant de son enfant. Une maman n’est jamais autant à sa place sur terre qu’à côté de son enfant malade.
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3 comments
Tout à fait vrai cet article. Merci car je m’y retrouve dans cette article. Et merci de ce partage
Merci et courage!
Bel article ! Vécu et revécu ! Je rajouterai aussi que j’ai eu beau expliquer que je travaillais à une heure en voiture et mon mari à un quart d’heure en vélo de l’école et la crèche, cela a duré longtemps avant que l’habitude soit prise d’appeler d’abord mon mari.