Je vous relaie ici le coup de gueule bouleversant et révoltant d’une mère célibataire belge. Que font ceux qui dirigent le pays? À quel moment vont-ils entendre le désespoir de la population, toujours plus pauvre?
Comment font les mères célibataires? Je m’étais déjà posée la question et j’ai désormais la réponse: elles n’y arrivent plus.
Elle s’appelle Guilaine, elle est maman célibataire d’une fillette de bientôt 7 ans, et son coup de gueule posté sur Facebook m’a émue et révoltée.
Je la connais Guilaine, elle n’est pas du genre à se plaindre. Encore moins du genre à venir raconter sa vie sur les réseaux sociaux. Mais son message se doit d’être entendu parce qu’elle n’est pas la seule que l’inflation met à genoux.
“J’ai la corde au cou”, commence-t-elle. “J’ai envie de vomir de dégoût.”
Voilà à quoi ressemble la vie d’une mère célibataire
Dans son coup de gueule, Guilaine raconte d’abord à quoi ressemble la vie d’une mère célibataire. “C’est beaucoup de concessions, une charge mentale non partagée, une attention constante pour son enfant en s’oubliant la majorité du temps, anticiper tout, tout le temps…”
Je l’avais déjà écrit: en Belgique, on nous pousse à penser à tout, un an à l’avance et c’est un enfer absolu pour les parents. C’est encore pire pour les mamans célibataires, sur qui repose toute la charge mentale.
Elle raconte son “combat quotidien”, toutes ces fois où elle se met entre parenthèses pour répondre aux besoins de sa fille, sans jamais pouvoir souffler. Ou si peu. “J’ai l’immense chance d’avoir quelques relais, je ne sais pas ce que je ferais sans eux.”
Être mère célibataire, c’est aussi assumer tout ou presque financièrement. “Ce sont des loyers élevés non partagés et des charges qui augmentent à vue d’œil et qui sont non partagées également.”
Son loyer est indexé de 100 euros du jour au lendemain
Comme beaucoup, suite à la crise énergétique, Guilaine a vu son loyer être brutalement indexé. Elle vit dans la région de Namur, dans une petite maison à 895 euros qu’elle avait eu du mal à trouver et qu’elle galérait déjà à payer.
Son loyer est passé hier, date d’anniversaire de son bail, à 995,67 euros.
À ça, il faut rajouter les charges, le mazout, le prix affolant des courses alimentaires… “Joyeux anniversaire”, écrit-elle, amère.
“La corde que j’avais déjà au cou se resserre un peu plus”
“Vous la voyez la putain de corde que j’ai déjà au cou se resserrer encore un peu plus ? Vous les voyez les angoisses de plus en plus présentes pesant encore un peu plus sur ma poitrine et mon cœur ?”
“Qu’est-ce que je suis censée faire en tant que mère célibataire si je veux offrir une vie décente à ma fille sans être dépendante de qui que ce soit ?”, s’interroge-t-elle.
“Vivre sous les ponts ? Vivre dans un logement insalubre ? Dépendre forcément d’un tiers ? Vivre dans un logement très éloigné de l’école et des activités de mon enfant où les loyers sont peut-être un peu moins chers ? Me mettre sur une liste d’attente de logements sociaux qui ne fait que s’allonger d’année en année ?”
“Je dois renoncer à mon rêve de devenir prof de musique et aller travailler dans privé?”
“Renoncer à mon rêve de devenir prof de musique, et aller travailler dans le privé pour être sûre de gagner suffisamment d’argent pour avoir une vie décente, mais m’emmerder comme un rat mort et passer 1/3 de mon temps à enrichir une personne qui est sans doute déjà bien assez riche ?”
“Ou louer un mini appartement 1 chambre pour 2 ? Pourrais-je avoir un jour accès à la propriété et enfin souffler et me dire que je peux vraiment m’installer quelque part ?”
Guilaine est à bout: “Le suicide social est-il la seule solution/option ? Je suis outrée de l’inhumanité de la vie. Se priver de tout, être privé de sa liberté individuelle, ne pas pouvoir faire les choix qu’on sent bon pour nous car l’argent et l’inhumanité qui en découlent régissent tout.”
“L’argent, l’argent, tout est régi par cette merde”
“Les inégalités sociales me dégoutent. L’argent, l’argent, tout est régi par cette merde. C’est terrible.”
Guilaine est consciente que d’autres gens sont encore moins bien lotis qu’elle. On est toujours le riche de quelqu’un. Mais les mères célibataires agonisent. Elles ont encore moins le droit de rêver que les autres.
Qu’attend le gouvernement pour agir? Quand les gens vont-ils arrêter d’être étranglés en permanence? À quel moment va-t-on pouvoir se remettre à vivre?
“Je me bats comme je peux, mais là, je n’y arrive presque plus, il ne me reste quasi pas d’énergie.”
Si vous avez des pistes concrètes pour aider Guilaine à se loger dans la région de Lustin, faites-moi signe par mail: seayouson@gmail.com. Je relayerai votre proposition.
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