J’ai vu le film “The Son” de Florian Zeller avec Hugh Jackman, Laura Dern et Vanessa Kirby. Comme il l’avait fait dans “The Father”, le réalisateur adapte ici l’une de ses pièces. Il devrait compléter sa trilogie familiale pleine d’émotions avec “The Mother”. Voici mon avis sur “The Son” et les réactions que ce film a provoquées en moi.
Nicholas a 17 ans, il va mal, il sèche les cours depuis un mois, et ses parents, divorcés depuis plusieurs années, ne savent plus quoi faire pour l’aider. Ils l’interrogent sans cesse sur les raisons de son mal-être. Ils veulent quelque chose de concret, de précis, afin de s’y raccrocher. Parce que nommer le problème pourra, ils le pensent, les aider à le résoudre.
Mais Nicholas ne sait pas pourquoi la vie lui semble si difficile. Il se rend compte qu’il sombre petit à petit et tente, comme il peut, de se raccrocher à la vie. Il décide de quitter sa mère, Kate, avec laquelle il vit depuis le divorce, pour s’installer chez son père, Peter, qui a refait sa vie et vient d’avoir un petit garçon. Peut-être que ce changement lui redonnera une nouvelle énergie?
Peter se veut rassurant. Il pense que l’attitude de son fils est typique de l’adolescence. Il répète que « ça va passer ».
“The Son”, de Florian Zeller, est actuellement au cinéma et parle de la dépression chez les adolescents. C’est beau et triste et quelque chose m’a gênée tout au long du film mais j’ai du mal à mettre le doigt dessus. Je dirais que les personnages manquent d’épaisseur. J’ai trouvé Laura Dern à côté de son rôle alors que je la trouve parfaite et convaincante à peu près tout le temps, partout.
Idem pour Hugh Jackman, que j’ai trouvé assez insensible et peu concerné alors qu’à l’écran, son personnage s’agite pour aider son fils. Vanessa Kirby, dans le rôle de la nouvelle compagne de Peter, est sous-exploitée. Je l’avais adorée dans « Pieces of Woman » sur Netflix, un film qui traitait d’une naissance à domicile qui tourne mal. J’avais eu du mal à m’en remettre.
Trois questions que The Son soulève et qui vont traumatiser les parents
À côté de ça, The Son soulève quelques questions ou manières de fonctionner qu’ils me semblaient intéressantes d’évoquer ici.
Les traumatismes qu’on reproduit sans le vouloir, de génération en génération
D’abord, le film parle des traumatismes qu’on reproduit sans le vouloir, de génération en génération. À un moment, Peter va voir son père, pour lui expliquer qu’il va renoncer à un job important pour s’occuper de son fils. Le patriarche voit là une façon détournée de lui faire savoir qu’il est un meilleur père que lui l’a été.
On apprend que Peter n’a pas eu une enfance facile: sa mère était malade et son père ne venait pas lui rendre visite à l’hôpital sous prétexte de travail. Peter était seul au chevet de sa maman.
Le père de Peter s’énerve, lui dit d’arrêter de ressasser et de passer au-dessus. Peter se rend compte qu’il reproduit finalement cette attitude qu’il reproche tant à son père avec son propre fils. Il estime, en effet, que son fils n’a aucune raison de se plaindre par rapport à ce que lui a vécu au même âge. Et il le lui fait savoir. Quand il s’en rend compte, il est dévasté.
La phrase la plus terrible à entendre pour un parent
Le film dit aussi que l’amour ne suffit pas. Et ça, je crois qu’il n’y a rien de plus terrifiant à entendre quand on est parent. Kate et Peter aiment leur fils, il n’y a aucun doute là-dessus. Ils se sont aimés aussi, le temps que ça a duré. Personne ne remet ça en cause.
J’ai pleuré en assistant au choix dramatique qu’ils font par amour alors que leur fils est temporairement interné en psychiatrie. Ils le font pour son bien. Ils en sont en tout cas intimement persuadés. Mais vouloir bien faire ne suffit pas pour que tout s’arrange.
Une petite enfance heureuse ne garantit pas une adolescence heureuse
Enfin, troisième point abordé, lui aussi assez terrible: une petite enfance heureuse ne garantit pas une adolescence heureuse. Peter et Kate se souviennent de joyeuses vacances en famille, alors que Nicholas n’avait que 6 ans. Le père apprenait au fils à nager, la mer était calme, la lumière magnifique. Dans “The Son”, il ne comprend pas comment son petit garçon est devenu aussi triste, pourquoi il est à ce point attiré par l’obscurité et pourquoi il n’arrive pas à lui garder la tête hors de l’eau.
Mon avis est que “The Son”, même s’il manque parfois d’émotion, ce qui est très surprenant au vu du sujet, fait malgré tout partie des films qui tortureront les parents. Hugh Jackman a lui-même confié que tourner ce film l’avait transformé en tant que père. “L’amour ne suffit pas”, a-t-il expliqué sur France Inter. “Nous ne sommes pas toujours la bonne personne pour aider mes enfants. Ce film m’a changé en tant que parent, je suis beaucoup plus vulnérable et plus ouvert envers mes enfants. Depuis ce film, je dis parfois à mes enfants: Je ne sais pas quoi faire, est-ce qu’on peut en parler?“
“The Son” rappelle aussi que la dépression est inexplicable, qu’il ne s’agit pas seulement de se motiver à sortir du lit le matin. Et rien que pour ça, je le trouve nécessaire.
The Son est sorti le 8 mars, il est actuellement au cinéma.