L’enfer sur terre existe (et mon fils adore)

by seayouson

Je n’aurais pas cru ça possible. Je n’aurais pas non plus cru qu’un jour, je pousserais la porte de ce genre d’établissement avec un gamin frétillant de bonheur n’attendant qu’une chose: que je lui lâche la main. Et puis, on s’est installé en Californie pour quelques mois et on en a adopté les us et coutumes. Ca fait partie du jeu: si tu t’expatries, tu mets de côté tes a prioris et tes comparaisons. Tout le monde se fout ici de savoir comment c’est en Belgique. D’ailleurs, soyons honnête: quand je dis que je viens de Belgique, à peu près personne ne sait où c’est et ceux qui savent se souviennent de Donald Trump qui estimait publiquement que le pays où je suis née est un trou à rats. Ca t’apprend l’humilité.

Nous avons donc découvert l’antre du mal, le repère des enfants accros aux écrans, à l’hyper stimulation et à la malbouffe. J’ai nommé Chuck E. Cheese’s. Chuck E. Cheese est une grosse souris grise vêtue d’un T-shirt mauve et son apparition est attendue par tous les marmots du coin comme on attend notre salaire à partir du 23 de chaque mois ou nos vacances au ski dès le 15 octobre. Je vous explique pourquoi plus tard. La maison de Chuck E. Cheese n’a rien du gros morceau de gouda troué qu’on voit dans les dessins animés. C’est un luna park géant avec des jeux qui clignotent sans discontinuer et font un bruit assourdissant destinés aux très jeunes. Les Luna Parks de la côte belge à côté, c’est de la gnognote. Ici, il y a un jeu qui consiste à récolter des grains de popcorn soufflés par le vent dans le seau adéquat, un jeu de la taupe où tu t’excites avec ton marteau en plastique et d’autres traditionnels jeux vidéos de course de voitures. Attention, les photos piquent aux yeux…

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Les Américains sont des gens très organisés, ça m’impressionne à chaque fois. À l’entrée, l’enfant et ses accompagnateurs reçoivent un cachet sur la main qui n’est visible que sous une lumière noire. Le but? S’assurer à la sortie que les adultes partent avec le bon enfant. On peut donc détourner les yeux quelques secondes sans trop s’inquiéter: la sécurité veille. Autre exemple? L’argent ne circule pas: on paie avec une carte magnétique préremplie qu’on glisse autour du poignet des gamins avec le bracelet prévu à cet effet. Les enfants sont donc libres de choisir leurs jeux sans venir demander de la monnaie toutes les trois secondes. On peut donc ainsi fixer une limite: quand la carte est vide, on rentre.

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Chaque jeu vomit un paquet de petits tickets, une fois terminé. Le but est évidemment d’en avoir le plus possible parce que ces tickets permettent de choisir un cadeau dans la vitrine de l’entrée et plus on en a, plus le cadeau est gros. Comprenez: au lieu d’un petit sifflet, votre marmot va pouvoir choisir un ondamania, c’est bouleversant. C’est là que Chuck E. Cheese intervient.

La grosse souris se pointe à heure régulière dans un fracas de sons et lumières aveuglantes et invite les enfants à se rassembler autour d’elle. Après une petite danse de la joie, les gamins doivent s’asseoir à ses pieds et elle exécute alors un jeté de tickets assez consternant. Les marmots ruent dans le tas pour récolter le plus de tickets possible et quelques coups de coude se perdent. Je suis restée bouche bée devant ce côté consumériste hyper prononcé à un âge si jeune. Je suis restée bouchée bée tout pareil en jetant un oeil sur le menu de Chuck E. Cheese’s… Des pizzas hyper grasses, des ailes de poulet caoutchouteuses et des fontaines à soda pour se servir à volonté. Sous mes yeux dansent les mots « cholestérol » et « surpoids ». Franchement, d’un point de vue européen, c’est un scandale alimentaire.

Bref, on y va très peu souvent. Toutes les activités sont en plein air dans notre coin, du coup s’il fait frais ou pluvieux, ce qui est extrêmement rare, on peut envisager d’y aller. Quand on y va, on n’y mange pas. J’essaie de faire abstraction de mes principes et je joue le jeu: Ezra s’éclate, il a des yeux tout ronds et un sourire plein de fossettes quand il s’assied sur le petit train qui crache de la fumée (qui dispose bien entendu d’un écran lui aussi, comme d’ailleurs certains caddies dans les centres commerciaux américains: au pays de l’iPad, la myopie sera reine). Par chance, ces lumières et ce bruit l’épuisent au bout d’une demi-heure et il ne pense généralement même pas à échanger ses tickets (ou plutôt ceux que papa a gagnés pour lui) à la sortie. Malgré tous les défauts que je lui trouve, Chuck E. Cheese a une emprise sur Ezra assez incroyable: il reconnaît désormais le chemin pour y aller et avant même de voir l’enseigne, il tape dans les mains. HELP!

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9 comments

Maman Lempicka 28 février 2018 - 12 12 07 02072

J’adore (pas l’enseigne, hein, ton article!)! Ca me rappelle des souvenirs d’ailleurs (Floride), mais pas si différents. Et je kiffe les States!

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seayouson 4 mars 2018 - 9 09 09 03093

Tout pareil et ca ne m’étonne pas que ça te rappelle des choses. Ils ne font pas trop dans la diversités d’un Etat à l’autre pour certaines choses ?

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Picou 28 février 2018 - 14 02 22 02222

Ah ah! déjà que je frémis quand ma fille va dans un parc indoor avec toboggans et autres parcours très classiques, j’imagine l’enfer de cet endroit! Après comme tu dis, de temps en temps, ça vaut le coup de se forcer un peu quand on voit à quel point ça les rend heureux!

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seayouson 4 mars 2018 - 9 09 08 03083

D’ailleurs il demande à y aller ce week end ?. Je cherche une parade.

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Alftje 30 janvier 2019 - 10 10 18 01181

Trop drole! Je suis tombé par hasard sur certains de tes articles et je les lis à présent régulièrement avect toujours autant de plaisir et de souvenirs.
Ayant habité en famille à Washington durant 6 ans, nous nous retrouvons très bien dans tes articles.
Notre plus grand plaisir à toujours été de faire des comparaisons entre nos habitudes nationales et celles des américains
Bonne continuation

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