#PèreNoëlnexistepas: ces jeunes parents de la génération Z refusent de mentir à leurs enfants au sujet du Père Noël sous prétexte que ça va les traumatiser. Qu’en pensez-vous?
Chaque année, à l’approche des fêtes de fin d’année, la même question se pose: faut-il ou pas mentir aux enfants au sujet du Père Noël?
Les parents de la génération Z (soit ceux qui sont nés entre 1995 et 2010) ont leur propre réponse: ils sont nombreux à refuser de “mentir” à leurs enfants au sujet du Père Noël.
Le hashtag #SantaIsntReal a déjà amassé 14 millions de vues sur TikTok. Dans des centaines de vidéos, les jeunes parents essaient de convaincre les autres de mettre fin à la supercherie et de dire aux enfants que Père Noël n’existe pas.
“Mentir aux enfants au sujet du Père Noël est traumatisant pour eux”
Ils estiment que faire croire à l’existence de Père Noël pour ensuite annoncer aux enfants qu’il n’existe pas est “trop traumatisant” pour eux.
Dans une vidéo, Jess, maman américaine de trois enfants, a expliqué qu’on la traitait de Grinch. “On me dit que ne pas mentir à ses enfants au sujet du Père Noël devrait être un crime et que je devrais les laisser s’imaginer des choses.”
“Mais quelle part d’imagination ont-ils quand vous leur dites à quoi il ressemble, comment il se déplace, comment il vit et ce qu’il porte?”
“Vos enfants peuvent profiter de la magie de Noël sans croire au Père Noël”
Sierra McKenzie, 23 ans et maman de trois enfants âgés de 3 mois à 3 ans, tient le même discours. Elle explique que tous les cadeaux qui se trouveront sous le sapin cette année seront étiquetés comme venant de papa et maman.
“Vos enfants peuvent toujours profiter de la magie de Noël sans croire au Père Noël. Je ne veux pas éduquer mes enfants sur un mensonge.”
Selon elle, dire aux enfants que Père Noël n’existe pas ne les empêche pas de profiter des fêtes de fin d’année. Ça n’empêche pas de regarder des films de Noël, de faire des cookies tous ensemble ou de faire une liste de cadeaux.
Dans le New York Post, Chloe Amelle, influenceuse de 24 ans, maman de deux enfants de 3 mois et de 2 ans, explique qu’elle ne leur mentira pas au sujet du barbu au chapeau rouge.
“Je ne veux pas qu’ils aient peur et qu’ils pensent qu’ils doivent agir d’une certaine façon pour être récompensé.”
Elle n’aime pas le principe qui veut qu’il faut être gentil pour recevoir des cadeaux.
Pour elle, dire la vérité à ses enfants fait partie de la tendance du “gentle parenting”, qu’on peut traduire par “parentalité douce”, un dérivé de la “parentalité positive”.
Évidemment qu’on voudrait tous que nos enfants ne fonctionnent pas à la récompense
“En tant que gentle parent, j’apprends à mes enfants à faire les choses parce que c’est ce qu’il y a de mieux pour eux.”
“Utiliser Père Noël pour apprendre à vos enfants à être gentils en échange de cadeaux fait qu’ils n’apprennent pas à être gentils pour le plaisir d’être gentils.”
Évidemment qu’on espère tous que nos enfants ne fonctionnent pas à la carotte et à la récompense. Mais entre ce qu’on espère et la réalité, les parents découvrent qu’il y a un monde…
“Plus proche du conte de fées que du vilain mensonge”
Dans une interview accordée au journal Le Monde en 2016, la psychologue Dana Castro, auteure de Petits silences, petits mensonges : le jardin secret de l’enfant paru chez Albin Michel, explique que mentir au sujet du Père Noël, c’est plus proche du conte de fées que du vilain mensonge.
“Quand vous écoutez l’histoire du Petit Chaperon rouge, d’une certaine manière, ce sont aussi des bobards. Et pourtant, ça a pour fonction de développer la créativité, l’imagination, la vie intérieure. L’enfant a besoin d’une vision féerique du monde. Sinon, on est dans une forme de transparence totale, un rationalisme assez sec.”
Parce que si vous ne voulez pas mentir à vos enfants, alors vous leur racontez les réalités du monde? La guerre, les pédophiles, les cambrioleurs?
Si vous refusez que vos enfants soient parfois punis pour leur mauvais comportement, cela veut dire que vous ne comprenez pas que les criminels paient pour leurs crimes?
Je ne trouve pas ça si mal que les enfants apprennent dès le plus jeune âge que leurs actions ont des conséquences.
Personnellement, dans ma parentalité, ça fait partie d’un apprentissage quotidien. Je n’attends pas l’arrivée de Père Noël pour le lui enseigner. Mais si certains s’appuient là-dessus pour que l’enfant comprenne certaines limites, pourquoi pas?
“Le monde craint, je veux que mes enfants croient au Père Noël”
Donc, face aux parents de la génération Z, les millenials (dont je fais partie) résistent. En lisant le Daily Mail, j’ai lu l’intervention de Rose, 29 ans, de Tucson en Arizona. Elle explique que ses enfants croient au Père Noël et que c’est très bien comme ça.
“Le monde craint, tout craint pour le moment. Je veux que mes enfants croient en la magie de Noël et du Père Noël le plus longtemps possible.”
Pourquoi je laisse mon enfant croire au Père Noël
Je fais partie des millenials: mon enfant croit à la petite souris, à Saint-Nicolas, au lutin de Noël, à Père Noël. Et non, je ne crois pas qu’il sera traumatisé quand il découvrira que ça n’existe pas.
Pour la simple et bonne raison que mes frères, ma sœur, et mes amis ont tous cru aux mêmes légendes magiques et que personne ne garde un souvenir atroce de la grande révélation. Personnellement, je ne m’en souviens même pas.
Sur son site, la chaîne américaine Fox écrit: “Père Noël existe depuis des siècles et je ne vois pas les Baby Boomers ou les Millenials enchaîner les thérapies parce qu’ils ont découvert que Père Noël n’existait pas quand ils avaient 9 ans.”
Il y a plein de choses qu’on croit alors qu’elles sont fausses quand on est petits. Nos parents nous laissent croire.
C’est ce qu’il s’est passé chez nous, face à la question du Père Noël… Le “gros mensonge” ne vient pas directement de moi. On vivait aux États-Unis quand Ezra était en âge de croire à Père Noël. Ses camarades de classe étaient à fond sur la question. J’ai donc embrayé en douceur.
Parce qu’il en parlait avec des étoiles dans les yeux, que c’était mignon à voir, qu’il aurait été le seul de sa classe à être conscient de la supercherie. J’ai laissé croire. Je n’avais pas envie qu’il se sente exclu.
Père Noël est un truc parmi d’autres
Mais je ne rameute pas Santa à chaque fois qu’il se comporte éventuellement mal. Je ne passe pas mon temps à lui dire que s’il n’est pas sage, Père Noël ne viendra pas.
Je ne mets pas le monsieur à barbe blanche au milieu de toutes nos conversations et lui non plus. Père Noël est un truc parmi d’autres à Noël. Les cadeaux qu’il reçoit sont un truc parmi d’autres.
Noël, c’est nous trois autour d’une jolie table, c’est un film qu’on regarde collés-serrés, ce sont des moments qu’on partage en famille, un bon jeu de société, plein de choses à manger, c’est aller dormir plus tard, et des lumières qui clignotent partout…
Un jour pas trop lointain, il comprendra qu’on a menti ou en tout cas qu’on a entretenu le mensonge (laisser croire, est-ce vraiment un mensonge?) Mais ça ne m’inquiète pas trop de dire à mon enfant que j’ai voulu mettre de la magie dans sa vie.
Pourquoi la grande révélation ne m’inquiète pas trop
L’enfant est généralement assez grand au moment où il l’apprend pour accepter que ça n’existe pas. Souvent, il se pose des questions de lui-même, le processus se fait en douceur.
Chez nous, il est déjà en cours. Quand mon fils me demande si Père Noël existe vraiment, ou qu’il note l’une ou l’autre incohérence dans la légende familiale, je lui demande: et toi, que crois-tu à ce sujet?
Il a un sens critique. J’ai l’impression qu’il est capable de réfléchir. Il croit à certaines choses, pas à d’autres. Il a tout à fait compris que les Pères Noël des centres commerciaux ne sont pas le vrai Père Noël. Le vrai, personne ne l’a jamais vu, selon lui. D’ailleurs, il se demande s’il se balade vraiment en traineau et s’il vient réellement du Pôle Nord.
La légende personnelle de mon fils est un peu celle du Pole Express: il a bien compris qu’il y a ceux qui y croient, et les autres. Ceux qui y croient entendent le tintement d’un grelot, ceux qui n’y croient pas, n’entendent rien. Il y a donc déjà deux écoles, et c’est très bien comme ça. Chacun ses croyances.
Je ne crois pas qu’il sera si déçu (mais peut-être que je me trompe)
Je ne crois pas que mon petit garçon sera fondamentalement déçu quand il apprendra que Père Noël n’existe pas tel qu’il l’imaginait.
Et je suppose que je lui dirai que c’était moi et son père, qu’on avait envie de rendre Noël plus magique encore que ça ne l’est. Je crois qu’il sera tout à fait capable de comprendre tout ce qu’on a fait pour que ça soit féérique.
Quand il ne croira plus en Saint-Nicolas ou qu’il ne croira plus au Père Noël, je me dirai que la page de la petite enfance est définitivement tournée.
Je crois que Noël sera toujours magique à ses yeux. La seule chose différente, c’est qu’il saura, cette fois, que les cadeaux qui se trouvent sous le sapin, ont été choisis par ses parents.
Comment annoncer que le Père Noël n’existe pas à son enfant?
Un jour, il faudra bien s’y résoudre: si comme moi vous avez entretenu la légende, vous allez devoir vous expliquer. Alors, comment annoncer que le Père Noêl n’existe pas?
- Attendez que l’enfant pose des questions et remette en doute la version de l’histoire qu’il a toujours connue. Pas la peine de brusquer les choses. S’il vous pose des questions, c’est qu’il se prépare à entendre la vérité. Certains enfants demanderont à leurs parents si le Père existe vraiment dès l’âge de 5 ans. D’autres auront 8 ans révolus avant de remettre l’existence de Père Noël en cause. Tout dépend du développement de l’enfant et des gens qu’il fréquente.
- Demandez-lui: et toi, qu’est-ce que tu en penses? Ça permet de voir ce qui lui passe par la tête, la façon dont il raisonne sur le sujet. Vous allez pouvoir vous aligner en douceur à ses pensées et à sa vision des choses. La déception sera moins forte si vous prenez le temps de lui expliquer selon ses termes à lui.
- Mais dites-lui la vérité. Il faut arrêter les faux-semblants. Profitez-en pour le féliciter de grandir. Dites-lui que le Père Noël n’existe pas, certes, mais les fêtes de Noël, la magie de Noël, l’esprit de famille, la générosité, la féérie, si.
- Expliquez-lui qu’il s’agit d’un joli conte qu’on transmet de génération en génération. Vous pouvez le valoriser, lui dire que maintenant, il a une mission: celle d’entretenir la légende du Père Noël auprès des plus petits. Dites-lui qu’il peut jouer au papa Noël à son tour et faire plaisir aux autres lors de la distribution de cadeaux. C’est l’occasion de parler de générosité.
- Et surtout, ne culpabilisez pas. Il s’en remettra. Annoncer à son enfant que le Père Noël n’existe pas ne va pas ruiner toutes ses croyances et empêcher toute forme d’imagination. Il trouvera d’autres terrains pour laisser gambader ses pensées.
Et vous, dites-moi, comment avez-vous annoncé à votre enfant que le Père Noël n’existait pas?
Abonne-toi à ma newsletter TRANSPARENTE pour recevoir un mail de ma part chaque dimanche. J’y parle en toute honnêteté (encore plus qu’ici) de ma vie de maman.
Rejoins-moi sur Instagram, Facebook, YouTube et Pinterest. Si tu aimes le blog, tu peux aussi me payer un café pour le soutenir. Enfin, tu peux également te procurer mon Guide de la Belgique en famille qui rassemble 100 activités à faire en famille à travers tout le pays et mon livre Journal de Bord d’une maternité décomplexée.
4 comments
Excellent article ! Ce n’ est pas la première fois que j entends ce débat !!! J assume avec conscience de rejoindre le rang des parents “menteurs” lol parce que je laisse mes enfants grandir selon leurs rythmes, je leur laisse avoir des paillettes dans leurs yeux en s imaginant le Père Noël se gaver du chocolat et du bon verre de lait confectionnés avec amour pour sa venue, leur imagination s expanser en essayant de trouver le meilleur endroit pour s introduire près du sapin, parce que c est une fête magique, que l’Univers des petits enfants, leurs idées, leurs imaginations sont activés à fond durant cette période. Et en alimentant tout ceci, je ne me sens pas “mentir”-“trahir” mes enfants parce que je ne leur dis pas la vérité. J ai davantage l impression de les préserver dans ce qu ils sont capables de comprendre/de vivre/ d intégrer en fonction de leur âge et d opérer un dialogue sain sur des questions logistiques essentielles à leurs yeux :” où il trouve tous mes cadeaux?” Tout vient à point dans l éveil et la maturité, pour ma part j essaie de respecter leur rythme sans leur faire croire que le Pere Noël est finalement une ordure puisqu il n existe pas ! Lol
Je viens de poser la question à mes ados. Ils ont ri, “c’est n importe quoi! ” Ils n auraient pas voulu que je leur dise la vérité, bien au contraire, ils n auraient pas voulu passer à côté de cette magie. Voilà voilà, ils ne sont pas plus traumatisés que notre génération ! ?
Pfiouh beaucoup de choses sont mélangées dans cet article et ça va être compliqué de mettre les pensées en ordre pour continuer la discussion mais je vais essayer.
Je suis de ta génération mais dans l’autre équipe, celle qui ne fait pas croire.
Plusieurs raisons ont motivé ma décision:
– le papa et moi sommes neurotypique, je suis personnellement autiste. Sachant que c’est un trouble qui a un prévalence génétique et que le mensonge est extrêmement mal géré, ce n’est pas un risque que je souhaite prendre. Il y a d’ailleurs eu plusieurs fois des tensions avec mon fils parce que je ne lui avais pas dit toute la vérité à certains sujets (quels sont les légumes dans cette soupe? Par exemple ?)
– découlant du premier point : je suis nulle en mensonge. Je suis incapable de construire un mensonge crédible, je transpire, je panique, donc j’évite de me lancer dedans !
– à Noël, ce que je préfère c’est les attentions que l’on a les uns envers les autres. J’aime sentir la gratitude envers ceux qui me font des cadeaux, j’aime leur dire merci. Si c’est le père Noël qui fait des cadeaux pourquoi devrait on dire merci à sa famille?
Voilà en quelques mots les raisons qui m’ont poussée à faire ce choix. Ça n’empêche pas la magie de Noël bien sûr et heureusement que la magie ne s’arrête pas quand on ne croit plus au père Noël, je suis sure que vous êtes d’accord avec moi sur ce point. Le temps en famille, l’attention portée aux autres quand on choisit les cadeaux ou qu’on écrit les cartes, les films qu’on regarde et les jeux qu’on partage, etc. On raconte même des histoires du père Noël, exactement comme d’autres contes de fée, en sachant que c’est de la fiction. La magie est là parce que la magie c’est l’amour (cheesy mais vrai). On veille aussi à lui faire respecter les croyances des autres, on respecte nous meme les choix de chacun dans leur façon d’interagir avec leurs enfants.
J’en viens à ce qui m’a fait un peu grincer dans l’article parce que j’y voit un peu du jugement et de la mauvaise foi. Ne pas mentir à ses enfants, est-ce obligatoirement tout leur dire sans douceur et sans filtre ? Bien sûr que non. Il y a quand même une différence entre mentir et tout dire non ? Quand vous passez un entretien d’embauche, mentez vous au recruteur ? Lui racontez vous toute votre vie pour autant ? Non hein. Ce n’est pas parce que je ne mens pas à mon fils que je lui raconte toutes les horreurs du monde. D’ailleurs je trouve ce raisonnement un peu pessimiste. Le monde n’est que horreur qu’on doive obligatoirement mentir pour y survivre? Donc si il me pose une question, je vais y répondre avec douceur et avec des mots adaptés à son âge tout en lui disant la vérité.
En fait je suis toujours un peu dépassée par l’ampleur que prend le débat sur le père Noël. C’est pire que tous les autres débats sur la parentalité. Croire en Dieu? Allaiter? École ou éducation à la maison? Oui ça se dispute, mais la réponse sensée est toujours « respectons les choix de chacun ». Le père Noël? Là on a les tueurs de magie d’un côté et les méchants menteurs de l’autre. Alors que finalement la réponse devrait être aussi de respecter les choix de chacun. Surtout que bon le père Noël, c’est quand même pas un enjeu énorme finalement, que l’on y croit ou pas, non ?
Comme pour beaucoup de sujets qui concernent la parentalité, je n’aime pas les approches clivantes qui manquent de nuances en dressant deux camps opposés. J’ai choisi un entre-deux finalement assez proche de ta propre posture, puisque je n’ai pas expliqué clairement à mes enfants que le Père Noël n’existait pas. Cependant je n’en parle jamais autrement que comme une histoire (et d’ailleurs : personne il me semble n’a jamais prétendu que le Petit Chaperon Rouge était une histoire vraie… Le parallèle me paraît donc limité). Et, surtout, je ne pratique pas le chantage aux cadeaux. J’offre des cadeaux à mes enfants parce que je les aime, et mon amour est inconditionnel (même s’ils sont parfois bien bien relous, comme tous les enfants…). Et pour répondre aussi à la question “faut-il parler de toutes les horreurs du monde au nom de la vérité”, je dirais que faire le choix d’être le plus honnête possible avec ses enfants n’implique pas d’aborder tous les sujets sans discernement, ni sans s’adapter à leur âge…