Tu viens à peine de signer ton premier contrat de travail qu’on te demande: “quand comptes-tu acheter ton premier bien immobilier?” Tu rencontres un mec à l’âge de 25 ans, on te dit qu’il est peut-être temps de se poser et de faire un enfant. Tandis que tu urines sur le bâton du test de grossesse, tu devrais déjà penser à inscrire ton possible foetus à la crèche. Et alors que l’enfant ne parle pas encore, tu dois déjà choisir sa future école.
Et ça n’arrête jamais: il faut choisir en février le stage qu’il fera en été, réserver en décembre les futures vacances de juillet… Quand on a un premier enfant, on découvre le rythme absolument insupportable que la société impose aux parents: on est toujours dans l’urgence et toujours en retard. Quand est-ce que cette course effrénée et absurde va-t-elle s’arrêter?
Tic, toc: le rythme insupportable que la société nous impose
Quand j’avais 27 ans, on me demandait si je comptais me marier un jour. Ou si je comptais au moins faire un bébé bientôt. J’ai découvert qu’à 27 ans, on était déjà vieille. On me parlait d’horloge biologique, de difficultés à tomber enceinte. “Il faut prévoir parce que ça met du temps et que malheureusement, ce n’est pas toi qui décides jusqu’à quand la machine fonctionne.” Tout pour vendre du rêve.
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Il faut inscrire son bébé à la crèche dès le test de grossesse positif
J’ai fini par me marier et par tomber enceinte. Je n’avais pas encore eu la première écho chez le gynéco pour confirmer ma grossesse qu’on me pressait de trouver une crèche. “Si tu ne t’y prends pas maintenant, tu n’auras pas de place.” J’en ai parlé à mon mari qui m’a prise pour une folle mais qui a accepté de pousser la porte de la crèche privée du bout de la rue pour me rassurer.
Ça ne m’a pas rassurée.
J’ai presque eu l’impression de m’y prendre trop tard alors que j’étais enceinte de deux mois. On ne voyait pas encore mon ventre, je n’avais même pas encore entendu un cœur y battre mais pourtant, on me demandait de choisir l’endroit où j’allais déposer mon bébé encore en formation.
“Si vous faites une fausse couche, vous nous prévenez, qu’on libère la place”
En Belgique, si tu ne choisis pas ta crèche le jour où ton test de grossesse t’apprend que tu es enceinte, tu es à la bourre, sache-le. Ce n’est pas Lucile Rochelet, animatrice sur Radio Contact, qui me dira le contraire. (Voyez son post Facebook ci-dessous).
La directrice de la crèche souhaitait un formulaire de ma gynéco pour confirmer ma grossesse et la date d’accouchement présumée. “Et si vous faites une fausse couche entre-temps, vous nous rappelez pour qu’on ne vous garde pas la place pour rien.” J’étais sortie de là assez choquée, regrettant la brutalité du monde dans lequel j’allais envoyer un enfant qui n’avait rien demandé.
Je n’ai pas fait de fausse couche. J’ai mis mon fils dans la crèche en question. Une crèche privée puisqu’on m’avait bien dit que pour la crèche communale, je pouvais bien me brosser… Vérification par les faits: j’étais inscrite sur la liste des crèches communales depuis le début de ma grossesse et je n’ai obtenu une place que lorsque mon enfant avait 18 mois.
Une place en crèche communale aux 18 mois de l’enfant
Et quand les services communaux ont fini par me la proposer par téléphone, ils m’ont dit que “non, vous ne pouvez pas visiter la crèche”. Euh. J’aimerais quand même bien savoir où je vais déposer mon enfant le matin et à qui. Ça ne me semblait pas être une demande si insolite que ça.
“Les listes d’attente sont tellement longues que si vous ne la prenez pas, quelqu’un d’autre la prendra”, je cite. “On n’a pas le temps de faire visiter les crèches aux parents.” Fin de la discussion, c’était à prendre ou à laisser.
J’ai laissé. Par principe. Parce que je trouve le système tellement absurde que je refuse d’y prendre part. Mon portefeuille n’était pas forcément ravi de ma réaction impulsive (la crèche communale est moins chère que la crèche privée) mais tant pis.
À peine en crèche, il faut penser à l’école
Une fois l’enfant en crèche vient très vite la question de l’école maternelle. Je vivais à Bruxelles. Lorsqu’Ezra n’avait pas encore 2 ans, j’ai appelé la commune pour savoir ce que je devais faire pour l’inscrire dans l’un ou l’autre établissement près de chez moi..
On m’a fait savoir que j’étais déjà en retard. J’aurais dû penser à l’école que mon fils allait fréquenter alors qu’il n’avait même pas encore obtenu une crèche communale. C’est ABSURDE.
Un système absurde
Un jour précis était fixé par la commune bruxelloise où l’on vivait à l’époque pour inscrire notre enfant à l’école. Tout se faisait par téléphone et ça fonctionnait sur le principe du premier arrivé, premier servi. On m’avait conseillé de réquisitionner des proches pour monopoliser le standard téléphonique. “Tout le monde le fait.”
Et c’est donc pour ça qu’on n’arrive à joindre personne et qu’inscrire son fils à l’école par téléphone est un enfer absolu. À nouveau, c’est ABSURDE. Et il faut donc adhérer à ce système qui veut qu’on se projette des années à l’avance, alors qu’on ne sait même pas ce qu’on va manger ce soir. J’ai donc fait comme tout le monde, en m’en voulant à crever.
Si au moins ça fonctionnait…
J’ai mis 2 heures à avoir enfin quelqu’un au téléphone. Et je n’ai eu aucune des écoles de mon choix!
Les trois écoles dans lesquelles il y avait une place pour mon fils étaient les trois écoles les plus éloignées de notre domicile. Je devais donc prendre ma voiture alors que les trois écoles de mon choix se situaient dans un périmètre qu’on pouvait faire à pied. Tout ça pour vous dire qu’en plus d’être absurde, le système est totalement inefficace.
On me disait à l’époque que les parents inscrivaient leur enfant dans plusieurs écoles et que des places se libéraient logiquement en été, lorsque les écoles formaient leurs classes définitives. On pouvait donc apprendre début septembre que finalement, Ezra avait droit à l’un des établissements espérés.
Mais est-ce que quelqu’un pense à la façon dont on prépare nos enfants à la rentrée scolaire? On leur parle tout l’été d’une école, d’un quartier, de tout ce qu’ils vont y faire de formidable et en dernière minute, boum, tout bascule. La rentrée scolaire est déjà un bouleversement annuel. On pourrait peut-être s’épargner et les épargner au passage, non?
Je sais, en plus, que le calvaire n’est pas fini si on reste en Belgique. Je pense aux parents qui doivent dormir devant les écoles secondaires pour espérer que leur enfant puisse y être scolarisé.
Quand est-ce que la société va arrêter d’imposer aux parents ce rythme insupportable?
Quand est-ce que cette course sans fin va-t-elle s’arrêter? Qu’on doive prévoir un minimum se comprend: nous ne sommes pas seuls sur terre. Il faut s’arranger, faire coller les agendas. Mais toute cette urgence n’a absolument aucun sens.
Tout ça ne permet plus l’improvisation, le mouvement. On ne permet plus à la vie de nous bousculer, on ne s’autorise pas le changement. Alors que c’est ça qui fait le sel de notre existence.
Quand va-t-on revenir à la raison et mettre fin à ce rythme si pénible? Je n’ai pas de solution à apporter pour abolir le rythme insupportable que la société impose aux parents mais je suis, personnellement, à la recherche de sens et j’ai envie de changer les choses. Comment? J’attends vos idées dans les commentaires.
1 comment
Je pense que la situation est particulièrement alarmante dans la région de Bruxelles. En effet, nous habitons à 10kms de la frontière française et luxembourgeoise. Ruben doit avoir +- le même âge qu’Ezra et même si nous avons dû nous y prendre assez tôt pour la crèche, la situation n’était pas aussi catastrophiques.
De plus, comme nous habitons à côté du Luxembourg, nous avons pu inscrire Ruben dans une crèche de l’autre côté de la frontière. Et nous avons même pu aller visiter les différentes crèches (à l’improviste !).
Idem pour l’inscription à l’école, nous avons pris naturellement l’école la plus proche de chez nous. Et nous l’y avons inscrit à sa sortie de la crèche !
Malgré que nous habitions en ville, cela reste une “école de village” à taille humaire et il n’est même pas question de liste d’attente … En cas de question, nous pouvons parler directement à son institutrice ou au directeur de l’école.
Donc cette situation avec les crèches, les écoles, … est surtout très problématique du côté de Bruxelles mais pas du tout de ce côté-ci du pays.
Par contre, je te rejoins tout à fait pour l’inscription aux stages d’été, aux vacances, …Même si pour les vacances de cette année, nous nous y sommes pris un mois à l’avance et tout s’est bien passé.
Donc malheureusement pas de solutions à ce rythme dingue