Comment sait-on qu’on ne veut plus d’enfants? Je me posais la question dernièrement. Je partage avec vous mes réflexions (et vos réponses à cette question).
D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai toujours voulu qu’un seul enfant. Mais la porte a longtemps été contre, laissant passer un petit interstice de lumière.
Il y a un an, en regardant Ezra grandir, j’avais de temps en temps des petites bouffées de nostalgie en pensant à sa période bébé.
Je redessinais dans ma tête les contours de ses petites cuisses potelées, son cou tout chaud, ses doigts dans mes cheveux…
J’avais aussi cette impression que maintenant que je savais ce que c’était, de devenir mère, si je retombais enceinte, j’allais profiter d’autant mieux de ma grossesse, des premiers jours, des premières semaines, des premiers mois.
Je pouvais imaginer accoucher une deuxième fois et même envisager l’allaitement, moi qui ai toujours donné le biberon.
J’imaginais une autre parentalité: la connaissance en plus, l’inquiétude en moins.
Et puis, avoir un autre enfant, c’est multiplier les nuits sans sommeil, les difficultés organisationnelles, mais c’est surtout de l’amour en plus.
Un jour, l’envie d’avoir un bébé a complètement disparu
Je vais être honnête avec vous: ces envies n’ont jamais été assez fortes pour que je prenne la peine de convoquer une réunion familiale d’urgence. Et puis un jour, elles ont, subitement, complètement, disparu.
Là, je suis dans une phase où ce qui est lié à la toute petite enfance ne m’émeut plus. Quand je croise une femme enceinte, je suis heureuse pour elle, mais je suis contente d’en avoir fini.
Je voudrais recommencer l’aventure avec mon petit garçon, tout reprendre depuis le début, et regarder le même film une deuxième fois en prêtant attention à d’autres détails.
Mais ça ne m’intéresse absolument pas de vivre ça avec un autre enfant. La porte est fermée. J’ai renoncé. Mon enfant me comble. Je m’arrête là. Parfois, un premier enfant est aussi le dernier.
Mais pourquoi? Comment j’ai su que je ne voulais plus d’autre enfant? Bien sûr, il y a des raisons pratiques qui font que je ne veux plus d’enfant.
En vrac, le coût de la vie, la peur du lendemain, notre envie de voyager (un enfant, c’est plus simple). Mais je me rends compte que c’est surtout un truc qui vient du bide. Inexplicable. C’est comme ça et puis c’est tout.
C’est l’instinct qui parle. Un jour, on sait. Du moins, c’est ce que j’en ai tiré comme conclusion, pour moi.
Mais je vous ai posé la question sur Instagram et vous avez été des dizaines et des dizaines à me répondre par mail ou en MP: comment avez-vous su que c’était fini, qu’il n’y aurait pas de petit dernier?
Que vous ayez un, deux ou trois enfants, voici ce que j’ai retenu de vos réponses.
Comment on sait qu’on ne veut plus d’enfants?
Un moment précis, limpide
Certaines ont su qu’elle n’aurait plus d’enfant à un moment précis. L’une d’entre vous m’écrit: “J’ai eu un déclic le jour où ma deuxième et dernière a pu s’attacher seule en voiture…
Ça peut paraître idiot mais le fait que mes deux enfants montent et s’attachent seuls m’a donné une impression de liberté à laquelle je n’ai plus voulu renoncer…”
Une autre le jure: elle a su que c’était fini en plein accouchement, alors qu’elle donnait vie à son deuxième bébé. Une troisième lorsqu’on lui a annoncé qu’elle attendait des jumeaux.
Une autre mère m’écrit aussi: “Quand j’ai retrouvé un emploi à temps plein après 3 congés de maternité”.
Des raisons physiologiques
Un jour, on sort du lit et on a mal partout. Le temps semble nous être passé dessus avec un rouleau compresseur. Une maman me dit: “J’ai 44 ans. Il y a deux ans, j’ai su que je ne voulais plus d’enfant.”
Et puis, avec l’âge, on a moins de patience”, note une autre maman. “On supporte moins la fatigue. Le corps se remet moins bien.”
Des raisons pratiques mais…
Je remarque que beaucoup listent des raisons pratiques. Normal. On essaie d’être “raisonnable”. Une maman me dit qu’elle a commencé un nouveau job et que donc, c’est compliqué. Être une mère est déjà un travail à temps plein.
Une autre m’écrit: “Deux mains, deux enfants”. Une autre m’explique: “Je sais que je n’aurai plus d’autres enfants pour plein de raisons: organisationnelles, spatio temporelles (la place dans notre maison), financières (allo les sous).”
Mais dans ces cas-là, la raison a du mal à l’emporter sur le cœur. Je lis que le deuil est douloureux, l’incertitude plane encore: est-ce que vous prenez la bonne décision?
L’autre parent ne veut plus
Comment avez-vous su que vous ne vouliez plus d’autre enfant? On me dit: parce que l’autre parent est certain qu’il ne veut pas remettre ça.
Il y a six mois, je pouvais dire, de temps en temps, que je n’excluais pas totalement l’idée d’un deuxième. Le pourcentage était infime mais il était présent malgré tout.
Mon mari, par contre, était beaucoup plus catégorique que moi. Et même si c’est moi qui porte l’enfant, il a autant son mot à dire que moi.
Quand ce n’est pas le conjoint qui ne veut plus d’enfant, c’est une séparation qui redistribue les cartes. De mère de famille, on devient mère célibataire. De l’amour à la dispute et à la pension alimentaire, il n’y parfois qu’un pas.
Certaines se voyaient avec trois enfants, mais un divorce plus tard, elles n’en auront qu’un et elles font avec parce qu’elles n’ont plus l’énergie de tout recommencer avec quelqu’un d’autre. Une famille recomposée, très peu pour elles.
Une question d’équilibre
Vous m’écrivez: “On a trouvé un équilibre, j’ai peur que l’arrivée d’un autre enfant le fragilise.” Une autre me dit: “J’ai peur de devoir partager l’amour et le temps que j’ai pour mon fils.” Je peux comprendre.
Ou encore: “J’ai trois enfants mais je n’aurai pas de quatrième, c’est sûr, parce que si le coeur triple de volume, je n’ai pas encore trouvé comment me couper en 3.” Déjà qu’en 2, c’est compliqué.
Le monde dans lequel on vit
Certains ne veulent plus d’enfant à cause du climat social actuel. “La crise sanitaire, climatique, sociale: j´impose déjà ça à deux enfants, je vais déjà m´inquiéter pour elles toute ma vie. Le faire pour un troisième enfant, c´est au-dessus de mes forces.”
C’est trop d’angoisse et de culpabilité.
Les problèmes de fertilité
Vouloir des enfants n’est parfois pas aussi facile que prévu. De nos jours, les problèmes de fécondité sont réels.
Vous êtes nombreuses à avoir connu des difficultés pour tomber enceinte. On m’a parlé de fausses couches à répétition, d’insémination… Après des années d’infertilité, parfois, le combat se solde par un miracle.
Souvent, celles qui sont passées par la procréation médicalement assistée et la fécondation in vitro ont eu une grossesse angoissante, avec la peur de perdre ce qu’elles ont tant espéré.
Maintenant qu’elles tiennent leur bébé dans les bras, les femmes abonnées à la PMA n’envisagent pas jouer au Loto une nouvelle fois.
Et autres problèmes de santé
“J’ai su que je n’aurais plus d’autres enfants après avoir failli mourir en ayant mon deuxième, suite à une hémorragie”, témoigne l’une des mamans. Elle a la chance d’être maman de deux enfants. Elle arrête là.
Une autre me parle de l’endométriose, qui complique tout. La santé avant tout: si avoir un enfant, c’est se mettre en danger, c’est sûr que ça fait réfléchir.
Comment savoir qu’on ne veut pas d’autre enfant? C’est le feeling qui l’emporte
J’ai lu tous vos témoignages et je retiens que les mamans qui sont vraiment certaines de leurs choix, qui ne le questionnent plus, sont celles qui ont eu “un feeling”, une “sensation”, “une évidence”.
Beaucoup de témoignages vont dans ce sens: “Quand mon deuxième est né, je me suis sentie au complet, c’était indescriptible.” On en revient à ce truc au fond du ventre.
Comme il est difficile d’expliquer pourquoi on veut absolument devenir maman, il est tout autant difficile de dire pourquoi on ne veut plus d’enfant. Le désir d’être mère est aussi étrange que le désir de ne pas/plus l’être.
Dans un cas comme dans l’autre, un jour, on sait: le feu qui brûlait jusque-là s’éteint dans nos entrailles. On appuie sur l’interrupteur et on n’y pense plus.
Et on entre dans une autre phase de sa vie: une phase lumineuse. Fonder une famille est quelque chose de merveilleux. Devenir parents est incroyable. Ce qu’on a vécu avec nos enfants nous nourrit profondément.
Ça nous porte, ça nous donne de l’énergie (une fois qu’ils font leurs nuits!), et on est encore assez jeune pour faire des projets. Une page qui se tourne, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre. Je vous le souhaite passionnant.
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