On fait comment pour ĂȘtre maman quand on a une relation pourrie avec la sienne?

by seayouson

Comment ĂȘtre maman quand on a une relation compliquĂ©e avec sa mĂšre?

La fĂȘte des mĂšres belge est passĂ©e, la française arrive. Dans certaines Ă©coles, la fĂȘte des mĂšres et des pĂšres est remplacĂ©e par « la fĂȘte des gens qu’on aime ». Une façon comme une autre de ne pas faire souffrir inutilement les enfants qui ont perdu l’un ou l’autre de leurs parents ou qui ont deux parents du mĂȘme sexe ou qui… ComplĂ©tez la suite.

On est pour, on est contre, ce n’est pas le dĂ©bat. Dommage en tout cas que le principe n’existe pas Ă  l’Ăąge adulte et que le marketing ambiant nous oblige Ă  penser Ă  nos parents.

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Comment s’inventer maman quand on a une relation compliquĂ©e avec sa mĂšre?

La fĂȘte des mĂšres est Ă©videmment l’occasion de penser Ă  celle qu’on a et celle qu’on est. Et justement: comment fait-on pour s’inventer maman quand on a des rapports conflictuels au mieux ou aucun rapport au pire avec la sienne?

J’ai eu l’occasion de potasser le dossier au cours des deux derniĂšres annĂ©es. Ma rĂ©ponse est qu’on fait de son mieux, qu’on fait ce qu’on peut, qu’on aime un peu de traviole parce qu’on n’a pas d’exemple sur lequel s’appuyer mais qu’on aime trĂšs fort pour compenser probablement l’amour dont on a manquĂ© soi-mĂȘme.

On s’Ă©meut ou on s’offusque selon le jour, l’heure et l’humeur d’entendre des mots qu’elle a dits avant nous sortir de notre bouche.

Lisez aussi: La nouvelle réalité de nos enfants

On s’Ă©tonne d’avoir parfois un peu de son rire, on lui en veut dĂ©jĂ  de passer Ă  cĂŽtĂ© d’un petit garçon si plein de vie, on lui en veut d’avance des questions qu’il nous posera plus grand et auxquelles il faudra bien trouver des rĂ©ponses. Qu’on devra inventer, simplifier, imaginer.

Parce qu’on ne les a pas mais qu’on a appris Ă  vivre avec notre ignorance. Et puis parfois, et on en est la premiĂšre surprise, on la comprend un peu, celle qui nous a mis au monde avant de nous lĂącher la main sans prĂ©venir.

On comprend que rien n’est simple, qu’elle n’imaginait probablement pas non plus en arriver lĂ , que finalement, on est humain et qu’on foire tous un truc un jour ou l’autre.

Être mùre sans en avoir une

Avoir une relation compliquĂ©e avec sa mĂšre c’est souvent ĂȘtre mĂšre sans en avoir une Ă  appeler pour un coup de main, un conseil, un cĂąlin.

C’est se demander si on fait bien en permanence, c’est avancer dans le noir, les yeux fermĂ©s et les mains tendues, et chercher l’interrupteur sans jamais le trouver. Mais on s’habitue Ă  tout, mĂȘme Ă  la pĂ©nombre…

Donc un jour, on ouvre les teintures et choisit d’ĂȘtre la mĂšre qu’on aurait aimĂ© avoir. Une qui fait de la peinture, des pĂątisseries, des bisous dans les cheveux, avec laquelle on mange des fraises couchĂ©s dans l’herbe, les yeux rivĂ©s sur le ciel immense.

Qui est parfois excĂ©dĂ©e, Ă©reintĂ©e, dĂ©primĂ©e mais qui t’ouvre les bras quand mĂȘme. Qui fait la part des choses. Qui ne t’accuse pas de ses maux. Qui t’aime mĂȘme quand elle ne s’aime pas.

Mon mari aurait bien aimĂ© avoir une fille, lui qui n’a eu que deux frĂšres. Moi je crois que j’Ă©tais soulagĂ©e quand j’ai su que j’aurais un garçon. Ă‡a empĂȘche peut-ĂȘtre la reproduction des schĂ©mas pourris. J’ai en tout cas envie d’y croire.

À toutes celles qui ont peur, à cause de leur propre mùre, de mal aimer

C’Ă©tait donc la fĂȘte des mĂšres en Belgique. La voici dĂ©sormais en France. Je pense Ă  toutes celles qui, comme moi, n’ont pas la relation respectueuse et comprĂ©hensive qu’elles espĂ©raient avec leur gĂ©nitrice.

A celles qui ont perdu leur maman trop tĂŽt (ça l’est toujours) et qui se cognent aux murs depuis. A celles qui ont fusionnĂ© avant d’exploser, qui ont pris leurs distances, leurs valises et la porte.

A celles qui la cĂŽtoient encore mais qui ne savent plus pourquoi. Qui supportent les remarques acides, amĂšres, injustes sans broncher, « parce que c’est ça la famille ».

A celles qui culpabilisent de penser ce qu’elles pensent d’elle. A celles qui ont peur, Ă  cause de leur propre mĂšre, de se planter, de mal aimer, d’Ă©touffer, de blesser leurs enfants.

A celles qui Ă©coutent leur psy leur rĂ©pĂ©ter que « c’est la faute de votre mĂšre si vous en ĂȘtes là » et qui s’en seraient bien passĂ©.

À toutes les mùres incomprises

Et puis Ă  celles, aussi, qui n’ont pas la relation qu’elles espĂ©raient avec leurs enfants et qui le regrettent. Qui se sentent incomprises ou seules, qu’on appelle un dimanche par mois, qui ont l’impression d’avoir tout le temps le mauvais rĂŽle, qui auraient aimĂ© faire mieux mais qui n’ont pas rĂ©ussi.

La relation d’un parent et son enfant est rarement limpide, la page sur laquelle on construit sa propre parentalitĂ© n’est jamais vierge. On Ă©duque avec la main du mĂŽme dans la nĂŽtre et avec un sac de nƓuds sur le dos, dont certains qu’on ne pourra jamais dĂ©faire.

Mais comme je disais: on fait de son mieux, on fait ce qu’on peut et on espĂšre que ça sera suffisant. Bonne fĂȘte tout particuliĂšrement Ă  celles pour qui « c’est pas simple ».

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16 comments

Cendra 26 mai 2018 - 11 11 43 05435

J’aime beaaaaaucoup cet article… Ce n’est plus conflictuel avec ma mĂšre (ça l’est avec d’autres membres de la famille!) mais j’ai Ă©normĂ©ment d’empathie pour ceux qui ont des difficultĂ©s familiales. VoilĂ , je crois que j’ai dis l’essentiel, merci pour cet article 🙂

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seayouson 26 mai 2018 - 12 12 11 05115

Merci beaucoup. La famille, c’est jamais simple.

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Bébé est Arrivé ! 26 mai 2018 - 11 11 57 05575

Quel joli billet, si juste, si sincĂšre, si parfait. Merci pour ces mots dont je me permets de retenir un trĂšs beau passage : « La page sur laquelle on construit sa propre parentalitĂ© n’est jamais vierge ».

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seayouson 26 mai 2018 - 12 12 10 05105

??

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tobemummysite 26 mai 2018 - 12 12 41 05415

Cet article me remue car je suis pleinement concernĂ©e. En rupture avec une mĂšre hautement toxique qui a passĂ© de (trop) longues annĂ©es Ă  me dĂ©truire. Je me pensais guĂ©rie jusqu’Ă  ce que j’endosse Ă  mon tour le rĂŽle de maman et que tout me revienne comme un boomerang dans les dents. Tout un passĂ© bien (trop) lourd qui m’a beaucoup fragilisĂ©e et rĂ©veillĂ© la terreur d’ĂȘtre Ă  mon tour une maman pourrie. Apparemment, j’arrive Ă  m’en sortir Ă  l’opposĂ©, j’essaie en tout cas de me construire ainsi. J’aime, peut-ĂȘtre trop. Je suis lĂ , sans interruption, lĂ  physiquement, moralement, de tout mon ĂȘtre. Ma fille ne manquera jamais d’amour, de temps que je lui accorde, de comprĂ©hension, ni d’Ă©coute. Peu Ă  peu, j’apprends Ă  me faire confiance et Ă  croire que l’on peut aussi briser les schĂ©mas dans lesquels on a grandi. Un grand merci pour cet article, il faut autant de bien qu’un bon sorbet tout frais par cette chaleur Ă©touffante.

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Caroline Iniesta 26 mai 2018 - 16 04 32 05325

Je ne suis pas concernĂ© car j’ai la chance d’avoir une maman en or et j’espĂšre aussi en ĂȘtre une (avec mes dĂ©fauts Ă©videmment comme tout le monde) . Mais quel bel article, je connais des personnes concernĂ©es et je pense donc Ă  elles en lisant votre article, votre petit garçon est magnifique et je suis sĂ»re que vous ĂȘtes une chouette maman.

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uncoeurgrandcommetoi (Evinrude) 26 mai 2018 - 18 06 20 05205

Oh ben ça me fait du bien ton post. C’est pas Ă©vident de lire un peu partout des tĂ©moignages de blogueuses disant combien leur mĂšre les aide, les soutient, les aide Ă  ĂȘtre de bonnes mĂšres.

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Maman Lempicka 27 mai 2018 - 15 03 29 05295

Je ne suis pas concernĂ©e directement par l’article, en revanche, j’ai entrevu par procuration ce type de relation (une amie trĂšs chĂšre et trĂšs proche), et ce doit ĂȘtre effectivement trĂšs complexe de construire son propre rĂŽle de maman, entre rupture et hĂ©ritage inĂ©vitable.

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seayouson 31 mai 2018 - 9 09 27 05275

Complexe mais heureusement, possible. AprĂšs toutes les maternitĂ©s le sont. Il y a toujours des choses qu’on ne veut pas tout Ă  fait reproduire de la mĂȘme façon je suppose…

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Ninon 29 mai 2018 - 12 12 24 05245

Oh merci pour cet article si bien Ă©crit ! ?
Ce qui est dur, je trouve, c’est de n’avoir personne pour un conseil ou un cĂąlin tout en culpabilisant de faire de sa maman celle qu’on appelle un dimanche par mois… Quand les enfants arrĂȘtent-ils de culpabiliser dans cette histoire ?

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seayouson 31 mai 2018 - 9 09 27 05275

Jamais, je crois. L’idĂ©e est d’apprendre Ă  vivre avec sans que ça nous fasse souffrir.

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Marion 22 août 2018 - 10 10 08 08088

Ce billet apporte un peu de sĂ©rĂ©nitĂ© et surtout me dĂ©culpabilise d’avoir priĂ© pour avoir un petit garçon (pleurĂ© de joie et de soulagement Ă  cette annonce!) pour ne pas devoir revivre un schĂ©ma mĂšre-fille…
merci Ă  vous ??

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seayouson 22 août 2018 - 10 10 08 08088

Courage, c’est pas toujours simple!

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seayouson 8 septembre 2018 - 2 02 40 09409

Je compatis. 🙂

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danslesetoilesblog 23 août 2018 - 20 08 26 08268

Merci pour cet article qui tombe Ă  pic post vacances ‘familiales’ oĂč je me dis encore une fois que c’est la derniĂšre fois que  » j’accepte » toutes ses remarques….

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Isa2nantes 10 mai 2020 - 14 02 02 05025

TrĂšs bel article qui me reflĂšte beaucoup
Merci et bonne fĂȘte ?

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