Julien Sandrel nous emmène « Vers le soleil »: un roman qui fait du bien

by seayouson

Son dernier livre, « Les étincelles » était sorti lors du premier confinement, il y a un an à peu près. Je vous en parlais ici. Julien Sandrel, auteur de « La chambre des merveilles », arrive toujours avec les premiers rayons de soleil du printemps. Moi, je l’aime bien, cette petite habitude: Julien Sandrel a l’art de me mettre de bonne humeur avec ses romans feel good et faciles à lire. Et je dis ça sans que ça soit péjoratif. Pourquoi une lecture compliquée serait forcément plus qualitative qu’une histoire qui parle au plus grand nombre? Julien Sandrel est de retour avec “Vers le soleil”, une histoire qui lui a été inspirée, entre autres choses, par l’effroyable effondrement du pont de Gênes en Italie.

Ce livre raconte l’histoire de Sacha, jeune acteur engagé par Tess pour jouer l’oncle de sa fille, Sienna. A force de passer du temps avec elles, Sacha s’attache à Tess et Sienna. Et l’affection est réciproque. Le 14 août 2018, alors que Sacha et Sienna sont déjà presque arrivés en Toscane, Tess fait étape chez une amie habitant à Gênes. Soudain, une portion du pont s’effondre et ensevelit la maison où les deux femmes se trouvent. Tess est portée disparue. Sacha se retrouve seul avec Sienna et il n’a que quelques heures pour décider ce qu’il fera si Tess ne réapparaît pas: perdre pour toujours cette enfant de 9 ans avec laquelle il n’a aucun lien légal? Ou écouter son cœur et s’enfuir avec elle?

Julien Sandrel Vers le soleil

« Il y a énormément d’hommes qui fuient leur responsabilité de père »

Dans « Vers le soleil », Julien Sandrel avait envie de parler de la paternité. “C’était l’envie initiale”, me disait l’écrivain récemment. “J’avais envie d’écrire sur l’attachement, sur la façon dont naît l’attachement entre un père et son enfant.” On n’est pas ici dans une famille traditionnelle. Sacha n’a aucun lien de parenté avec Sienna. “J’ai l’impression que la paternité, tu la choisis quoi qu’il arrive”, confie Julien. “Parce qu’en tant qu’homme, tu peux décider de ne pas devenir père. Une femme, elle, est “coincée” avec la maternité: une fois qu’elle a eu l’enfant, soit elle l’abandonne, soit elle vit avec, mais elle est mère, c’est comme ça. Il y a énormément d’hommes qui fuient leur responsabilité de père. Ceux qui s’impliquent dans l’éducation de leur enfant, finalement, le font par choix.” Julien voulait parler du père que l’on devient, une fois qu’on choisit de l’être, et de la façon dont ça se construit, tout ça. “Avec cette idée que la famille, c’est celle qu’on choisit.” 

L’effondrement du pont de Gênes au cœur de « Vers le soleil »

L’auteur, qui admet que son côté très famille “infuse” dans ses romans, partait en vacances en Toscane lorsque ses enfants, sur la banquette arrière, se sont mis à l’interroger au sujet de l’effondrement du pont de Gênes. “Le déclic pour l’histoire est venu à l’été 2019. On est partis en vacances en Toscane avec ma femme et mes enfants. On était obligés de passer par Gênes. Le pont s’était effondré l’année précédente, il n’était pas encore reconstruit. Et l’absence de ce pont remplissait tout l’espace. On devait faire un détour, ça a mis des plombes. Les enfants n’arrêtaient pas de poser des questions, ils nous demandaient qui était les victimes? Et ils ont eu cette phrase tellement simple et tellement juste… Ils ont dit: ça aurait pu être nous. Ça m’a beaucoup touché. C’est vrai, à un an près, ça aurait pu être nous. Les victimes de cette catastrophe étaient, pour la plupart, des familles sur l’autoroute des vacances vers le soleil.”

La violence conjugale sous l’angle de la sororité

“Vers le soleil” de Julien Sandrel parle aussi de la violence conjugale, sous l’angle de la sororité et de la solidarité qui se crée autour des victimes. “En France, c’est une femme sur dix qui est victime de violences conjugales. Qu’importe le milieu social. Il y a une femme qui meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint. C’est inimaginable”, se désole Julien. “Une femme qui subit des violences devrait être entendue et protégée immédiatement et ne pas avoir à fuir, à se justifier sans cesse. J’avais envie que mon personnage masculin Sacha prenne conscience de l’ampleur du phénomène. En rencontrant ces femmes, il se dit: ah oui, elle aussi… On ne se rend pas compte de l’ampleur de la chose: les femmes qui s’en sont sorties ne le montrent pas, la plupart du temps. Je me dis que dans la classe de mon fils, il y a trois mamans à qui c’est arrivé.” Le livre s’inspire aussi d’un reportage qu’il a vu au sujet de ces acteurs engagés par des particuliers pour jouer un rôle dans leur vie privée. Parce que oui, ça existe vraiment: le phénomène est complètement fou. Vous pouvez lire un article qui est consacré à cette étrange pratique ici ou ici.

Avec “Vers le soleil”, Julien Sandrel livre un récit efficace, très agréable, émouvant, réaliste et léger, malgré la “lourdeur” de certains sujets. Un roman feel good parfait pour se détendre et casser l’ambiance morose du moment.

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