Il y a quelques jours, Ezra, bientôt 4 ans, m’a demandé pourquoi il saignait du nez régulièrement. Je me suis donc lancée dans une explication un peu bancale. J’ai notamment parlé des veines qui transportent le sang et qui font le tour de tout notre corps, des pieds à la tête. J’ai marqué mille points et son intérêt s’est décuplé quand j’ai dit: “Regarde sous ma peau, on les voit, on dirait des routes.”
J’ai donné des informations brèves, avec des mots simples. C’est incomplet, évidemment. J’attends la prochaine salve de questions sur le sujet pour faire des recherches plus approfondies. J’ai eu sans le savoir alors, la bonne réaction: je n’ai pas ouvert Google pour lui donner une réponse précise. On pourrait croire que l’accès à l’information permanente est une bonne chose. En réalité, ça empêche toute curiosité.
Matthieu Chérau dans le livre “Préparons nos enfants à demain” explique que faire dégainer son smartphone devant nos enfants et faire une recherche sur Internet pour leur donner la réponse la plus juste possible est une mauvaise idée. “Les parents restituent la réponse parfois immédiatement après, telle quelle. Ce réflexe est malheureux”, écrit-il. Et ce, pour deux raisons.
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D’abord parce qu’on oublie trop souvent que le premier modèle de nos enfants, c’est nous. S’ils nous voient sortir notre téléphone à chaque fois qu’on se pose ou qu’on nous pose une question, ils feront pareil quand ils seront en possession de leur propre appareil. Ensuite, parce qu’on restitue une réponse sortie d’où ne sait où sans la vérifier, l’interroger, la remettre en question. Et on sait bien que, de nos jours, ce n’est pas “parce qu’on la lu sur Internet” que c’est vrai.
Pour Matthieu Chérau, chaque question doit donner lieu à une conversation, “même si elle appelle d’autres questions auxquelles on n’a pas de réponse. Le simple fait de tenter d’y répondre fait réfléchir.” On développe sa curiosité, on cherche la réponse ensemble, on interroge des gens susceptibles d’en savoir plus sur le sujet. “S’il se demande comment un boulanger peut fabriquer autant de pains, il peut être intéressant de le demander au boulanger.”
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C’est un peu la base mais on le fait de moins en moins aujourd’hui donc c’est important de le rappeler. En plus du fait que ça crée du lien avec ceux qui nous entourent et que ça apprend l’enfant à se confronter au monde, (se) questionner devient un jeu. En réagissant comme ça, on lui “donne les outils pour devenir autonome”.
J’ajouterais que le cerveau, ça s’entretient, ça se stimule, ça se travaille. Plus on poussera nos marmots à réfléchir, à interroger, analyser les choses, plus il prendra le réflexe de le faire de lui-même et plus il en aura les capacités. C’est comme ça qu’on se débrouille le mieux dans la vie: en se trompant, en hésitant, en cherchant les réponses, en affutant son sens critique. Ça vaut pour les parents également…
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6 comments
Super super intéressant ! Je n’avais pas pensé à tout ça, à l’impact que ça pourrait avoir… Merci pour ce partage !
Le seul modèle qu’ils ont sous les yeux, c’est nous… À nous d’adopter les attitudes et gestes que l’on a envie de voir chez eux ! C’est aussi pour ça que (j’essaie de !) ne pas les afficher quand ils ne disent pas bonjour / au revoir / merci à des inconnus. Évidemment je le leur suggère mais s’ils se cachent ou autre je n’insiste pas. Je n’insiste plus, j’ai vraiment noté que c’était contre-productif : finalement c’est sans doute juste de la timidité liée à leur âge et – à priori – leurs parents sont polis, je me dis qu’il n’y a pas de raisons qu’ils ne le soient pas à plus ou moins court terme.
Et je n’avais pas pensé à toute la mécanique pour la recherche des réponses, c’est bon à savoir et je m’en souviendrai !
Je suis d’accord sur le principe mais quand ma fille me demande le nom de l’inventeur de la voiture ou du 1er roi d’Égypte et que je ne sais pas ?… je suis bien contente de trouver internet. Pour le reste je suis d’accord. nos propres mots ouvrent plus le dialogue.
Ahaha Mais oui évidemment dans ce cas là… mais on parle ici de concept, de choses plus globales.
Oui je dirai plutôt “ne cherchez pas tout de suite la réponse sur internet”. Mais si on n’en sait pas assez et qu’on n’a pas de livre avec la réponse à la maison, on finit quand même par chercher sur Internet. Et on peut même leur apprendre comment vérifier une info trouvée sur internet, et c’est une compétence importante aussi !
D’office. Mais on se comprend sur l’idée de base. On essaie d’abord de réfléchir par nous memes avant de demander à mister Google.