Mon interview de Cécile du compte NYCYLA au sujet de l’enfant enfant unique.
J’aborde régulièrement sur ce blog le sujet de l’enfant unique. Je suis maman d’un enfant unique par choix et ce choix n’est pas toujours bien compris ni bien accepté par la société. Je me base sur mon expérience personnelle pour traiter la question. Je me disais que ça serait bien d’avoir d’autres sons de cloche. J’ai donc décidé d’aller discuter avec d’autres mamans d’enfant unique.
Ma première intervenante est Cécile, Française de 35 ans expatriée en Californie depuis 2014, créatrice de contenu, que vous connaissez peut-être (sûrement!) sous le pseudo NYCYLA. Vous la trouverez sur Instagram mais aussi sur YouTube.
NYCYLA = Cécile, Nicolas et Lana
Cécile est en couple avec Nicolas, âgé de 36 ans. Ils sont en couple depuis 20 ans et sont parents de Lana, 10 ans. Qu’est-ce qui a motivé leur choix de n’avoir qu’un seul enfant? Comment le vit Lana? Voici quelques-unes des questions que j’avais envie de lui poser.
Cécile et Nicolas savent ce que c’est de grandir entourés: Cécile a une grande soeur de deux ans son aînée et Nicolas est l’aîné d’une fratrie de trois enfants. Cécile se souvient: “La stratégie de ma maman, c’était de faire deux enfants rapprochés: elles se disaient qu’on s’entendrait bien et qu’on jouerait ensemble.” Mais entre la théorie et la pratique, il y a un monde…
Les deux sœurs ont, en réalité, “toujours eu une relation conflictuelle”. “Je crois qu’elle n’a pas trop aimé mon arrivée. On se disputait tout le temps.” Cécile et sa soeur se sont rapprochées sur le tard, quand elles sont devenues mamans toutes les deux, à deux mois d’intervalle.
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“On n’était pas partis pour n’avoir qu’un seul enfant”
Cécile m’explique qu’elle a toujours voulu avoir un enfant. C’est elle qui a mis le sujet sur la table au bout de dix ans de relation avec Nico. Les choses ont été vite puisqu’elle est tombée enceinte au premier essai. L’idée n’était pas d’avoir un enfant unique à la base…
“On n’était pas partis pour n’en avoir qu’un. On partait tous les deux sur l’idée d’en avoir au moins d’eux, je pense… On n’en avait pas vraiment parlé sérieusement.” Cécile et Nico se sont expatriés en Californie quand Lana avait 2 ans, “au moment on on aurait voulu faire un éventuel deuxième peut-être…”
Au final? Tout à leurs nouveaux projets et à leur nouvelle vie, ils n’ont jamais ressenti l’envie ni le besoin d’avoir un autre enfant. “On était parfaitement comblés avec notre petite fille. On était bien tous les trois et on a toujours été bien tous les trois.”
La petite phrase qui choque souvent les gens
Cécile et Nico sont encore jeunes, ils pourraient remettre ça. “Lana est grande désormais et on ne se voit plus du tout avec un bébé. Je sais que ce que je vais dire choque souvent les gens mais Lana, c’est 18 ans de ma vie à temps plein. Elle a 10 ans, il m’en reste 8.”
“À 18 ans, même si elle n’est pas partie de la maison, elle sera, dans tous les cas, autonome. Après 18 ans à ne faire ça, à être maman du mieux possible, j’aurai envie d’entamer un nouveau chapitre de ma vie. Quand Lana aura 18 ans, j’en aurai 43: je serai encore jeune, j’aurai plein de choses à explorer dans ma vie de femme. Je ne me vois pas resigner.”
“Avoir un enfant unique n’était pas un choix, mais ça l’est devenu”
“Au début, avoir un enfant unique n’était pas un choix, mais ça l’est devenu. Et on est tous d’accord. Ce qui est une chance, j’en suis consciente.”
Cécile se définit comme une maman cool pour sa grande fille. “Je suis super sympa mais j’ai des grosses limites au niveau du respect: si elle souffle avant de me répondre, qu’elle roule des yeux quand je lui parle, je peux m’énerver. Quand on se dispute, on peut se faire la tête longtemps. Mais on a une relation très fusionnelle. On n’a pas de tabou, on parle de tout. Je suis une maman très disponible: elle fait du sport en compétition, je m’investis, je la conduis, j’y passe mes week-ends.”
“Ce sont des choses que je ne pourrais pas faire si j’avais plusieurs enfants. Déjà parce que ça a un coût et que, par exemple, lors de ses compétitions de cheerleading, il faut y être à 6 heures du matin et elle doit déjà être maquillée, donc on se lève à 4 heures du matin. Je n’aurais jamais pu faire ça avec un autre enfant. J’ai une disponibilité totale pour ma fille, du fait qu’elle soit enfant unique et je pense qu’elle en est très consciente: elle voit que ça ne se passe pas pareil ailleurs…”
“Ma fille unique est bien consciente de ses avantages”
Lana vit très bien le fait d’être enfant unique. “C’est la seule enfant unique dans notre entourage amical proche. Elle est bien consciente de ses avantages. Elle adore quand les enfants des copains viennent à la maison mais elle bien quand ils s’en vont aussi. Elle aime bien sa tranquillité.”
“Quand elle était petite, elle me faisait de la peine: je la voyais jouer dans son coin à la maison, j’allais vers elle pour lui proposer de jouer mais elle était bien comme ça. C’est une enfant qui, par son statut d’enfant unique, n’a aucun problème à être seule. Elle préfère être seule que se forcer à faire des choses qu’elle n’a pas envie de faire.”
Je souris en retranscrivant les propos de Cécile parce que j’ai l’impression de lire la description de mon fils unique. “Elle n’a pas de problème avec l’autorité. Mais quand elle n’a pas envie, elle n’a pas envie. Franchement, elle m’inspire. En tant qu’adulte, il y a plein de choses que je me force à faire socialement… J’admire Lana. C’est génial de savoir être bien avec soi-même, sans avoir tout le temps besoin d’être entouré.”
“Elle aurait bien aimé une grande soeur”
Lana n’a jamais eu de manque: elle n’a donc jamais demandé de petit frère ou de petite soeur. “Mais elle m’a déjà demandé une grande soeur.” Là encore, je souris: c’est pareil pour le mien, qui aurait bien aimé un éventuel grand frère. Les enfants uniques interagissent au quotidien avec des adultes: leurs parents. “Elle a un petit désintérêt pour les enfants de son âge ou les enfants plus jeunes. Et ça, je crois que c’est dû à son statut d’enfant unique.”
Les remarques sur l’enfant unique qui énervent Cécile
Je vous avais déjà parlé de la phrase au sujet de l’enfant unique que je n’en peux plus d’entendre. J’ai demandé à Cecile quelles étaient les siennes. Voici ses réponses.
“À quand le deuxième?”
“Ce n’est pas: alors, vous voulez un deuxième? C’est à quand? Comme si c’était obligatoire. Dans cette phrase, j’entends: Oh, hé, qu’est-ce que tu fous? Il y a un problème, là! Je la vomis. Ça fait 10 ans que j’ai eu Lana, je crie sur tous les toits que je ne veux pas d’autres enfants mais les gens ne veulent pas comprendre…
“Elle va avoir du mal à partager”
“Les enfants uniques sont souvent vus comme des enfants qui ne savent pas partager. C’est faux. Quand Lana était petite, il y avait tout le temps des enfants à la maison et elle prêtait ses jouets à tout le monde. Quand elle allait à son tour chez ces enfants-là, qui avaient tous des frères et sœurs, ils refusaient de lui prêter ses jouets. Elle ne comprenait pas…”
J’ai constaté la même chose et j’ai une théorie là-dessus (qui vaut ce qu’elle vaut): les enfants en fratrie se font tout le temps piquer leurs jouets par leurs frères et soeurs, du coup, ils sont sur la défensive, ils ont l’habitude de devoir surveiller leur territoire et leurs possessions. L’enfant unique est très tranquille avec ses affaires: il sait qu’elles sont à lui, personne ne vient jamais, à la maison, les lui arracher des mains.
“Elle va s’ennuyer, non?”
“On n’aurait jamais fait un autre enfant pour offrir un copain à notre fille. Un enfant n’est pas là pour éduquer le premier, le divertir ou s’en occuper.”
“Comment fera-t-elle quand vous ne serez plus là?”
“On est expatriés et il y a des gens qui retournent vivre en France pour leurs parents, alors qu’ils ne sont pas forcément très famille. Mais ils se sentent responsables. Moi, je ne veux pas que ma fille ait cette pression-là. Je ne veux pas qu’elle fasse ses choix de vie par rapport à nous. Par rapport à cette phrase, oui, c’est une réalité: elle ne pourra partager son chagrin avec un frère ou une soeur, le jour où on partira…”
Le seul petit regret de Cécile
“La seule chose qui me chagrine un peu dans le fait de n’avoir qu’un seul enfant, c’est qu’elle ne sera jamais tata. Moi j’adore ce statut-là. J’ai des nièces du côté de mon mari et du côté de ma soeur et j’adore. Je suis très heureuse de les avoir dans ma vie. J’aimerais bien qu’elle connaisse ça donc j’espère qu’elle rencontrera quelqu’un qui aura des frères et soeurs, comme ça elle pourra avoir des neveux et nièces. Voilà, ça me chagrine un peu mais je ne vais pas faire un deuxième enfant pour que ma fille soit tata un jour…”
Le message de Cécile à ceux qui ont peur que leur enfant reste enfant unique
Pour terminer cette interview, j’ai demandé à Cécile de laisser un petit message aux mamans qui hésitent à faire un deuxième enfant, qui ont peur que leur enfant reste enfant unique. “Je n’étais pas partie sur l’idée de n’en avoir qu’un mais ma fille est très heureuse, elle est très épanouie.”
“Ne faites pas un enfant pour votre aîné, ce n’est pas lui rendre service, ni vous rendre service. Je connais des gens qui ont fait un deuxième enfant parce qu’il fallait faire un deuxième enfant et aujourd’hui, ils regrettent…”
“Déjà parce que ce n’est pas facile d’être maman. C’est dur d’accompagner, de faire grandir un enfant: ça demande beaucoup d’énergie, de patience, il faut tout le temps trouver les bons mots… Écoutez-vous. Et ne faites pas attention à ce que la société vous dit.”
“Les gens vous demandent pourquoi vous ne faites pas de deuxième? Si vous en avez un deuxième, ils vous demanderont pour le troisième, ou bien ils vous diront qu’il faut en faire un autre pour avoir une fille vu que vous avez deux garçons… Les gens auront toujours quelque chose à dire.”
“Faites un deuxième enfant si vous en avez vraiment envie, c’est tout. Et si vous ne le faites pas, sachez qu’en 2023, non, les enfants uniques ne sont plus des monstres (même si des choses absolument HORRIBLES ont été dites à son sujet, NdlR). Ce sont des enfants tout aussi heureux et formidables que les autres.”
Témoignages enfant unique
Vous voulez apporter votre pierre à l’édifice? Vous êtes enfant unique et vous avez envie de reproduire ce schéma familial? Ou au contraire: trop de choses vous ont manqué et vous avez envie de faire exactement l’inverse? Vous avez un enfant unique et vous avez des réflexions à apporter sur le sujet, vous remarquez certaines choses propres au statut d’enfant unique? Vous avez déjà eu des réflexions atroces et vous avez réussi à prouver par A + B qu’elles étaient fausses? Bref, vous voulez m’aider à décomplexer les parents qui veulent un seul enfant. Remplissez ce petit questionnaire et je reviendrai peut-être vers vous pour un article plus détaillé: https://forms.gle/6qDuXyRemvxMacxr9
4 comments
Merci Déborah, merci Cécile. J’admire votre personnalité entière, vos mots qui résonnent si bien, vos messages si clairs. Je suis très heureuse de vous lire, de ”vivre” vos belles expériences. Merci pour tout. ?????
Merci Anne-Marie, trop chouette de te lire! 🙂
Je ne voulais pas mettre des points d’interrogation. C’était des fleurs pour le printemps. Je renouvelle mes grands mercis.
Je suis enfant unique et avec mon conjoint nous avons également décidé de n’avoir qu’un enfant. On est tous les 3, on est bien, on est une équipe. Je me retrouve totalement dans le fait que je n’ai jamais espéré une petite soeur ou un petit frère et moi-même si j’avais pu choisir cela aurait d’avoir un grand frère. A la “place” j’ai eu …. un chien !! Ma fille adore ses moments de calme, surtout après des journées avec ses copines ou ses cousins et cousines. Elle s’invente son monde dans sa chambre et elle est heureuse comme ça. Mon compagnon et moi, nous nous sommes séparés pendant 3 ans, et nous nous sommes retrouvés il y a 1 an et demi alors forcément la question “a quand un petit deuxième?” on l’a beaucoup entendu de la part de notre entourage mais pour nous c’était clair et sans interrogation. on a retrouvé notre équipe et notre cocon et rien ne pourra venir perturber cet équilibre.